Desertfest London - Jour 1
Camden - Londres
Drogué alcoolique aimant les amplis qui vomissent des basses bien grasses.
Le quartier de Camden a une étrange allure en ce week-end d’avril. Aux touristes venus massivement de France et d’Espagne et aux dealers de rue au visage tuméfié viennent se joindre le public d’un festival s’étant, en quatre éditions, forgé une bien bonne réputation en Europe.
Je suis à Londres pour trois jours qui ne seront pas de tout repos pour ma nuque, mes tympans et mes alvéoles pulmonaires. Trois jours à me manger du stoner, doom, sludge, mais également musiques expérimentales et psychédéliques… Je suis pour la première fois au Desertfest au milieu d’un melting pot européen pour la quatrième édition du festival.
Mais avant de réellement attaquer l’événement, le jeudi soir me permet d’aller faire un tour au Black Heart, pub que j’allais revoir de nombreuse fois dans les jours à venir, tant pour les concerts à l’étage que pour les bières et les shots au rez-de-chaussée. Rapide état des lieux avec un groupe londonien envoyant du desert rock tout ce qu’il y a de plus classique juste histoire de donner la couleur de ce qui m’attend.
TORPOR
Je commence donc le festival avec un groupe anglais représentant bien la gente féminine : Torpor. On peur déjà constater que le Black Heart ne permet pas une bonne vision de la scène dans le cas où l’on n’occupe pas l’un des premiers rangs, cela étant dû à l’absence d’estrade. Heureusement pour ce groupe-ci, la chanteuse n’hésite pas à se surélever sur son retour ce qui la rend plus visible au yeux du public. Ce qui permet également d’observer que bien que growlant de manière fort admirable, sa gestuelle gracieuse et son visage impassible pourraient laisser croire qu’elle chante des morceaux emplis de douceur si l’on coupait le son. C’est pourtant loin d’être le cas, même si la madame sait également bien chanter de manière lyrique, la musique très sludge n’hésite pas à emprunter du côté d'horizons plus divers comme le death metal. Une autre femme est également présente à la basse, que l’on entend malheureusement beaucoup trop, cela couvrant largement le son du guitariste, growlant également de temps à autres.
Les festivaliers ont l’air d’être déjà bien chauds pour l’un des premiers concerts de ce week-end de trois jours. Le show fut très bon, bien qu’un peu linéaire et finissant avec deux morceaux m’ayant paru en deçà du reste de la setlist. Mais ce fut assez bon pour me donner envie de faire un tour au merch et d’acheter une cassette, l’occasion de constater que les prix sont sensiblement plus chers qu’en France (la faute à des royalties plus élevées m’a-t-on dit). Ça plus le prix de la bière, c’est sûr, ce festival ne va pas faire de bien à mon porte-monnaie…
DOPETHRONE
Pour une fois, je suis présent dans la salle quelques minutes avant le début du set de Dopethrone. L’occasion de faire monter un peu la quantité de THC dans mon organisme pour un groupe le méritant bien, et de découvrir l’Underworld. Après avoir vu Vincent au chant ne sachant pas trop quoi dire dans son micro pendant la balance et gueulant donc des obscénités, le show peut commencer. Le son est très fort pour le trio québécois, chauffant la salle à grands coups de headbang et laissant observer quelques crowd surfing. La setlist est excellente, contenant plusieurs morceaux du dernier album comme Dry Hitter ou Scum Fuck Blues où il est rejoint par Gareth de Gurt en invité pour ajouter encore plus de chant growlé. Comme à son habitude le groupe est à fond sur scène, Vincent n’hésitant pas à loucher ou grimacer pendant qu’il chante. Le concert finit avec un Ain’t No Sunshine, repris de Bill Withers issu de leur album Dark Foil devant une salle ravie. C’est sûr, si toute la journée est à ce niveau-là, on va bien prendre notre pied !
Après un tour au merch, je décide d’aller assister à la fin du set de End Of Level Boss au Black Heart. Arrivé 25 minutes avant la fin du prétendu concert, je ne peux malheureusement rien voir de la performance du quatuor britannique, le show étant déjà fini. Le groupe a donc joué 30 minutes au lieu d’une heure, dommage.
FLOOR
Je découvre la plus grande salle utilisée pour ce vendredi ainsi que pour le lendemain pendant la prestation de Floor. L’Electric Ballroom me décontenance quelque peu, n'étant pas habitué à écouter du stoner dans des lieux aussi grands. On perd alors l’aspect intimiste propre au style. Au moins ici, nul besoin de boules quies à moins d’être à proximité de la scène. Pour une salle aussi grande, la qualité du son est plus que satisfaisante. Musicalement, le show est un peu redondant. Ce qui se passe visuellement m’intéresse presque plus, l’écran tendu derrière le trio diffusant des images psychédéliques accompagnant de bien beaux effets de lumière. Un set psyché sous tous les aspects. Enfin, je dis sous tous les aspects, mais bien que ce soit joli dans les lumières et les couleurs, scéniquement il ne se passe pas grand-chose, notamment avec un guitariste à peine plus animé qu’un épouvantail. M’enfin.
Après ça, retour au fond du Black Heart pour ne rien voir du tout à ce qu’il se passe sur scène pendant les dix dernières minutes du set de Miava. L’occasion de mettre un problème en évidence : avec seulement trois scènes pour ce premier jour et quatre pour les deux suivants, les concerts se superposent beaucoup trop au niveau des horaires, ce qui rend les choix de groupes à voir particulièrement casse-têtes. Mais revenons à Miava : du lourd instrumental qui défonce joyeusement les tympans. Voilà. On peut maintenant retourner à l’Electric Ballroom pour y voir The Atomic Bitchwax.
