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Très sincèrement, la thématique articulée autour du mythe de Cthulhu, c'est très bien, mais ça va 5 minutes.
Voilà. Il fallait bien que je retrouve quelque chose à redire sur ce deuxième album des Polonais de Culte des Ghoules, dont le patronyme est inspiré de qui vous savez, cf. plus haut.
Après un premier album en 2008, Häxan, plutôt bien gaulé mais pas spécialement transcendant (je passe volontairement sous silence la chiée de split sortis depuis la formation du quatuor en 2004), c'est en 2013 que nous revient Culte des Ghoules avec Henbane.
Et là, c'est une bien belle baffe dans la gueule que l'on se prend. 8 titres pour une heure d'un Black Metal posé en équilibre parfait entre tradition et modernité, à l'ambiance poisseuse et à la sincérité imparable.
Henbane parvient à prouver qu'en 2013, il est encore possible de restituer la noirceur inhérente aux artistes des années 90, sans pour autant verser dans la repompe éhontée de Mayhem ou le minimalisme dévastateur de Darkthrone. Bien au contraire, Culte des Ghoules est ténébreux comme jamais, rampant, vicieux et malsain, bref Black Metal jusqu'au bout des ongles, en gardant une liberté de ton qui lui fait honneur, presque rafraîchissant, si vos me permettez l'expression, fort bien mal choisie pour décrire ce qui se dégage de Henbane.
La liberté de ton, parlons en. C'est là que se puise toute la force de Culte des Ghoules qui ose explorer et mettre à contribution tout élément suceptible de rajouter une couche d'occultisme supplémentaire à la charge initiale. Dans un magma de riffs plus typés Scandinave que Polonais, Henbane charge son atmosphère de percussion tribales, de cloches inquiètantes, bref il façonne autant l'ambiance caverneuse que n'aurait pas renié Abruptum que l'assaut ravageur sur déclamation hallucinées de textes impies.
Car l'autre élément coup de poing de Culte des Ghoules est l'implication sans bornes de son brailleur en chef, Mark of the Devil, qui pour une fois, porte plutôt bien son petit sobriquet. Totalement possédé par son art, l'homme exploite tout un spectre de voix qui alternent entre murmures, gémissements, hurlements frénétiques ou psalmodies estampillées 100 % Satan.
Par ailleurs, lorsque l'on sait que le titre fait référence à une plante hallucinogène dont les effets vont de la pupille dilatée à la tachycardie, on est en droit de penser que certains prods n'ont pas dû passer loin du palais de nos 4 bûcherons, tant l'atmosphère générale de l'album enveloppe l'auditeur dans une sphère hypnotique, aussi fascinante qu'horrifique.
Culte des Ghoules frappe donc extrêmement fort, rend un hommage respectueux à ses aînés en filigrane, tout en prouvant avec excellence que lui aussi a des arguments à faire valoir, l'éloignant bien vite du couperet 'ersatz de'.
Henbane est un album particulièrement complet, qui pioche un peu partout dans la sphère pourtant très large du Black Metal. Ambiances cinématographiques, déferlement de Black Metal old-school, arrangements mystiques, hurlements de possédés à te coller des frissons, aucune redite, aucune structure ne vient entacher la cohésion de l'album en dépit des titres relativement longs. L'exercice est parfois dangereux, et beaucoup s'y cassent les dents.
A trop vouloir en faire, on peut se perdre et perdre à l'occasion l'auditeur, ce n'est pas le cas de Culte des Ghoules qui signe avec Henbane l'un des meilleurs skeud de Black Metal que j'ai entendu depuis des piges, et, même si 2013 n'est pas encore achevée, sans doute l'album de l'année.
Occulte, raw, old-scool, moderne, atmosphérique, en fait, Henbane, c'est du Black Metal, point barre.
Bien joué les gars.
1. Idylls Of The Chosen Damned
2. The Passion Of A Sorceress
3. Vintage Black Magic
4. Festival Of Devotion
5. The Devil Intimate