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Anaal Nathrakh revient après une très courte absence pour nous défoncer la tronche comme il se doit à coup de Satan et de blast. « Vanitas », leur nouvelle pourriture, est-elle à la hauteur de nos attentes ? Chroniques de la haine ordinaire.
Desproges disait qu'il faut rire de tout. Mais est-ce qu'il faut rire du Mal ? Et qu'est-ce que le Mal et comment se manifeste-t'il sur un album d'Anaal Nathrakh ? C'est simple, le Mal, le mauvais, le monstrueux, l'effroyable, chez Anaal Nathrakh, c'est le chant clair. C'est cette saloperie de chant à deux balles qui me fait vomir depuis des décennies. Le chant clair, c'est le fléau de tout le Metal Extrême. Le chant clair c'est la réponse homosexuelle de Jesus à tous ses ennemis terrestres : « Vous m'avez profané ? Bah maintenant je me fous de votre gueule. Et ça se la raconte Black Metal... Satan regarde tes followers comment ils ont rien dans le slip, on devrait pas t'appeler Diabolos mais Débilos ! ». C'est à peu près l'impression que me donne la moindre note de chant clair qui parsème un bon blast. Le chant clair détruit tout sur son passage, et surtout mon système digestif. Il me fait vomir sur du Dimmu Borgir, me donne la chiasse sur Fleshgod Apocalypse et gâche tout simplement toute expérience musicale qui pourrait être correcte. Non monsieur Desproges, je ne peux décemment pas rire de tout, une chose me fera toujours pleurer, et c'est bien ce chant clair. Et ce n'est pas l'avilissement du Metal par la scène Metalcore qui va me redonner de l'espoir. Le chant clair dans Anaal Nathrakh c'est comme une pute ultra bonne qui a la syphilis. Outre le fait que celui-ci ait fait passer Anaal Nathrakh du petit caïd de la cours de récré à celui du pleutre intello premier de la classe, je dois quand même admettre qu'il est moins casse couille sur ce nouvel Anaal Nathrakh. Pour preuve, j'ai réussi à l'écouter en entier cet album là.
Avec une mise en bouche comme celle-ci, je sais qu'il est déplacé de hurler mes louanges concernant « The Codex Necro » le chef-d’œuvre de ce duo maître à penser. Le Big Brother « The Codex Necro » avait tout : le nihilisme, la violence, Satan et l'étonnement. Aujourd'hui, Anaal Nathrakh vit sur son passé, ressassent les ingrédients à l'origine de ce défunt succès, depuis toujours de la même manière. Aucun étonnement donc à l'écoute de ce nouvel album, aucune frustration non plus. Ca tabasse à donf, ça hurle dans tous les sens, ça gicle de partout. Néanmoins, le nihilisme, la haine, se fait plus rare, ou alors la recette ne fonctionne plus comme avant. L'auditeur est habitué, il n'a plus peur, le Mal a squatté trop longtemps, c'est devenu un gros sac. La première écoute de l'album égaye notre nostalgie misanthropique mais très vite l'album devient trop accessible, trop « facile ». Ce qui peut ressembler d'abord à un champ de bataille se transforme très vite en ballade en famille au bord de la mer. Le son est très propre, les structures très dépouillées et surtout trop souvent les mêmes pour avoir un quelconque impact de stupéfaction. Non pas qu'on s’ennuie à écouter ce nouvel album qui reste du Anaal Nathrakh fait par Anaal Nathrakh pour les fans de Anaal Nathrakh, mais on le digère beaucoup trop vite. Après quelques écoutes successives, un peu intensives, on comprend dès lors qu'il ne fera pas long feu dans la platine, laissant très rapidement la place à son frère aîné. Le chaos n'a plus lieu...
Ce serait sans doute vrai si on gardait les yeux rivés sur « The Codex Necro », « Domine Non Es Dignus » jusqu'à « Eschaton » (en ravalant ma haine) et que l'on comparait tout ça à ce qui a suivi jusqu'à « Passion » (soit un copier / coller de trois albums de rangs). Néanmoins la Satanarchy reprend du poil de la bête car cette nouvelle incantation d'AN tranche les veines de « Passion » pour repartir dans les méandres d'un album moins expérimental, pas du tout moins audacieux, juste beaucoup plus violent. Et c'est limite ce qui fait la force d'AN, cette propension à la violence musicale. Je ne peux concevoir une écoute d'AN sans m'en foutre partout, ce serait comme violer une petite fille consentante, quel est l'intérêt ? Donc oui, « Vanitas » réussit son pari de gerber de la violence musicale de partout, oui « Vanitas » est généreux en blast et en « aaaaa aaaa aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa » ou encore en « brouuuuuuuuuuuuuuuuuuuu », il est juste toujours aussi timide en blasphème. Sa prod' est excellente, le chant toujours aussi saturé au niveau du mic (je parle du chant qui est bien hein, pas l'autre truc de merde), et le son des guitares tâtonne encore et toujours plus du côté indus et au niveau des lyrics ou de la cover on ne bouge pas d'un poil. Misanthropie quand tu nous tiens. Dommage quand même de trouver de plus en plus de passages mélodieux, de voir sur scène un groupe qui a le smile et qui se fait plaisir. AN ne devrait pas être ça. AN c'est la Haine, c'est l'Apocalypse, et c'est surtout ce qui leur sied le mieux ! Comme dirait un pote pour conclure ma demi molle, ce nouvel album d'Anaal Nathrakh : « il est bagarre, mais c'est pas leur meilleur ». Je ne peux qu'acquiescer.
1. The Blood-Dimmed Tide
2. Forging Towards the Sunset
3. To Spite the Face
4. Todos Somos Humanos
5. In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas
6. You Can't Save Me, So Stop Fucking Trying
7. Make Glorious the Embrace of Saturn
8. Feeding the Beast
9. Of Fire, and Fucking Pigs
10. A Metaphor for the Dead