Cernunnos Pagan Fest 2018 - Jour 2
La Ferme du Buisson - Noisiel
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Nostalmaniac : Retour ce dimanche à la ferme du Buisson de Noisiel pour ce deuxième jour du Cernunnos Pagan Fest. Un festival qui a décidé de marquer le coup pour sa dixième édition dans ce lieu historique à deux pas de Paris devenu centre culturel.
Outre les animations, il reste à aborder la partie restauration. Les stands sont rassemblés du côté du Grenier. Un espace couvert, mais ouvert avec quatre stands : Brods, la Muse, Ragnarock et le Soleil de Brocéliande.
Découragé par les files le samedi, je vais surtout découvrir le stand de Brods qui propose un gros pain à garnir soi-même : morceaux de lard, pois chiches, carottes et divers autres légumes et sauces. Le tout pour la somme de sept euros.
D’autres stands proposeront du pain artisanal, du poulet à l’hypocras, des morceaux de tartes alléchants, et même de la bière artisanale servie à la cruche (!) à des prix assez abordables.
Concernant le marché médiéval, situé de l’autre côté du site, on retrouve surtout des artisans du cuir, des bijoux, les incontournables « cornes à boire » et cornes de brume mais aussi quelques labels, dont les vétérans de Adipocere et les Belges de Immortal Frost Productions. On déplorera l’absence du stand d’Antiq pourtant annoncé. Un marché médiéval qui pour le profane que je suis vis-à-vis de l'artisanat du genre ne m'intéresse que trop peu mais où on retrouvera quelques animations (danse, chant) tout au long du week-end et une ambiance agréable en plus de pouvoir s’y réchauffer !
Après cette balade pour se remettre dans le bain du festival, direction la Halle pour le concert de Darkenhöld...
DARKENHÖLD
LA HALLE
13H50-14H35
Florent : Quel dommage de voir les si rares Darkenhöld jouer si tôt dans la journée, eux dont la carrière est déjà longue de 10 ans et tout bonnement irréprochable, jusqu'à leur petit dernier Memoria Sylvarum et son côté parfois plus heavy. Heureusement, 2018 a l'air de s'annoncer plutôt bien avec un concert au Hellfest qui leur permettra peut-être de convaincre un large public. J'en suis même à vrai dire certain après avoir vu ce set : Darkenhöld peut séduire au-delà du black metal.
Entre ses atmosphères évoquant clairement la dungeon synth sur les intros et les interludes et, surtout, ce côté heavy "classique" particulièrement assumé, jusque dans le côté "guitar hero" d'Aldébaran aux soli épatants, le groupe a une personnalité bien à lui. Ce qui n'empêche pas quelques cavalcades bien black metal, comme sur les deux extraits d'Echoes from the Stone Keeper que sont March of the Sylvan Beast et Mesnie Hellequin et son tremolo central. Cervantès, au chant, trouve le juste équilibre entre un côté mystérieux et au final assez sympathique - globalement d'ailleurs, l'attitude du groupe tranche un peu avec le cliché du groupe de black et c'est tant mieux.
Côté setlist, le dernier album est notamment représenté par l'incroyable Sous la Voute des Chênes et son lumineux solo ; tout Darkenhöld est probablement résumé dans ce morceau que je ne m'attendais pas forcément à entendre. Je m'attendais par contre à entendre mes deux titres favoris, soit Strongholds Eternal Rivalry avec son riff ravageur et le majestueux Wyvern Chant Solitude. Aucun des deux ne sera joué. Heureusement, Le Castellas du Moine Brigand sèche presque mes larmes. Bon, et c'était un concert génial. Mais c'est bon pour une fois, les gars !
Dolorès : Etant friande de ce type de Black à tendance médiévale, Darkenhöld n’est pourtant pas le projet du style qui m’a le plus marquée en studio. Cependant, en live… Déjà, en 2013, en ouverture d’Angmar dans la petite salle du Floride à Nantes, le groupe m’avait surprise. Mais aujourd’hui, dès mon arrivée au Cernunnos, Darkenhöld me fascine.
La salle est encore peu remplie mais l’ambiance est là, et le groupe semble autant s’adresser à des fans de longue date qu’à des curieux en ce début d’après-midi. Tout d’abord, quel son. Je sais que j’ai entendu plusieurs fois dans le weekend que le son n’était pas excellent, j’ai envie de répondre à ces gens qu’ils n’ont sans doute jamais fait de festival indoors à Paris ou dans d’autres villes françaises, car le son était loin d’être mauvais et ce n’est clairement pas l’un des défauts des deux salles de la Ferme du Buisson, très correct avec bouchons d’oreille et parfois sans nécessité d’utiliser ceux-ci.
