Sargeist + Pseudogod + Nightbringer
La clé d'voûte - Saint-Etienne
U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Voir Sargeist pas très loin de chez moi relevait du miracle, Wintermoon Productions l’a fait. Profitant de la tournée européenne de la horde finlandaise, l’association a su attirer le combo en terres stéphanoises, dans l’habituelle salle de la Clé d’voûte. La tête d’affiche a emmené avec elle trois gros calibres que sont Irkallian Oracle, Nightbringer et Pseudogod.
Les fins connaisseurs de la scène underground ne s’y sont pas trompés, nous avons affaire ici à un programme de haute volée, certains n’ayant pas hésité à parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour assister à la messe noire de ce jeudi 20 mars. La salle compte un peu plus de soixante dix entrées pour ce soir.
Les hostilités devaient normalement commencer à 19h30. Il est 20h, toujours peu de mouvement, si ce n’est quelques réglages de balances. Intrigué par cet anormal retard, je m’en vais à la pêche aux informations du côté des organisateurs et la mauvaise nouvelle tombe : Irkallian Oracle ne jouera pas ce soir, l’un des membres étant malade. Ce n’est malheureusement pas aujourd’hui que nous pourrons nous abreuver des titres du prometteur projet suédois, lui qui a sorti son premier méfait l’année dernière - Grave Ekstasis - un Black/Death occulte de tout premier ordre. Dommage. Pour compenser, Sargeist exécutera deux titres supplémentaires.
C’est finalement aux alentours de 20h30 que débute le show, avec les américains de Nightbringer. Les cinq membres, grimés, apparaissent en vêtements monastiques aux couleurs noires, sauf le maître de cérémonie, ar-Ra'd al-Iblis, tout de rouge vêtu. Avec une quinzaine d’années d’existence, trois albums studio et de nombreux splits, Nightbringer nous dévoile ce soir toute l’atmosphère sombre de leur musique. Dès les premières notes, le groupe nous plonge dans son univers, avec une introduction de clavier au ton tragique, un rituel satanique. Résonne ensuite leur Black Metal, aux riffs assassins. Les notes sont affutées, aussi tranchantes que des lames de rasoir. Le tempo est rapide, parfois entrecoupé de passages mid-tempo. L'architecture de la salle, toute de pierre bâtie, se prête à merveille au visuel du combo, donnant une ambiance de cérémonie occulte, le tout dans des lights bleus à rouge. Pour le dernier morceau, le vocaliste quitte la scène, laissant le soin au guitariste d’assurer la partie vocale. Ce dernier a le timbre plus cadavérique et incantatoire, concluant ainsi de fort belle manière la prestation des américains. Ce fut malsain à souhait !
Setlist : Et Nox Illuminatio mea // … ?
Le temps de souffler un peu, c’est maintenant au tour des russes de Pseudogod de monter sur les planches de la Clé d’voûte. Quand on parle de formations russes, on pense soit à la scène Pagan/Folk (Temnozor, Arkona,…) ou au Black Metal sulfureux du BlazeBirth Hall notamment (Forest, Branikald,…), mais rarement au Black/Death caverneux. C’est pourtant ce dont il va s’agir ce soir. Malgré un seul album studio et quelques splits, les connaisseurs du genre savent que nous sommes devant un combo référence en la matière, au même rang que les Grave Miasma, Teitanblood, Lvcifyre ou Wrathprayer.
Au niveau visuel, la formation ne laisse pas indifférent. Les quatre membres arrivent sur scène le corps et tête maculés de sang. Pour le chanteur, c’est à peine si on apercevra son visage, perdu dans sa chevelure huileuse. La prestation vocale de ce dernier est d’ailleurs assez hallucinante, gutturale au possible, avec la reverb qui lui assure une dimension abyssale. La musique de Pseudogod émane des entrailles de la Terre, c’est lourd, poisseux et complètement malsain. La plupart des morceaux présentés ce soir sont issus de leur excellent opus « Deathwomb catechesis ». On notera dans la setlist une reprise du groupe français Antaeus, « Blood war III ». Les russes nous ont proposé un show carré, direct et puissant. Seconde claque de la soirée !
Setlist : Vehement decimation // The antichrist victory // The seraphim of ultimate void // Malignant spears // Necromancy of the iron darkness // The triangular phosphorescence // Blood war III (Antaeus cover) // Muerte // Azazel
Arrivent ensuite les tant attendus finlandais de Sargeist, l’un de mes groupes favoris en la matière. La foule se densifie aux abords de la scène, la majeure partie du public est venue pour eux. Le quatuor scandinave profite de leur tournée européenne pour distiller quelques uns des titres de leur nouvel album, Feeding the crawling shadows, dont la sortie officielle est le 31 mars prochain. Des exemplaires sont disponibles ce soir au merchandising jouxtant la salle cérémoniale, je ne me suis pas privé d’en récupérer un.
Les quatre membres apparaissent dans la plus pure tradition du Black Metal old-school, vêtements délabrés, visages grimés de noir et blanc, le corps orné d’ossements. Dès les premières notes, le public répond présent, notamment cette dizaine d’individus dans la fosse, surexcités par la musique des finlandais. Ca headbangue, ça use des poings (et des bras !), ça soulève même du matériel de la scène (il se reconnaîtra !). Bref, une hystérie finalement appréciable qui tranche avec la mollesse des derniers concerts dans le coin. Celle-ci est parfaitement adaptée aux compositions délivrées par Sargeist, violentes et acérées. Pourtant, si la horde est relativement immobile sur scène, paraissant se contenter de jouer, de « faire le job », il s’en dégage une sacrée aura, en particulier grâce au vocaliste Hoath Torog, au regard assassin et à l’expression antipathique du début à la fin. Pendant environ trois quarts d’heure, Sargeist nous délivre son incantation blasphématoire, avec ses titres cultes (Satanic black devotion, Let the devil in, Empire of suffering…) et quelques nouveautés (The shunned angel, Feeding the crawnling shadows…). Sargeist nous a envoyé ici la troisième branlée de la soirée, grand chelem ! L’assemblée demanda un retour des finlandais après leur show, malheureusement la scène restera vide.
Setlist : Satanic Black Devotion // … ? // Black Treasures of Melancholy // Let the devil in // The shunned angel // Empire of Suffering // Feed the crawnling shadows
En tout cas, nous aurons eu affaire ce soir à une cérémonie mémorable, trois groupes ayant offert d’excellentes prestations, couronnées par un son de bonne facture dans cette petite salle. C’est une réussite totale, merci à tous les acteurs pour ce concert.
Pour les photos, ça se passe ici : http://www.u-zine.org/photo.php?id=369