Punkach' renégat hellénophile.
Six ans déjà que je l'attendais, ce nouvel album de Negator ! Il faut dire que la formation teutonne a une lourde part de responsabilité dans ma conversion progressive au black metal. Je l'ai découverte avec l''album précédent, Gates to the Pantheon, peu après sa sortie en 2013, et celui-ci a véritablement marqué un nouveau palier dans l'évolution de mes goûts musicaux. Ce black metal assez accessible à une oreille encore peu entraînée a véritablement été une des clefs qui m'a permis d'ouvrir la porte du gouffre musical que j'explore encore, m'attardant d'ailleurs sur les premières compositions du groupe, un cran plus orthodoxes dans leur radicalité.
Après les mythologies mésopotamiennes, Negator continue donc sur sa lancée mystique avec un Vnitas Pvritas Existentia consacré à l'adoration du feu. Nous sommes plus proches d'une interprétation satanisante des cultes à mystères de l'antiquité que du zoroastrisme, toutefois. Ce qui motive plusieurs passages chantés en latin ou en grec, un peu kitschs, mais qui ne sont pas pour me déplaire, mon passé linguistique oblige.
Dès le premier sermon, on peut, j'en conviens, être rebuté par les nombreux effets sur la voix de Nachtgarm. J'ai d'ailleurs longtemps cru que Negator fonctionnait avec un couple de chanteurs, l'un dans un registre black aigu, et l'autre beaucoup plus profond. On aime ou on n'aime pas. Sur Gates to the Pantheon ça m'avait en tout cas semblé très efficace. Cette fois, je trouve quand même les premiers morceaux un peu passe-partouts. "Χαῖρε φῶς" installe toutefois une ambiance rituelle qui s'épaissira progressivement. Le rythme lancinant de "Pyroleophis" suggère la fascination devant une cérémonie religieuse, ponctuée d'un choeur en guise de refrain tandis que les flammes montent depuis un autel païen. Juché sur sa montagne, un prêtre entraîne ses derniers fidèles vers la vraie lumière derrière la fumée des brasiers de "Prophets of Fire". Ces survivants de l'une ou l'autre apocalypse renouvellent leur alliance avec le Porteur de Lumière sur un "Ritvs Sex" entièrement scandé dans la langue de Sénèque, même si on a jeté aux flammes la mesure défendue par l'ancien précepteur de Neron. Le feu, on y revient.
Les morceaux suivants restent efficaces, mais la liste des cantiques commence à s'allonger, tandis que ceux-ci se répètent quelque peu. "Et Verbvm caro factvm est" fait quand même preuve d'une belle montée en puissance sans s'embarrasser de fioritures, tandis que le bonus "Der Ruf der See" conclut l'album sur une touche plus épique, sans verser trop dans la contemplation.
Avec Vnitas Pvritas Existentia, Negator cède à la mode du ritualisme, sans pour autant trop virer dans les excès du genre. J'en attendais énormément toutefois, et je ne suis pas entièrement satisfait. Mais ceci pris en compte, l'album, certes pas novateur, reste une œuvre cohérente et accessible. Pas de quoi révolutionner le black metal, tant on sent l'influence du passage de Nachtgarm chez Dark Funeral, mais une écoute prenante quand même.
Tracklist :
Temple of Light
Sangvis serpentis
Χαῖρε φῶς (Khaire Phos)
Pyroleophis
Prophets of Fire
Ritvs sex
Regnvm spiritvs immvndi
Et Verbvm caro factvm est
Rite of the Trident
Der Ruf der See