En réalité, ce concert a été clairement l’un de ceux, que nous avons tous déjà eu au moins une fois, qui nous fait nous sentir bête. Comment ai-je pu ne pas apprécier davantage ce titre sur album ? Comment se fait-il que j’aie l’impression de découvrir un autre groupe aujourd’hui ? Bien que mon attention se soit affaiblie sur la fin, Darkenhöld m’a gardée à l’écoute, concentrée sur le set pendant un long moment, et il faut également avouer que l’attitude de Cervantes au chant, en tant que frontman convaincant et à fond dans son personnage, ajoute un charme à la prestation.
Le groupe français, après 10 ans d’existence, propose finalement un set carré et pro. Aucune hésitation, une grande aisance sur scène, et une attitude qui donne l’impression d’être convaincus de ce qu’ils jouent : ce sont les atouts de Darkenhöld. A revoir, et à réécouter, notamment leur nouvel album Memoria Sylvarum !
Nostalmaniac : Tout comme le festival, le combo originaire de la région niçoise célèbre également ses dix ans ! Un parcours jalonné de quatre albums aussi passionnants qu’authentiques dans un esprit enraciné et médiéval. Néanmoins, le groupe est encore trop rare en concert pour pouvoir briller à côté d’autres pointures du Metal extrême hexagonal. Il ne faut donc pas bouder son plaisir de les voir programmés au Cernunnos, qui plus est dans la plus grande des deux salles : la Halle (800 places).
Devant un imposant backdrop orné du logo du groupe, Darkenhöld va installer l’ambiance de ses albums avec ce Black Metal mélodique qui rappelle les premiers Dimmu Borgir, Wallachia et même Abigor. Une patte mélodique largement insufflée par le guitariste Aldébaran, très à l’aise sur scène, qui distillera quelques solo magiques. La setlist s’articule autour des trois derniers albums avec beaucoup de cohérence. Majestueux, mélodique mais aussi sombre. Cervantes maîtrise au mieux son rôle de frontman sans trop en faire. Quand on sait que le groupe ne foule pas les planches tous les week-end, c'est plutôt bluffant et on ne peut que les encourager à creuser cet aspect-là qui apporte inévitablement une autre dimension à leurs morceaux et qui pourrait les mener à une plus juste reconnaissance.
Setlist
Le souffle des vieilles pierres
Clameur des falaises
La chevauchée des esprits de jadis
Mesnie Hellequin
Sous la voûte de chênes
March of the Sylvan Beasts
Le castellas du moine brigand
Ruines scellées en la vieille forêt
Glorious Horns
NYDVIND
L'ABREUVOIR
14H40-15H25
Dolorès : J’avais très hâte de découvrir Nydvind en live aujourd’hui. Depuis le temps que je vois ce nom passer, le groupe étant parisien d’origine, je n’avais pourtant jamais jeté une oreille à leur musique avant de découvrir les groupes de l’affiche du festival. Je me rends donc devant l’Abreuvoir en ne connaissant que Seas of Oblivion, leur dernier album, premier d’une tétralogie sur les quatre éléments. En effet, après huit ans sans album, Nydvind compte revenir en force avec des concerts et une série d’albums au concept peu original mais qui a l’avantage de guider l’auditeur dans son imagination et de savoir où tout cela mène.
Autant sur album qu’en live, donc, le groupe va nous mener en barque sur un long fleuve, parfois mouvementé, parfois serein. Les plus anciens titres s’ajoutent assez bien, finalement, aux morceaux du dernier album, et complètent cette atmosphère d’orage sur l’océan. Principalement Black/Pagan, le groupe se permet toutefois assez de variations, tout en brodant autour de l’étiquette qu’ils se sont collés de « Nordic Heathen Metal ». Assez vague pour se créer une identité, assez précis pour savoir à quoi s’attendre.
Si la musique m’a conquise, malgré parfois quelques hésitations dûes au stress (eh oui, quand les mains tremblent, les arpèges sont un peu moins précis), j’ai été un peu plus ennuyée par l’attitude scénique, dont les propos très « pagan » et un peu bateau ont tendance à couper l’immersion. Nydvind est finalement un groupe que j’ai beaucoup plus envie d’écouter en fermant les yeux, sans trop de dialogue. Laissez-nous plonger, il y a un temps pour tout.
