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Anders Nyström. Le nom ne vous dira peut-être pas grand-chose là, tout de suite, à brûle-pourpoint. Blackheim son nom de scène, peut-être nettement plus, le Suédois officiant depuis des temps que les moins de 20ans ne peuvent pas connaître dans l’univers du black/dark metal, à commencer par son activité omniprésente au sein de Katatonia et Bloodbath, mais aussi pour son rôle furtif dans Bewitched.
Multi-instrumentiste confirmé, il n’a pas fallu longtemps à Nyström pour chercher à faire cavalier seul, au cœur même d’une scène black metal scandinave hégémonique, Diabolical Masquerade ayant vu le jour en 1993. Là où Katatonia revêtait à l’époque des atours plus proches du dark metal que du black, Diabolical Masquerade résonne davantage comme une expérimentation très intimiste de l’univers musical diversifié de Blackheim, plus extrême, secondé timidement par son compagnon de toujours Dan Swanö.
Ravendusk in my Heart, paru en 1995, est solidement bâti sur une base Black Metal, c’est incontestable, mais prend le pari osé (remettez l’album dans son époque) d’en exacerber les influences heavy et thrash, sans laisser de côté un certain sens de l’atmosphère et de la mélodie. Les blasts furieux saccadant les riffs incisifs, dissonants, et parfaitement ancrés dans l’univers de l’Art Noir (la magistrale The Sphere in Blackheim's Shrine) côtoient le versant plus atmosphérique de Blackheim (l’inquiétante chanson titre) avec une fluidité bluffante et un agencement global de l’album tout en relief.
Diabolical Masquerade, pour son premier effort, a pioché un peu partout les éléments qui font la gloire et la qualité du Black Metal du début 90’s. Emperor extrêmise l’emploi des synthés, règne d’ailleurs comme maître absolu de sa catégorie, Blackheim en caresse les contours sans trop forcer la note, Dissection révèle depuis 2 ans la beauté glaciale de l’Art Noir, Ravendusk in my Heart en reprend les plus beaux apparats sans jamais tomber dans le plagiat. Le mid tempo rappellera parfois le revirement viking de Bathory tandis que l’ombre d’un Katatonia plane d’une aura bienveillante au dessus de certains titres.
Alors que penser d’un album qui se définit plus ou moins par rapport à ce qu’il se faisait à l’époque ? L’exercice aurait pu être mal maîtrisé et le couperet serait vite tombé sur la nuque de Blackheim s’il n’avait pas fait montre d’un tel recul et d’une telle intelligence musicale. Plutôt que de rendre hommage à ses influences, Blackheim les a en fait tellement digérées qu’elles sonnent terriblement personnelles, parvenant ainsi à se réapproprier les marques de ses illustres confrères sans pour autant les plagier, bien au contraire, il les mêle habilement et les unifie, un tour de force que peu seraient capable de réaliser.
Et à côté de ce versant black metal, étrangement pas si prononcé que ça, les racines heavy metal ne sont pas très loin, et s’expriment même parfois pleinement sur Under The Banner Of The Sentinel, accent heavy carrément ostentatoire, où Blackheim abandonne la voix rauque pour un aigu des plus traditionnels.
En un mot comme en cent, il y a à boire et à grailler sur Ravendusk in my heart. Diabolical Masquerade offre ici une palette très nuancée des couleurs caractérisant le vaste univers du metal sombre, et, en dépit d’un certain classicisme qui obscurcit quelques riffs, l’offrande n’a pas pris une ride, tant d’années après sa parution.
Très, très très recommandable.
01. The Castle Of Blackheim
02. Blackheim's Quest To Bring Back The Stolen Autumn
03. Beyond The Spiritual Moon
04. The Sphere In Blackheim's Shrine
05. Under The Banner Of The Sentinel
06. Blackheim's Forest Kept The Season Forever
07. The Darkblue Seajourneys Of The Sentinel
08. Blackheim's Hunt For Nocturnal Grace
09. Ravendusk In My Heart