THE ATOMIC BITCHWAX
The Atomic Bitchwax, un groupe étrangement bien plus connu outre-Atlantique qu’en Europe. C’est triste vu la puissance du trio, aussi bien en live qu’en studio. D’accord, ça casse pas trois pattes à un canard, mais c’est du stoner rock bien efficace à tendance largement blues suffisant pour mettre l’ambiance et passer un bon moment. Le groupe n’hésite pas à placer au cœur de sa setlist plusieurs morceaux de leur dernier Gravitron mis en vente uniquement trois jours plus tôt. Je constate que la voix des deux chanteurs sonne différemment que sur les albums, moins rocailleuse, mais toujours juste et puissante. Sur scène, on a encore une fois droit à un écran permettant la diffusion d’effets psychédéliques s’accommodant bien à l’ambiance musicale composée de multiples long soli de guitare endiablés, alternant entre images de films avec effet 3D et kaléidoscopes colorés. Le groupe clôt le concert avec un morceau que « tout le monde connaît ». Ils peuvent le dire, la formation ayant décidé de finir en reprenant avec prio le fameux One Of These Days du Floyd. Après recherches infructueuses une fois chez moi pour retrouver une quelconque captation live de cette cover, j’en conclue que le public du Desertfest a eu droit à une belle exclusivité. Un grand moment pour notre plus grand plaisir. Egalement l’occasion pour le batteur pour se coiffer d’un masque à tête de cochon. Pourquoi pas ? Bref, vous l’aurez compris, une bien bonne performance !
ORANGE GOBLIN
S’il y a bien un concert qui était attendu ce premier jour par le plus grand nombre, il doit sans nul doute s’agir de celui d’Orange Goblin au vu de nombre de festivaliers arborant des t-shirts de la formation. La bande à Ben Ward est présente pour son vingtième anniversaire dans une Electric Ballroom pleine à craquer. Je n’assiste pas à une très grande partie du show du quatuor, ne voulant pas rater le début du concert de Gonga, groupe m’intéressant au plus au point. Encore une fois dans cette salle, le son est excellent et les musiciens sont à fond sur scène. Et dans la salle c’est la même chose, Ben Ward sachant chauffer le public de manière admirable, ce dernier répondant à grand coup de headbang et de claquements de mains. Moment fort de la soirée quand le groupe est rejoint sur scène par Harry Armstrong de The Earls Of Mars. Mais ce soir il faut faire un choix et je m’éclipse après une petite demi-heure de show, direction le Black Heart.
GONGA
Le concert de Gonga commence devant une salle presque comble, se vidant malheureusement au fur et à mesure de manière continue. Le public décidait-il de ne pas manquer les sets de Red Fang ou Noothgrush ? Ou bien était-il abruti par les énooormes basses infrasoniques faisant vibrer tout le corps en remuant les organes internes ? Je ne sais pas, mais c’en est triste pour le groupe instrumental jouant son doom avec une lourdeur absolue. On ne leur reproche alors pas l’absence de vocaux tant le son est dévastateur. On ne leur en veut pas non plus d’avoir légèrement débordé sur l’horaire tant tout est parfait. Ok, c’est l’un des quelques groupes m’ayant forcé à m’équiper de bouchons d’oreilles, mais pourquoi se plaindre ? L’impression de puissance en aurait été moins efficace. Un très bon concert pour venir presque finir ce premier jour, malgré la fatigue s’étant grandement emparée de moi en cette fin de soirée. Aucun regret d’avoir alors manqué la fin du set d’Orange Goblin ni de celui Red Fang à l’Electric Ballroom.
RED FANG
« Mais vas-y va voir Red Fang, tu verras c’est génial en live ! » Pour moi Red Fang, c’est le groupe qui s’est fait connaître grâce à ses clips rigolos (et apparemment je ne suis pas le seul ici à penser ça). Il faut dire que dans le stoner, des clips il n’y en a pas des masses. Et les quelques fois où on peut en voir, ça se résume dans 90% des cas à bagnoles et du sable. Enfin bon, je mets mes a priori négatifs de côté et me dirige vers l’Electric Ballroom pour la deuxième moitié du concert. Ok, pendant dix minutes c’était sympa, et comme d’hab dans cette salle le son est bon. Seulement voilà, ces dix minutes passées, je m’emmerde. Sur scène il ne se passe pas grand-chose, et ce n’est pas parce que le bassiste bouge son cou lorsqu’il ne chante pas que ça va changer la donne. Au moins je ne peux pas nier le fait que le chant était très bon, surtout quand un des guitaristes venait accompagner avec sa voix bien puissante comme sur un Into The Eye très efficace. Mais cela n’a pas suffi pour me séduire, et peu de temps avant la fin je me casse donc pour m’acheter une bière irlandaise et écoute le concert de loin. Ça faisait un bon fond sonore, sans plus. Pour une fin de soirée, je reste grandement sur ma faim. J’aurais pu aimer le groupe dans une petite salle, mais je ne comprends toujours pas ce qu’ils font en tête d’affiche d’une des journées, surtout quand d’autres groupes comme Orange Goblin jouent avant. Idem au Hellfest en juin prochain, le quatuor allant squatter une mainstage pendant que d’autres comme Saint Vitus seront cloîtrés sous la Valley… Enfin bref, je m’égare et je ne suis pas là pour parler de ça.
Pas d’after party pour ce soir, la fatigue étant trop importante. Je me redirige vers mon hôtel pour boire une dernière pinte avant d’aller me coucher. J’avais bien besoin de force pour le lendemain au vu du nombre de groupes qui m’intéressent. Peut-être que le running order à un pound (enfin un truc pas cher dans ce pays !) m’aidera à faire des choix et trancher entre les différents concerts !
Merci à Jessica Lotti pour ses photos.