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Ils sont jeunes, ils ont les cheveux longs, ils sont (…) musclés et jouent de la musique brutale. Tadam…nous avons la nouvelle scène extrême face à nous…et Divinity en fait clairement partie, tout en étant encore loin d’en être le chef de file.
Il ne s’agit pas ici de métal extrême traité dans le plus noble des métaux mais bel et bien d’une mixture, d’un alliage puissant et écrasant qui lie le death, le cyber, l’indus et ce que l’on appelle aussi le métalcore…une symbiose devenant de plus en plus courante dans une nouvelle scène germant un peu partout dans le monde.
Armé d’une magnifique pochette, "The Singularity" arbore un visage brutal cyber death du plus bel effet, corrosif, violent et sans fioritures. Mais les choses se gâtent vite, Divinity livre un second album comprenant tout les poncifs possible et inimaginable d’un métal brutal et excessivement technique, abreuvant de manière ostentatoire l’auditeur d’un flot de notes quasi continuelles pour une utilité proche du zéro absolu.
Divinity est technique oui, syncopé, déstructuré et les musiciens ne sont pas des débutants mais le fait est qu’il ne transpire aucune passion, aucune vie ni âme dans les neuf compositions de cet album.
"The Singularity" évoque tout d’abord les grands pères fondateurs que sont Fear Factory et Strapping Young Lad avec ce métal extrême très violent, saccadé et mécanique, et en cela, se veut agréable. Cependant, un autre trait de caractère flagrant de Divinity reste un manque évident de personnalité, un néant personnel caractérisé par des influences allant des groupes précités à la technique exacerbée et très violente de Origin (pour les parties de batteries), les atmosphères parfois spatiales d’un Scar Symmetry (la magie suédoise en moins), les délires de shred typiques de Lex Talionis (le côté barré absent) ou les dérives mièvres en chant clair métallique d’un Bullet for my Valentine. Divinity est tout ça à la fois…Divinity n’existe que par la superposition d’influence misent bout à bout sans prendre la peine de former un semblant de cohérence.
Tout démarre pourtant relativement bien avec "Abiogenesis". L’atmosphère est martiale, tendue, les riffs sont syncopés et la batterie triggée à outrance…mais ça passe. Les hurlements introducteurs évoquent clairement la nouvelle scène moderne, notamment Mnemic, ou encore les ambiances froides des suisses géniaux de Sybreed. "Beg To Consume" arrive et tabasse dès les premiers instants (Origin…). La batterie prend la forme d’un marteau pilon, le chant de Sean Jenkins est violent et écorché, les riffs sont très techniques et les quelques écarts de pure shred sont véritablement jouissifs. La brutalité est de mise mais il ressort une grande clarté d’exécution…offrant finalement un impact immédiat, très moderne.
Malheureusement, "Beg To Consume" va se révéler le seul titre réellement transcendant du disque…le seul avant que tout ne tombe en déconfiture. Car le principal défaut de ce genre d’album est l’ennui profond qui s’installe après trois titres…lorsque tout semble déjà avoir été dit, et en finir avec le disque flirt alors avec l’exploit.
Dans ce flot technique et brutal incessant, Divinity se répète sans cesse, sa technique et ses déstructurations ne permettant en rien de créer une quelconque accroche ou une schizophrénie maladive à la The Dillinger Escape Plan. "Lay In The Bed You've Made" garde encore l’illusion, notamment grâce aux parties hurlées de son vocaliste…mais les parties claires prennent elles aussi de la place, et l’aspect metalcore emplie une atmosphère qui n’avait réellement pas besoin de ça, polissant encore plus le résultat final.
La production, bien que d’une puissance colossale, ne servira pas plus l’album. Sclérosée, laminée à la presse hydraulique, lissée au maximum et proprette comme une couche neuve, elle ne fait que rendre les parties mélodiques plus stéréotypées encore, parties claires prenant de plus en plus de place au fur et à mesure du disque, trouvant son paroxysme dans un honteux "Embrace the Uncertain". Si une délicate introduction au piano tisse l’illusion d’un morceau plus émotionnel et enfin touchant, le rideau tombe rapidement. L’émotion n’est pas là…la niaiserie est partout. Quelques claviers électroniques envahissent le spectre sonore, un riff très métalcore et une partie de batterie typique du genre achève littéralement les espoirs du groupe. Le chant se fait infect, à peine hurlé, mécanique et calibré, très proche du chant actuel de Matt Tuck (Bullet for my Valentine) alors que certaines accélérations tentent vainement de remonter le niveau. Vainement…
Divinity tente parfois de se faire plus progressif ou ambitieux ("Transformation", "Approaching The Singularity") mais n’y parvient plus…la fin d’album se révèle être un véritable calvaire, tout étant rigoureusement identique…toujours identique.
"The Singularity" est donc l’album de ceux deux (sans l’intro) premiers morceaux, le reste n’étant qu’une soupe pseudo brutale qui ravira probablement les fans de metalcore, avide de violence arrangée et trouvant probablement dans ce genre de groupe le chantre d’une brutalité ultime. Les autres passeront leur chemin, les plus courageux tenteront l’aventure, les véritables téméraires iront jusqu’au bout…avec le seul désir de ne jamais y retourner…non jamais…
1. Abiogenesis
2. Beg to Consume
3. Lay in the Bed You've Made
4. Emergent
5. Transformation
6. Monsters Are Real
7. Embrace the Uncertain
8. Formless Dimension
9. Approaching the Singularity