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« On ne veut pas être les derniers...
Comme les meilleurs on partira les premiers. » (Abandonner Tout Espoir à Vingt Ans)
En 2006, Mihai Edrisch explose. Les cendres noires et poisseuses qui émaneront de la catastrophe se rassembleront en un monolithe appelé Celeste. Les rescapés, Johan (chant) et Guillaume (guitare), ont laissé dans l'explosion toute forme d'émotion. Celeste est vide de bon sens, vide de pensées. Vide de compassion, vide de vie. Mais emplis de haine. Après une démo grandiose, Pessimiste(s), histoire de planter le décor, le groupe décide de donner naissance à une arme de destruction massive. L'objectif : détruire tout ce qui est grand. Détruire les monuments, détruire la vie, détruire les femmes, l'humanité toute entière...Tout tombera, tout pourrira.
« Autant se laisser aller au confort d'une vie de condamné à mort, autant tout brûler, autant se lessiver à mort. » (Au Feu Le Savoir)
Celeste sent la mort. Le pus, la cendre. L'atmosphère est suffocante, pesante et accablante. Quelque part entre le black metal et le sludge, Celeste prend un malin plaisir à faire voler les éclats d'une vie pleine d'espoir. La débauche, la haine pour toute chose qui existe sont les thèmes abordées dans les paroles. Des paroles qui sauront atteindre chacun au plus profond de son âme futile. Celeste ne laisse pas de place à la réflexion.
« Plutôt mourir que d'assouvir tes désirs, que de prendre le temps d'y réfléchir, il n'y a que des erreurs à reproduire » (Diluons Nos Souvenirs D'Enfance)
Perdre tout espoir. Perdre toute chose que l'on possède. Le détruire le sourire aux lèvres. Ruiner sa propre vie pour son propre plaisir. Johan balance avec nonchalance des textes si crus, si sombres...Il hurle sa haine par dessus des riffs destructeurs, dissonants et incroyablement massifs. Les pauses post-rock sont présentes comme sur Pessimiste(s), mais sonnent ici de manière bien plus malsaine. Peut être pourrait-on vaguement comparer Celeste à Shora, ou Breach...mais ce n'est qu'un ordre d'idées. Celeste a crée sa propre créature. Les variations sont présentes, mais les rythmes sont le plus souvent lancinants, répétitifs et pesants. Ça blast même sur quelques morceaux (« Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme »). Celeste, c'est aussi une densité extrêmement rare.
« Tu balbuties à l'air libre, arrête d'envier le voisin, mais va te pendre, tu le vaux bien, à un arbre ou je ne sais quoi mais fais quelque chose, fais le pour moi. » (Mais Va Vendre Ton Dédain)
Le sentiment de crasse est renforcé par une production absolument monolithique. La grosse caisse est lourde, puissante, la caisse claire claque, les cymbales volent...La guitare est tellement puissante qu'on pourrait croire qu'il y 3 ou 4 pistes à la fois. La basse se fond dans cet ensemble oppressant de lourdeur.
« On pendra vos dieux par les pieds dès demain, on pendra les femmes et les enfants en premier, on brûlera les vieux et les infirmes en premier. » (On Pendra Les Femmes Et Les Enfants En Premier)
Les textes. Ces putains de textes. Encore ces putains de textes. Johan s'est dans le passé démené avec Mihai Edrisch pour pondre des paroles d'une beauté incroyable. Dans le futur, sur Misanthrope(s) et Morte(s) Née(s), il s'impliquera également beaucoup. Mais ici, on est ailleurs. Nihiliste(s) a enlevé toute forme de beauté, toute forme de mélancolie, toutes phrases que l'on pourrait qualifier de littéraire. Non, ici, les textes sentent mauvais. Ils frappent. Aux points faibles. Et fort. De la haine et de la douleur par wagons entiers.
« Reste bien dans ton lit, ma passion c'est de te voir sombrer dans l'oubli, tu regardes trop fort, tu penses trop fort, tu parles trop fort, mais putain ce que tu faiblis, être aussi vide, c'est pas permis. » (Tu Regardes Trop Fort, Tu Penses Trop Fort, Tu Parles Trop Fort)
Plus sombre et plus oppressant, tu meurs. Il ne tient qu'à un fil qu'on en meurt, d'ailleurs. Celeste est une cicatrice dégoulinante, puante et douloureuse. Pourtant, on l'écoutera encore, et encore, et encore...Juste pour pouvoir vivre à nouveau ce moment. Oui, Celeste est fort. Un album que tout amateur de musique sombre se doit d'écouter. À déconseiller aux claustrophobes...
« Plus rien à soulever, y'a plus rien à sauver, y'a plus rien à soulever, y'a plus rien à relever ; pleurs y'a que ça à faire » (Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire)
1. On Prendra les Femmes et les Enfants en Premier
2. Au Feu le Savoir
3. Mais Va Vendre ton Dédain
4. Abandonner tout Espoir à vingt ans
5. Pour Maintenir encore une fois la Distance
6. A Jamais Dénudée
7. Tu Regardes Trop Fort, Tu Penses Trop Fort, Tu Parles Trop Fort
8. Mais Encore Faut-Il Pouvoir Renier Tout un Programme
9. De Sévices en Amitiés
10. Comme S’Il Suffisait de Lever le Doigt pour Refaire