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Si je tenais l'andouille qui a joué avec le photoshop de Spiritual Dissection et qui a coloré leur pochette en bleu, je lui botterais bien le derrière. C'est vrai ça, imaginez la première impression que les gens vont avoir quand ils vont regarder cette illustration de soldats et avoir le sentiment qu'ils la regardent dans un aquarium. C'est vraiment pas sérieux. Et imaginez votre pauvre Undertaker, qui à son grand âge, a du sortir ses binocles pour comprendre ce qui se passe. Peine perdue d'ailleurs. Il semble toutefois qu'après le rouge de leur premier album The Dark Side of Mankind les Nordistes soient passés du chaud au froid côté pochette. Deuxième constat en relation avec le visuel guerrier : le thème. La musique brutale n'a jamais été reconnue pour la finesse de ses sujets, et ici on se retrouve à cheval entre le côté bourrin mais aussi un côté commémoratif pourrait-on dire. En effet Spiritual Dissection nous plonge entre deux blasts dans l'univers de le seconde guerre mondiale. Des samples d'Hitler, de Churchill, du procès de Nuremberg, où les 24 principaux responsables nazis furent jugés et condamnés (pour la plupart à la peine capitale comme nous le rappelle l'extrait). Le parti pris est évident, et les Français réaffirment quelque part leur appartenance au bloc de l'Alliance qui combattit le troisième Reich et font passer le message de Winston Churchill : « we must not let that happen again ». (nous ne devons pas laisser ceci se reproduire)
Mais ne nous voilons pas la face, le contexte n'est que prétexte à faire dérouler les riffs assassins et les titres ultra brutaux. On ne peut pas dire que Spiritual Dissection fasse dans la finesse, et vous allez prendre dans la face une telle dose de violence et de malsain que vous n'allez pas regretter ce petit voyage au pays de la guerre. Pas vraiment de répit, ici ça tape à fond tout le temps, vous aurez le droit à tous les blasts possibles et imaginables et franchement un titre comme Through the Ratlines est tellement intense qu'on n'en ressort pas indemne. Les guitares très acérées par dessus une batterie sans pitié et une voix très grave nous donnent une alchimie cataclysmique. En parlant de batterie, on remarquera que plus elle va vite plus elle a un son synthétique, le côté irréel d'une telle violence fait qu'on a presque l'impression de faire face à une machine plutôt qu'à un gars du crû et fort doué s'il en est si l'on écoute le nombre impressionnant de fills dans chaque chanson. C'est d'ailleurs la seule petite remarque que l'on pourra faire au son : en dehors de cela, il est vraiment excellent et quel que soit le tempo, on ne tombe jamais dans la soupe inaudible, qui est pour moi un des écueils du genre.
On peut aussi penser que la brutalité se doit de servir un propos et surtout d'être émaillée de détails qui nous permettent de l'apprécier, que ce soient les riffs eux-mêmes ou encore une part de mélodie dans la musique. Sur cet album, Spiritual Dissection a pris le parti de montrer un aspect technique et démonstratif puisqu'ils n'hésitent pas à poser des soli sur quasiment tous leurs titres. Et là chapeau, parce qu'avec ce détail, ils prouvent que l'extrême c'est un mode de fonctionnement total : ils s'y tiennent quel que soit l'aspect de leur zik : une batterie à faire pâlir les mitrailleuses de cette guerre, des guitares à faire pleurer les groupes les plus mélodiques, une basse qui slappe par dessus tout ça et une voix si grave qu'elle en décollerait le papier peint de votre chambre. Ils se permettent même quelques petites parties techniques, juste histoire de donner un peu de fil à retordre à l'oreille saignante de l'auditeur comme la partie centrale de Ending in a Blood-red sea. Petit bémol, l'avant-dernier titre Until the next and last worldwide war est monté assez bizarrement et certains passages sont assez difficiles d'accès au début de la chanson. Elle se continue fort heureusement de manière assez classique et on en oublierai presque ce léger couac.
Côté influences, il serait oiseux de citer le millier de bons groupe que Spiritual Dissection aura pu utiliser comme référence, même si on les sent bien poindre le bout de leur nez à certains moments. En conclusion je vous conseille de penser que Mors Ultima Ratio doit prendre sa place dans le paysage du brutal death français et permettre aux Picards de se tailler une place de choix au milieu de la sanglante mêlée du style et ceci ce sera grâce à vous alors jetez-vous sur cette pièce d'intensité guerrière.
01 -Fear of warfare
02 - Trial at Nuremberg
03 - When nazis die
04 - Unconditional surrender
05 - Through the ratlines
06 - Ending in a blood-red sea
07 - Rise of hatred
08 - Betrayers in right
09 - Across a frozen hell
10 - Until the next and last worldwide war
11 - Outro, Churchill's Speech