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J'avais découvert Dark Fortress avec leur précédent effort, Ylem sorti en 2010. Par manque de temps, d'envie ou de curiosité, je n'ai jamais pris la peine d'écouter complétement le reste de leur discographie, même si le Ylem en question m'avait bien plu. Le côté trop ersatz de Dimmu Borgir des premiers albums a de quoi faire zapper rapidement l'auditeur. Eidolon avait commencé à changer de direction, avec notamment l'arrivée Morean au chant dont le timbre de voix est moins Shagrath-like. Le groupe revient cette année pour son septième album, Venereal Dawn.
L'album commence par le titre éponyme et de suite on reconnaît la patte du groupe. Tempo lent et menaçant, ambiance lourde et inquiétante, chant empli de détestation, bienvenue chez vous. Bien que l'esprit black metal domine l'album, Dark Fortress distord légèrement les codes du genre, comme ils l'avaient déjà fait pour Ylem, pour produire une musique certes impie mais sans jamais s'incruster dans la pure tradition black. Dark Fortress n'hésite pas développer des morceaux longs et complexes dans lesquels on explore plusieurs ambiances, utilisant à bon escient synthé et samples, vestiges de leur période plus symphonique.
La production est de grande qualité, ce qui est plutôt nécessaire avec compositions aussi variées. Les passages plus calmes, où les guitares crachent moins et ou la batterie se fait plus légère (Lloigor, Chrysalis) sonnent très juste. Mais quand la puissance d'une distorsion bien rugueuse doit sortir (I Am The Jigsaw OF A Mad God), elle sort pas de problème, c'est efficace et équilibré, net et sans bavure comme dirait l'autre. Morean au chant est parfait, la maîtrise de sa voix est totale, il passe sans effort d'un chant guttural à des parties en voix claire. Ces dernières évoquent parfois Enslaved, dont le groupe s'approche d'ailleurs plus que jamais, mais sans en être qu'une pâle copie. Le côté plus rampant et noir de la musique des allemands les distingue bien de certaines envolées plus lumineuses qui ponctuent les efforts des norvégiens.
Venereal Dawn se présente comme un concept album décrivant une Terre éclairée d'un soleil maudit dont les rayons ont des conséquences pas vraiment agréables sur les êtres vivants exposés. Dans les paroles on suit donc un groupe d'humains tentant de survivre en pratiquant des rituels étranges et peu recommandables dans lesquels interviennent diverses divinités. Pour avoir lu l'explication détaillée de l'histoire, écrite par Morean himself, tout ça est bourré de référence et d'inspirations variées mais pas facile à cerner et la fin reste encore aujourd'hui pour moi un joli mystère. Exigeant, Venereal Dawn l'est, des paroles aux morceaux. Et peut-être qu'il l'est un peu trop, certains soli allongent un peu la sauce sans vraie pertinence et on s’accommoderait de séquences moins étirées par moment.
Avec Venereal Dawn, Dark Fortress confirme sa capacité à offrir une musique complexe et travaillée. Bien que toujours black dans ses intentions, la musique de Dark Fortress arrive ici à un point où ce terme trouve ses limites et où la terminologie n'a pas encore ses droits. Venereal Dawn est assurément réussi, ses défauts sont mineurs comparés aux nombreux passages excellents dont il regorge. Venereal Dawn n'apporte pas de véritable surprise, mais la confirmation que Dark Fortress est bien un groupe singulier sur la scène black metal.
1.Venereal Dawn
2.Lloigor
3.Betrayal And Vengeance
4.Chrysalis
5.I Am The Jigsaw Of A Mad God
6.The Deep
7.Odem
8.Luciform
9.On Fever's Wings