CELTACHOR
LA HALLE
15H30-16H15
Florent: Je ne m'attendais pas à grand chose en allant voir Celtachor. Aussi merveilleuse que puisse être l'Irlande, évocatrice de mélodies celtiques et d'une beauté qui va au bien au-delà d'aller faire son Erasmus à Dublin pour s'enfiler des Guinness en dansant sur les tables, la scène irlandaise se limite pour moi à peu près à Primordial, qui capture à mes yeux l'essence du pays. Reste à espérer la bonne surprise.
Manque de pot, pour moi, elle ne viendra pas. La faute surtout à ce chant clair complètement faux de A à Z qui me gâche l'immersion, même si le reste ne m'emporte pas outre mesure non plus. Reste ce violoniste franchement talentueux pour sauver une prestation qui manque un peu de charisme à mon goût. Et de finesse...
Dolorès : Bon, javais un très mauvais a priori de Celtachor. Quand l’un de tes groupes favoris est Primordial, du même pays et ayant les mêmes inspirations et un style comparable, il est difficile de trouver des atouts aussi remarquables chez Celtachor. Mais il me faut arrêter de comparer l’incomparable, et bien que quelques structures m’y fassent penser, le groupe présent aujourd’hui au Cernunnos montre finalement qu’il a quand même de l’expérience accumulée de son côté, et des qualités à mettre en scène.
Comme beaucoup, j’ai du mal avec le chant. Stephen Roche a un timbre de voix très particulier, criard et peu agréable, ce qui fait que je mets totalement de côté la voix lorsque j’écoute le set que proposent les Irlandais. C’est finalement dommage, car entre les morceaux, il présente les thèmes abordés avec un timbre de voix très différent, et son parler est tout à fait merveilleux. Ses talents de conteur surpassent, selon moi, et de loin, ses talents de chanteur. Néanmoins, cela ne semble pas gêner le public et les fans du groupe, comme quoi c’est vraiment une question d’affinités ou de tolérance.
Le reste du groupe est également déchaîné, je pense au violoniste qui alterne une attitude de jeu très à l’aise dans l’espace, et des instants de communication avec le public, faisant réellement le show aux côtés du chanteur. Dommage que l’ensemble ait sonné, pendant la plupart des titres, assez dissonant. Un problème d’accordage, de cordes en elles-mêmes, ou de musicien ? Cela ne semblait pas déranger le violoniste ou même le reste du groupe, et pourtant mes oreilles ont saigné lorsque le violon était doublé de la flûte sur un titre. La fûte était totalement juste, ce qui a alors créé un véritable décalage entre les deux tons joués, sur la même mélodie. Dommage, oui, mais je réécouterai Celtachor sur album car leurs compositions et leurs inspirations m’ont intriguée.
Nostalmaniac : Sans m'y être jamais intéressé, Celtachor est un nom que je vois circuler depuis de nombreuses années. À l’ombre de Primordial et même Cruachan, les Irlandais (actifs depuis 2007) délivrent un Folk Metal blackisant et s’apprêtent à sortir un nouvel album (« Fiannaoícht »). L’extrait dévoilé m’avait moyennement emballé, mais ne manquait certainement pas de qualité. Des chants envoûtants, de beaux passages au violon et des breaks mélancoliques… En live, hormis le violon, j’ai du mal à retrouver ces éléments. En plus d’avoir un charisme limité, Stephen Roche a un chant clair particulièrement faux qui brise le caractère envoûtant et épique des passages plus mid-tempos.
Autre bémol, le son de caisse claire de Anaïs Chareyre (d’origine marseillaise, il faut le noter) beaucoup trop en avant, surtout sur les premiers morceaux. Forcément, l’ensemble a du mal à prendre et j’ai tendance à trouver ça risible au fur et à mesure du concert malgré une sincérité qui émane et un jeune violoniste endiablé. Les riffs ne sont pas assez marquants pour moi et je reste insensible à la manière de Roche de communiquer avec le public. C'est dommage, car je suis très touché par la mythologie celtique irlandaise (merci Absu) mais je n'y plonge à aucun moment.
BELENOS
LA HALLE
17H10-18H10
Nostalmaniac : Alors qu'à la fin du mois sortira le premier album live de Belenos, qui célèbre au passage ses vingt-deux ans de carrière, on ne peut être qu'admiratif de leur discographie. Le projet de l'inamovible Loïc Cellier a traversé deux décennies en livrant sept albums et forgeant un son unique qui mélange Black Metal aux influences scandinaves pour le côté rapide et sombre et Pagan metal celtisant pour les parties plus lentes et les choeurs.
