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Géniteur incontesté d’un style, grand nom du Death Metal et principale influence d’un nom incalculable de formations, Incantation fut pourtant décrié il y a quelques temps, la faute à une petite baisse de régime à partir du début des années 2000 et des prestations lives auxquelles il manquait un petit quelque chose. Pourtant le maitre était revenu en grande forme il y a de ça maintenant deux ans avec la sortie de l’excellent Vanquish in Vengeance, disque qui lui avait permis de reprendre sinon possession, mais au moins une place dans la course pour la reconquête du trône du Death Metal occulte. Deux années se sont écoulées depuis et John McEntee et sa bande, loin de se reposer sur leurs acquis, livrent une nouvelle offrande au malin. Que nous réserve donc ce Dirges of Elysium, neuvième album studio du quatuor américain et troisième sorti chez le label français Listenable Records ?
Autant vous le dire dès maintenant, je considère cet album comme le meilleur du groupe depuis Diabolical Conquest, rien que ça ! Magnifiquement illustré par Eliran Kantor (Atheist, Satan, Kataklysm et bien d’autres), Dirges of Elysium suinte la mort et le souffre et n’aurait pas choqué à voir le jour à la toute fin des 90’s.
Comme le fait comprendre d’emblée le titre éponyme, Dirges of Elysium insiste sur l’aspect doomy et lourd de la formation, bien plus que ses prédécesseurs. Le premier riff de Carrion Prophecy, le long et lourd From a Glacial Tomb (ces arpèges lancinants !), le début de Portal Consecration, l’instrumental Charnel Grouds vont insister sur ce point tout au long de l’opus. Cependant c’est sans aucun doute l’énorme pièce finale qu’est Elysium (Eternity is Nigh) qui achève de plomber le moral de l’auditeur du long de ses seize minutes ultra plombées. Divisée en plusieurs parties, ce mastodonte finale aux allures d’apocalypse clôture de façon magistrale ce neuvième album studio à la manière d’un Mortal Throne of Nazarene (Abolishment of Immaculate Serenity) ou d’un Diabolical Conquest (Unto Infinite Twilight/Majesty of Infernal Damnation).
Plus doom que son prédécesseur, Dirges of Elysium n’en oublie pas d’accélérer le tempo et de nous servir son lot de riffs tranchants (Bastion of a Plagued Soul, Portal Consecration, Impalement of Divinity). Et que dire du riffing puissant accrocheur du très bon Debauchery ?! Si un disque comme Primordial Domination n’offrait que peu de riffs et de variations, là c’est tout le contraire et on ne peut que saluer la richesse des compositions de ce nouvel opus (trémolos evil, alternative de passages doomy et riffing accrocheur, harmoniques, basse très présente, solis apocalyptiques,… bref j’y retrouve tous les éléments essentiels du genre.)
Seul petit bémol, le son de la batterie est tout de même un peu trop plastique à mon goût, surtout pour un groupe comme Incantation. Cependant, même si cela choque un peu au départ, j’ai vite fini par m’y habituer, cela ne gênant pas l’écoute outre mesure. Certains avanceront certainement que les compositions ressemblent légèrement à celles de Vanquish in Vengeance… Certes, mais Incantation n’a jamais été réputé pour offrir un album nouveau à chaque fois, et quand c’est fait sous le signe d’une telle qualité, ce n’est pas votre serviteur qui va s’en plaindre. Du réchauffé ? Parfois oui, mais on est loin d’un Obituary ou d’un Entombed dernière période.
Si certains ont pu se plaindre jadis de la voix de McEntee, il est ici impossible d’être mauvaise langue tant son growl est puissant et profond. Alors oui, la comparaison avec Craig Pillard existera malheureusement toujours, mais force est de reconnaitre qu’il s’en sort désormais à merveille.
Pour conclure, vous l’aurez compris, je considère en toute objectivité cet album comme le meilleur depuis Diabolical Conquest. Proche d’un déjà très bon Vanquish in Vengeance avec un accent mis sur les parties lourdes et doomy du style, Incantation prouve qu’il n’est toujours pas prêt à renoncer à sa place de maitre du style qui lui revient de toute façon de droit. Effectivement, des groupes comme Dead Congregation, Cruciamentum ou Lvcifyre ont récemment prouvés qu’il fallait avant tout compter avec eux (surtout le premier), mais c’est toujours un bonheur de pouvoir compter sur les piliers du genre et rien que pour cela, éternel respect.
1. Dirges of Elysium
2. Debauchery
3. Bastion of a Plague Soul
4. Carrion Prophecy
5. From a Glaciate Womb
6. Portal Consecration
7. Charnel Grounds
8. Impalement of Divinity
9. Dominant Ethos
10. Elysium (Eternity Is Nigh)
