Un mec qui écrit des trucs.
Putain si j'avais sur que je me retrouverais un jour à chroniquer des trucs estampillés Fusion et affinités moi. Clair que ça change du Death et autres conneries, mais voilà. Enfin, en principe c'est un genre plus trop actuel, c'est mort avec les années 90 et la première moitié des années 2000. C'est détesté par tout le monde désormais, ou presque. Et pas franchement à raison. Parce que bon, avec le recul, toutes ces conneries Néo Metal, bah en fait c'était pas si mal que ça. Fallait cracher dessus y'a 10ans, mais maintenant, comparé aux chiasses modernes à une seule note, bah ça a de la gueule. Genre, d'accord ça vole pas haut, ça a un public de weshs assez drôles, mais bordel, ÇA GROOVE QUOI. Et le truc encore mieux, c'est que Human Vacuum, ben ça fait de la Fusion mais pas dans ce sens là. Quand on dit Metal Fusion normalement on pense à du Rock Alternatif avec du gros son ou bien du Rap Metal, mais là non. La définition on va ici plutôt la chercher du côté de... Pfff j'en sais rien en fait, on va dire que c'est comme si le "Punky Brüster" de Townsend avait eu Serj Tankian aux manettes. Et là je suis sûr qu'en l'espace de 10 mots j'en ai fais revenir un paquet avec une trique d'enfer. Surtout qu'en plus cette définition a absolument aucun sens.
Donc voilà, des petits français qui s'amusent à faire n'importe quoi. Un premier EP en 2011 avec dessus des morceaux qu'on retrouve ici, et ce premier album, pour le moment disponible uniquement en digital. Et qui déborde d'un trop plein d'idées diverses jouant sur des tableaux multiples faisant qu'on ne sait plus ou donner de la tête malgré la décomplexation portée à l'extrême de l'entreprise. Trop de syllabes dans cette phrase, aspirine, on y retourne. Faut juste se tenir prêt à entrer dans un univers, directement dans le cerveau un brin malade de ses géniteurs, et de leur approche de la musique on ne peut plus particulière. Et ce dès un premier morceau qui annonce tout. Ce titre éponyme s'ouvre doucement, envoie la sauce au plus vite, part dans des territoires Groovies, gueule dans le mégaphone, se vautre dans du Ragga Funky truc jesaispasquoi, avec même une certaine Asphodel (oui oui celle de PUWD) qui nous demande de Jumper le Fuck Up. Belle mise en bouche, première approche, contact avec le bestiau, rapide tour d'horizon qui nous étale un peu tout ce qu'on va rencontrer. Et par la suite ça disjoncte.
Human Vacuum est empreint d'une schizophrénie qui fait plaisir et désarçonne. Si une bonne moitié de l'album est on ne peut plus sérieuse et parfois grave, la part de bordel total à simple but humoristique change totalement la donne et l'approche et ça fait un bien fou tant ça sonne frais. Que ce soit cette reprise de Limp Bizkit et son intro indissociable absolument énormissimes, car d'une dépassant déjà de très loin l'originale rien que sur la plan vocal vu le panel déployé par Aurélien qui fout souvent sur le cul par sa versatilité (chanté, rappé, hurlé, rauque, en français et en anglais, le bonhomme en a dans le gosier), et de deux pour ces fucking paroles quoi. L'intitulé veut tout dire, la traduction littérale ça a du bon. Tout comme "Néo", parodie de KoRn aux textes trop dark à mourir de rire, l'outro qui enchaîne tous les gimmicks nuls possibles dans une orgie d'autotune qui meurt et son hidden track en or. Ou bien rien que le deuxième titre, du groupe fictif des Steel Niggaz, intitulé "Unicorn Represent" et se posant comme un mashup de Speed Metal kitsch et de Rap gangsta où on entend des FIIIIRE THUUUUNDER nazes sur instru Funky avec refrain grandiloquent et paroles Donjons & Dragons dans la Street. Enfin voilà, quand il faut faire du lol, ça y va, et pas à moitié, mais là n'est pas le propos. Enfin si, mais pas que.
Derrière ces pétages de plombs, ce masque du mec cool toujours là pour faire rire et sortir une connerie dans sa bande de potes le privant de toute transparence sociale, se cache le traditionnel gars sensible qui prend son truc à bras le corps et révèle sa vraie nature seulement quand on gratte. Aux premières écoutes, j'ai vraiment eu du mal à rentrer dans "Enter the Playground". Genre, c'est cool, c'est marrant d'entendre ce genre de délires en 2015, mais je restais focalisé sur les conneries les plus funs. Alors qu'après décantation et compréhension, une longue pièce progressive comme "The Void Ahead" a autrement plus d'arguments pour elle. Tout comme "The Grain" et sa superbe intro à touches orientales, où on allie toujours des changements de plans et de styles improbables, où les gros riffs qui roulent sur la gueule côtoient du Ska et autres déferlements typiques de la scène Nawak Française. J'ai un poil moins d'attaches avec "Les gens qui parlent seuls" et "Go With the Flow", mais c'est avant tout que ce sont simplement deux morceaux où on peut simplement dire "bah ouais c'est du Human Vacuum quoi" pour les recommander aux profanes, bien que ça reste de sacrés machins avec un texte qui fait mouche pour le premier et un crescendo emporté épique admirable pour le second. Mais bon, c'est encore autre chose quand il s'agit de terminer tout ça par la catharsis artistique "Tout s'efface" qui voit Asphodel se ramener pour un duo qui a de quoi faire écraser quelques larmes quand le refrain explose toujours plus fort et constitue le point d'orgue de tout l'album. Putain. Merde quoi.
Bref, on sait quelle gueule a la scène de notre Pays. Certains la boudent et racontent qu'on a aucun grand groupe en dehors de Trust et Gojira. Bravo, bonne chance pour ton brevet des collèges mec. Faut pas oublier qu'on a juste des œillères culturelles, que notre Pays est en tête de file du Black Metal, et surtout qu'on a toute une scène de Bordel Metal fourmillante et inédite, entre tous les Ufych, CiC, Akphaezya, justement PUWD et un bon million d'autres. On peut désormais compter Human Vacuum parmis eux, dans une version plus rétro, plus sobre, voulant à la fois faire rire et toucher, maniant toutes les facettes de son art avec justesse et modestie. Voilà, donc soutenez, allez au moins écouter, faites un tour sur le Bandcamp, donnez leur de l'argent si vous en avez assez et passez vous l'album en fond en lisant leur interview qui m'a pris des siècles à retranscrire, ici, à ce lien, là, juste lààààà :
http://www.hornsup.fr/a-7255/interviews/human-vacuum-1
Tracklist :
1 - Enter The Playground
2 - Unicorns Represent
3 - The Void Ahead
4 - Les gens qui parlent seuls
5 - HV InDaHouse
6 - La vérité (Biscuit Mou Couverture)
7 - The Grain
8 - Neo
9 - Go With The Flow
10 - Tout s'efface
11 - Bienvenue
12 - Outro