Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
L'été passé, Ranger annonçait avoir rejoint les rangs du réputé label Spinefarm Records et voici donc que débarque ce mois-ci le tout premier album studio du combo finlandais intitulé “Where Evil Dwells”. Si l'année dernière Foreseen avait fait connaître le coté sauvage de la capitale Helsinki avec son Thrash / Crossover enragé, Ranger s'affiche de cuir vêtu dans une direction clairement plus Speed / Heavy Metal traditionnelle. N'entendez pas par traditionnelle quelque chose de convenu, mais plutôt une certaine fierté à perpétuer un héritage visuel et musical sous l'égide du Prêtre Judas, de la Vierge de Fer ou du Tueur. La jeune formation, qui existe depuis 2009, avait attiré mon attention avec son EP “Knights of Darkness” plutôt convaincant, sorti en 2013.
Quand un groupe surgit de l'Underground et signe directement sur un label assez important, c'est bien souvent pour le meilleur ou le pire. Ranger s'est construit une image au fil des années (son logo monochrome ou sa tête-de-mort totalement old school) et il semble que la maison de disque n'a pas tout chamboulé. Au contraire, à l'image de la pochette (réalisée par Samu Salovaara, guitariste de Swallowed) qui semble sortir d'un obscur groupe des années 80. Coté production, on trouve le tandem Tapio Lepistö / Saku Tamminen, qui se sont également occupés de leurs compatriotes de Speedtrap. Avouons, rien de très tape à l'œil pour ce qui semble être une affaire de famille finlando-finlandaise !
"Storm of Power" est le premier single proposé et se veut pour le coup ultra-efficace avec ses guitares leads speed lorgnants du côté de Slayer. SLAYER ? Et là, ça devient évident puisque cet album sort 30 ans, mois pour mois, après l'incontournable "Hell Awaits" du groupe américain. Plus qu'un simple clin d'œil, si on ajoute le clip qui plante le décor avec quatre blonds moustachus devant un mur d'amplis Marshall laissant ainsi peu de doutes sur leur éducation musicale. Le chant de Dimi Pontiac n'évoque toutefois pas vraiment celui de Tom Araya mais plutôt une version plus hargneuse de John Cyriis (Agent Steel) ou James Rivera (Helstar). “Defcon 1”, qui ouvre l’album, avec ses riffs saccadés, son solo épique et sa basse qui gronde (un élément fort mis en avant tout au long de l'album) est une tuerie. On sent une volonté farouche d'être accrocheur sans que cela tourne à l’obsession stérile et pour cause, les compositions sont diablement riches. Certes, on reconnaît vite les différentes inspirations et surtout l'ombre qui plane d'un certain Jeff Hanneman, mais avec un supplément d'âme qui fait la différence. “Deadly Fast” a un feeling dévastateur à la Destruction avec son sens du refrain : “Nowhere to run and nowhere to hide”. C'est con mais tellement bon ! Les gimmicks vocaux de Araya sont repris sur “Phantom Soldier” avec pas mal d'allusions guitaristiques à, toujours et encore, Slayer. Ce qui n'est pas dérangeant en soi car l'exécution est terriblement persuasive. "Dead Zone" possède des riffs tranchants et ses chœurs rappellent un peu la meilleure période de Artillery. Sans oublier ce solo, et ses faux airs de Maiden période Powerslave, au milieu du morceau qui est vraiment jouissif. Si on se penche sur les paroles, le grand Cornu est tout proche avec une haute dose de meurtres et de meurtriers comme sur “Black Circle (S.Y.L.S.)” qui nous raconte l'histoire de Richard "Ricky" Kasso, de son nom d'artiste “The Acid King”, qui en juin 1984, alors agé de 17 ans, commit un meurtre d'inspiration satanique à Northport, New York / USA. Quand il est arrété, il porte un t-shirt d'AC/DC en plus d'être fan de Heavy Metal ce qui ne manquera pas d'alimenter les hystériques de la censure à l'époque. Bref, ce morceau est une nouvelle tuerie proposant des envolées incendiaires et des soli donnant un peu plus de profondeur à un texte très fort. Le quatuor d'Helsinki est vraiment doué et le morceau-titre (10 minutes au compteur !) constitue pour ma part un gros point fort. La structure est captivante, entre passages rentre-dedans effrénés et soli galopants surplombés d'une voix démoniaque déclamant à propos de chevaliers des ténèbres descendants du ciel (Knights of darkness - They come out of the sky). Ce qui évoque au nostalgique que je suis l'intro du “Sentence of Death” de Destruction et son “The end is near, Lucifer´s Legions of death, are ready for the attack (...)”. Une nouvelle fois, je crois que ce n'est pas si innocent !
Ce “Where Evil Dwells” est vraiment un coup de coeur. Pas parce qu'il tape dans mes albums fétiches mais car il instaure une vraie atmosphère, quelque chose de totalement prenant au fil des écoutes. Ni trop stéréotypé, ni trop démonstratif. C'est assez remarquable pour un premier essai et s'ils continuent sur cette voie, on devrait entendre parler d'eux pour un bon moment ! Je les attends de pied ferme sur scène dans nos contrées.
Tracklist:
1. Defcon 1
2. Deadly Feast
3. Phantom Soldier
4. Dead Zone
5. Black Circle (S.Y.L.S.)
6. Where Evil Dwells
7. Storm Of Power