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Je le répète tout le temps : Opeth est le groupe Metal pour lequel j'ai le plus d'amour. Pour cette toute simple raison qu'il est tombé sur moi au bon moment. J'aime autant Opeth que d'autres groupes désormais mais c'est quand même grâce à ce groupe que ma vision du Metal a changé. C'est pour cela que j'ai toujours chercher à comprendre chacune des démarches du groupe, son évolution que je trouve jusque Watershed opportune.
Mais aujourd'hui, Opeth va surement connaître le plus grand bouleversement avec la sortie d'Heritage. Les derniers lives d'Opeth laissaient présager un peu cela et en juin, Mike l'annonce, le prochain album ne contiendra aucun grunt. Quand on connait la voix claire de Mike, personne ne se fait de souci. En plus, tout le monde se rappelle de la sortie de Damnation qui en a bouleversé plus d'un, moi le premier. Ceci-dit, ça titille quand même, on s'attend à être étonné.
Rien qu'à la pochette rétro, j'ai vite compris où le groupe allait nous emmener : directement dans les seventies. Même l'écoute de « The Devil's Orchard » ne m'a pas surpris. Mais entre écouter un pauvre morceau et un album entier, il y a un gouffre. Et à la première écoute d'Heritage, j'étais déstabilisé mais impossible de savoir si c'était en bien ou en mal. Au fil des écoutes, un sentiment mitigé s'installe. Une fois, l'album passe bien, le moment d'après, il m'ennuie et je n'en retiens rien. Ce qui me rend complètement désemparé, ce sont ces morceaux qui partent un peu dans tous les sens. J'ai toujours trouvé que la force d'Opeth et de Mike plus particulièrement, était son savoir faire en matière de construction de morceaux. Même le moins bon titre était fignolé de manière à ne rien laisser de grossier alors que sur Heritage, tout paraît grossier, c'est volontaire, certes, mais c'est horripilant. Il est très difficile de rentrer dans l'album qui contient beaucoup de moments excellents - on parle d'Opeth quand même – mais qui ne sont pas vraiment reliés entre eux. De vrais morceaux, on a davantage l'impression d'écouter des suites dans le sens musical du terme, c'est à dire, plusieurs sous titres qui forment un titre global. Je ne vois pas en Heritage un tout. Je n'y vois pas non plus de cohérence.
Derrière tout ça, je pense que cet album est le fantasme (un peu comme Michel Hazanavicius avec The Artist, film que je conseille par ailleurs) de Mike Akerfeldt depuis de longues années et qu'il a trouvé enfin le bon moment pour sortir cet ovni qui lui tenait à cœur. On sentait les prémices arriver à partir de Ghost Reveries qui n'avait pas le même son que Deliverance. Sur Watershed, « The Lotus Eater » en avait surpris plus d'un mais avait fini par séduire. Imaginez donc le break de « The Lotus Eater » qui dure une heure. Dès lors, le moment semblait opportun pour Mike de sortir Heritage et de rendre hommage à son influence de toujours : Camel. Le nom est lancé. Je m'étais juré de jamais citer ce nom dans une chronique d'Opeth mais là, je suis obligé de le faire car la comparaison est, à mon avis, pertinente. C'est du Opeth donc c'est plus sombre et c'est bien un des charmes de cet album, qui a au moins le mérite de proposer du frais... Avec du vieux. L'influence est palpable mais la comparaison ne va pas bien loin tant Opeth donne l'impression de ne pas arriver à maîtriser son sujet. De groupe majeur, avec Heritage, il passe au rang de sous-Camel. Tout le monde rend hommage au 70's depuis deux ou trois ans et fallait-il vraiment qu'Opeth fasse de même. Ne fallait-il pas le faire sous une autre entité à la manière de Bloodbath pour le Death Old School suédois ?
Franchement, Heritage est quand même pourvu d'excellents passages mais dilués dans un tout sens‑dessus‑dessous. Je ressors, malgré tout, de mes écoutes certain d'avoir passé de bons moments mais, surtout, sûr de moi quant au fait que je ne reviendrai que rarement sur cet album, ce qui est une grande première pour moi avec un album d'Opeth.
1. Heritage
2. The Devil's Orchard
3. I Feel the Dark
4. Slither
5. Nepenthe
6. Häxprocess
7. Famine
8. The Lines in My Hand
9. Folklore
10. Marrow of the Earth