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Enfin ! Après 5 ans d'attente, Lee Dorrian et sa bande se décident enfin à apporter de la viande fraîche à nos platines. Eh oui, ça fait 5 ans que le plutôt bon The Garden Of Unearthly Delights est sortit, et nous montrait une nouvelle fois que Cathedral est décidément abonné aux changements de directions. Entre le doom/death de l'ubër culte Forest Of Equilibrium, le doom tout court de l'immense The Carnival Bizarre, les influences stoner de plus en plus présentes au fil des albums et les divers changements de façon de chanter du sieur Dorrian, Cathedral a toujours été relativement doué pour nous surprendre.
De la surprise, de l'étonnement, vous n'en aurez pas à l'écoute de The Guessing Game. Non, vous serez aux premières écoutes surtout complètement ébahis et traversés par un sentiment de totale incompréhension. Et, en conclusion de cette première écoute, si vous avez les mêmes goûts que moi (donc que vous êtes des grosses tapettes), l'impression sera celle ci : « Oh bah merde alors, ça a l'air vraiment génial ! Par contre, j'ai pas compris un seul instant de ce qui s'est passé ! ». Parce qu'en effet, pour définir cet album, le mot « barré » est un euphémisme léger comme une plume de mouche.
Après une intro lourde au possible et survolée par quelques samples, un riff doom typique de Cathedral nous assaillit, et il sera difficile de se retenir de taper du pied...jusqu'à ce que ce break totalement ahurissant vienne tout troubler : mais d'où est-ce qu'un truc pareil peut il sortir ? La basse joue une espèce de mélodie assez indéfinissable, le chant de Dorrian la suit, puis nous partons d'un coup sur un refrain ultra psychédélique qui nous révèle que Lee est un hippie. Puis nous repartons sur ce riff qui nous faisait taper du pied au début du morceau.
Premier constat donc : mais qu'est ce que c'est que ces conneries ?! On réalise alors rapidement que non seulement la musique est délirante, mais qu'en plus les structures et arrangements sont totalement alambiqués. Le deuxième constat est un des plus importants de cet album : Dorrian n'a JAMAIS chanté aussi bien. Nous sommes bien loin de la voix rocailleuse des débuts du groupe, ni même à celle du précédent album. Ici, Lee chante des mélodies planantes et nous prouve qu'il a réellement un coffre très impressionnant. Et, surprise, nous aurons droit à un retour de la voix plaintive de Forest Of Equilibrium sur la très doom Requiem For The Voiceless.
Donc, Cathedral a fait un premier morceau de hippie, et il est clair que ce morceau intitulé Funeral Of Dreams en laissera plus d'un sur le postérieur. Mais il est indéniable que ce morceau est incroyablement bien réussi, autant dans la voix parfaite de Lee, que dans tous ces arrangements, cette structure, le passage où la mélodie du refrain est reprise à la grosse guitare : Aucun doute, le travail autour de cet album a été assez énorme. Painting In The Dark ne nous contredira pas même si elle s'avère beaucoup plus crue, mais c'est seulement sur Death Of An Anarchist que nous réaliseront que Cathedral ne s'est pas contenté de sortir un album de hippie, mais qu'il nous a fait un joli pot-pourri de tout ce qui lui est passé par la tête. Et décidément, je prierais Lee Dorrian jusqu'à la fin de mes jours rien que par le fait que des idées aussi formidables aient pu lui passer par la tête !
Une mélodie entêtante jouée à la guitare acoustique en guise d'intro, puis on part sur cette même mélodie reprise en grosse distorsion avec un Dorrian hypnotisant. Et le refrain absolument génial ne fera absolument pas retomber cette fascination. Nous nous réveillerons seulement lorsque le tempo s'accélèrera et partira sur un riff très Black Sabbath en plus rapide, et surtout lorsque Dorrian surplombera ce passage de toute sa hauteur en s'envolant littéralement.
La première des deux interludes de l'album nous rappellera que Lee Dorrian est désormais un hippie, et nous emmène dans un monde psychédélique et coloré, en total adéquation avec cette pochette énigmatique. Le deuxième interlude que l'on retrouvera 3 pistes plus loin n'a strictement rien à voir au niveau des sons car à la place des samples étranges de la première, nous aurons affaire à de la grosse guitare qui s'amuse.
Nous continuons notre voyage au pays des camés, et nous continuons à nous émerveiller devant toutes ces bizarreries, comme le passage rockabilly absolument mythique de Cat's, Incense, Candles & Wine qui nous fera nous émerveiller comme un schtroumpf devant un champ de salsepareille (désolé, mais il fallait que je place le mot schtroumpf quelque part étant donné que la pochette m'y fait fortement penser !). Nous aurons droit à un morceau incroyablement explosif bourré de riffquituent intitulé Casket Chasers, où Lee Dorrian se fera un plaisir de crier avec rage, ce qui ravira ceux qui commençaient à s'impatienter avec ses mélodies et ses susurrements.
Au pays des bizarreries, nous aurons aussi droit aux sons étranges de La Noche Del Buque Maldito (Aka Ghost Ship Of The Blind Dead) qui lui servent de refrain, ainsi qu'à l'introduction de The Running Man qui me fait franchement penser à un jingle de jeu télé...
Requiem For The Voiceless ravira les plus vieux fans du groupe pour sa lenteur, sa lourdeur, et surtout, comme dit plus haut, du retour de la voix plaintive de Lee Dorrian, comme au bon vieux temps. Et puis, ce double album se clôturera sur la géniale Journey Into Jade.
Le son quant à lui est absolument parfait, les guitares sonnent avec puissance et lourdeur pile comme il le faut, la basse est tout à fait audible, et je trouve le son de la batterie vraiment excellent, autant au niveau de la place des cymbales que des coups de pédale secs et puissants. Le tout laisse discerner avec précision la place de chaque instrument.
Je ne vais pas vous mentir, The Guessing Game constitue pour moi un des tout meilleurs albums sortis à ce jour par Cathedral. Définitivement le plus barré, mais surtout le plus génial, le plus original, le plus varié et le plus intéressant à découvrir : pour peu que l'on ai envie de s'y intéresser, cet album demande beaucoup d'écoutes pour être ne serais-ce que compris, mais il est particulièrement intéressant de découvrir la subtilité des arrangements, de comprendre ces structures assez complexes sur des morceaux d'en moyenne 7 minutes, et tout simplement de se laisser guider dans ce monde fantastique et totalement psychédélique. Impossible de s'ennuyer une seule seconde pendant l'heure et demi que dure cet album (oui, quand même).Un album purement hallucinant, et je vous souhaite sincèrement de réussir à l'apprécier, car même s'il est possible que ce soit un exercice difficile, il en vaut largement la peine !
1. Immaculate Misconception
2. Funeral of Dreams
3. Painting in the Dark
4. Death of an Anarchist
5. The Guessing Game
6. Edwige's Eyes
7. Cats, Incense, Candles and Wine
8. One Dimensional People
9. Casket Chasers
10. La Noche Del Buque Maldito
11. The Running Man
12. Requiem for the Voiceless
13. Journey's into Jade