Punkach' renégat hellénophile.
En une vingtaine d'années d'activité, Darkened Nocturn Slaughtercult n'a jamais dévié du chemin tracé dans la poudreuse par les groupes de Black Metal norvégiens de la première moitié des années 90, tels que Darkthrone ou Gorgoroth. Chaque morceau du Culte s'inscrit dans cette doxa brutale, rapide, et sans pitié, tel un casus belli assumé envers les expérimentations plus ou moins gothiques apparues ensuite.
Avec cette philosophie ultra orthodoxe, le groupe germano-polonais aurait pu devenir une énième caricature volontairement primitive et nostalgique d'une époque révolue. Mais cette fidélité à la bannière noire des premiers temps a, au contraire, inspiré à Darkened Nocturn Slaughtercult une série d'albums tous plus solides et haineux les uns que les autres. Après un Necrovision particulièrement réussi sorti en 2013, je craignais toutefois que le groupe ne s'essoufle, coincé dans la radicalité de sa démarche. Heureusement j'avais tort : avec Mardom, la formation nous livre encore un blasphème d'anthologie.
Les quatre premiers morceaux s'enchaînent si rapidement qu'à la première écoute, j'ai du vérifier qu'il s'agissait bien de pistes différentes ! Une véritable rafale d'énergie négative, qui n'est pas sans me rappeler la démarche originelle du Punk. C'est d'ailleurs un état d'esprit que, n'en déplaise à certains puristes, je retrouve souvent penché sur le berceau du Black Metal. Du reste, ce n'est pas pour autant que Darkened Nocturn Slaughtercult se refuse à toute évolution : les guitares se permettent des riffs très accrocheurs sur « A Sweven Most Devout » et « T.O.W.D.A.T.H.A.B.T.E », d'une manière plus assumée que sur l'album précédent.
Le tempo ralentit d'un léger cran sur un « A Beseechment Twofold » sépulcral pendant lequel Onielar démontre qu'elle a parfaitement sa place au panthéon des voix les plus puissantes du Black Metal actuel. Et si l'un ou l'autre schismatique oserait encore émettre un doute, la Dame Blanche le crucifierait sur place de ses incantations sur « Exaudi Domine ». Telle une Galadriel possédée par les esprits de la guerre, Onielar se fait entendre de tout maître, réel ou fantasmé, à travers un morceau qui briserait aisément tous les sceaux du Tartare pour en libérer les horreurs indiscibles qui y ont été cloitrées.
Je suis un peu sorti de la radicalité de Mardom avec « Widma », étrange morceau instrumental tirant sur l'Ambient et qui aurait pu faire une très bonne intro', mais qui ne me semble pas vraiment à sa place en huitième position. Excepté ce petit bémol très personnel, l'album s'impose sans aucune baisse de rythme. En un début de siècle où la chaire du Black Metal est occupée par tout un conclave de formations qui font la part belle à l'introspection et aux ambiances contemplatives, Darkened Nocturn Slaughtercult ose encore prêcher l'ultra-violence et engendrer un désir irrépressible de briser des os, sans même s'encombrer d'un prétexte. Si Mardom ne dévie pas du chemin de croix que se sont tracés les musiciens allemands et leur prophétesse polonaise, l'album cultive habilement les quelques expérimentations qui couvaient depuis Necrovision. L'année commence à peine, mais Darkened Nocturn Slaughtercult nous offre là sans conteste un véritable grand cru du Black Metal dans sa forme la plus noire et la plus pure.
Tracklist :
1. Inception of Atemporal Transition (1:41)
2. Mardom - Echo Zmory (4:28)
3. A Sweven Most Devout (3:52)
4. T.O.W.D.A.T.H.A.B.T.E (5:22)
5. A Beseechment Twofold (6:21)
6. Exaudi Domine (4:00)
7. The Boundless Beast (5:09)
8. Widma (3:25)
9. Imperishable Soulless Gown (4:03)
10. The Sphere (5:36)