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« Et le tigre est en toi » semble clamer la pochette du nouvel album de 16, fiers et sombres américains tombés dans la marmite du sludge et du stoner alors qu’ils n’étaient que d’insouciants enfants encore plein de rêve. Et l’on ne pourra qu’approuver ce slogan publicitaire devant la débauche d’énergie et de rage de cet album, mais aussi face au caractère largement plus accessible et abouti de celui-ci en comparaison aux précédentes productions des Californiens.
Même si Drop Out reste incontestablement l’album de chevet de la formation et une référence pour tous les fans des courants alternatifs et graisseux, autant dire que ce nouvel opus place la barre haute, sur des montagnes recouvertes par le voile de la distorsion et de la colère. Le sens du verbe pour l’ami Cris est toujours de rigueur - filant à l’occasion une bonne migraine, et l’on assiste parallèlement à l’éclat des guitares se fracassant sur un parterre diversifié et mieux fleuri de la part des guitares.
À l’instar du douanier Rousseau, plaçant de façon récurrente ses œuvres tantôt dans une flore exubérante ou dans des situations de combats perpétuels (en référence aux combats féroces que représentent ses toiles), 16 rend à travers sa musique et sa pochette semble vouloir rendre (inconsciemment) hommage à ce peintre naïf.
Bridges To Burn semble en effet un album simpliste, direct que s’amuse à jouer, sur une même tonalité et corde, quatre gaillards plein de bonnes intentions. Mais à y regarder de plus près et à creuser la substantifique moelle de cet opus, on s’aperçoit vite que le groupe se cache derrière une forêt de subtilités et de finesse avec la lourdeur qu’on leur reconnaît. Situation paradoxale lors de « Monday, Bloody Monday », ode puissante à U2 gardant le groove des Irlandais sur la batterie du titre. Ou encore le titre « So Broken Down », où ils essorent la galette avec un mid-tempo racé et un ralentissement net de la cadence pour mieux pervertir nos esprits.
Contrairement à leurs débuts, 16 semble toutefois s’être assagi et se montre moins virulent sur la majeure partie de ses titres, privilégiant les ambiances tortueuses et le développement d’un sludge tortueux et pernicieux. Les gros riffs suintant sont toujours de la partie, notamment sur les premiers titres « Throw In The Towel » et « Skin And Bones », mais on sent l’album plus réfléchi et moins but de décoffrage que pouvait l’être les débuts du groupe largement plus underground.
On ne s’en plaindra et l’on en profitera pour se mettre dans les oreilles un « Man, Interrupted » flirtant avec les univers de Crowbar, de Kylesa et plus anciennement des Melvins (pères fondateurs de la noble discipline qu’est le Sludge). Ambiances lourdes, riffs détonants, un groupe ne dépareillant jamais dans son style et dans l’air du temps. 16 marque une nouvelle fois le pas avec un opus parfaitement guidé et bien (trop ?) senti.
Au final, un album très propre de la part de 16, manquant cruellement de spontanéité mais respectant parfaitement la digne évolution du groupe sur des chemins et expérimentations plus matures. On appréciera notamment de voir que le groupe soigne toujours son univers, l’enrichissant au fils des années d’un très bon groove et de riffs toujours alimentés au kérosène. À continuer dans cette voie, on peut penser que le groupe s’invitera incontestablement au banquet du stoner et du sludge réunis, voir du post-hardcore si le groupe peaufine autant sa rhétorique et ses lignes instrumentales.
1. Throw in the Towel 3.21
2. Skin & Bones 3.53
3. Me & My Shadow 5.03
4. Man Interrupted 2.40
5. Flake 3.53
6. You Let Me Down (Again) 3.28
7. Monday Bloody Monday 3.41
8. Permanent Good One 4.22
9. So Broken Down 3.36
10. Thorn in Your Side 4.06
11. What Went Wrong ? 3.57
12. Missed the Boat 4.34