Plus jeune et découvrant le Black Metal, j'ai beaucoup écouté « Chants de bataille » et surtout « Errances oniriques » qui posssédaient vraiment une atmosphère unique. Sans toutefois creuser plus que ça. Avec le recul, il est évident que Belenos a influencé beaucoup de nouvelles formations Pagan Black Metal.
C'est la toute première fois que je les vois en live et je remarque que Sven Vinat (Himinbjorg) accompagne Cellier à la guitare. Pour la scéno, on retrouve simplement un crâne de cerf sur le micro de Cellier.
Si "Morfondu" touche à ma fibre nostalgique (ces mélodies, cette déferlante...), je suis plus impassible pour le reste du concert. Pourtant, il y a vraiment quelque chose d'authentique et un son vraiment homogène (surtout les grattes) mais j'ai du mal à sentir la "fureur celtique". Rien à reprocher au groupe qui se démène vaillement profitant d'un très bon rendu sonore. La setlist est bien équilibrée piochant dans chacun de leurs albums. Il manquait juste une petite étincelle pendant cette heure de set me concernant mais le public est conquis, c'est le principal !
Setlist :
Morfondu
Gorsedd
Terre de brume
Amorika
Par Belenos
Chant de bataille
Fureur celtique
L'enfer froid
L'antre noir
DORNENREICH
L'ABREUVOIR
18H15-19H00
Florent: Je me réjouissais que Dornenreich fasse s'exprimer au Cernunnos sa facette acoustique plutôt que celle, intéressante également mais qui me parle moins, plus black metal. Sous forme de duo, les Autrichiens vont donc nous interpréter un set particulièrement intimiste : une guitare sèche, un violon, la voix sussurée si particulière d'Eviga... pour ce qui restera peut-être le moment fort du festival. Le violon d'Inve me perce au coeur (Dem Wind Geboren, magique, qu'on aurait voulu voir durer une heure), ce chant si particulier colle parfaitement au tout. La complicité entre les deux musiciens, également, fait chaud au coeur.
C'est d'ailleurs la sensation globale de ce brillant concert de Dornenreich : loin d'être déprimante, froide, leur musique fait chaud au coeur malgré sa mélancolie. On frissonne, mais on se réchauffe l'âme. Le concert se termine sous une salve d'applaudissements ; pour une fois ce week-end, un instant de grâce n'aura à aucun moment été gâché par les meuglements de quelques vikings avinés. Merci, messieurs, et à très bientôt j'espère.
Dolorès : Aux côtés de Faun et de Laboratorium Piesni, Dornenreich est le groupe qui m’a décidée à me déplacer depuis Nantes pour le festival. En effet, j’écoute le groupe depuis mon adolescence, et je considère tous les albums des Autrichiens d’un amour presque égal. J’avais rêvé de voir le groupe aux mille facettes sur scène, en pensant que cela n’arriverait jamais. Et voilà qu’Eviga, une des idoles de mes jeunes années, prend place sur scène juste devant moi aux côtés de son complice Inve au violon. En effet, le groupe propose aujourd’hui (et ce, depuis un certain moment dans leur carrière) un set entièrement acoustique. Aux côtés du violon du virtuose Inve, dont l’aisance et la joie d’être présent font plaisir à voir, Eviga est fidèle à lui-même. Animé d’une certaine folie qui fait tout son charme, ses chuchotements, chants et hurlements ponctueront son jeu de guitare. Les titres acoustiques de Dornenreich ont la particularité de mêler des structures et des influences qui ne peinent pas à faire deviner les origines Black Metal du duo, mais aussi un jeu de guitare plus hispanique ou jazz manouche, en tout cas bien rythmé et extrêmement maîtrisé.
La setlist s’ancre principalement autour des morceaux de l’album acoustique In Luft Geritz. J’apprécie particulièrement la douceur et la sincérité de « Dem Wind geboren », ainsi que l’incroyable « Jagd » qui cloue le bec à la salle entière au moment de clôturer leur set. « Jagd » et le titre présenté juste avant, issu du nouvel album à venir et dont le nom n’a pas été prononcé, offrent une puissance tout à fait captivante, d’une force qu’on n’imaginerait pas sortir d’une guitare et d’un violon.
J’ai également été très heureuse d’entendre la version acoustique de « Erst deine Träne löscht den Brand », dont la poésie m’a toujours marquée, tant dans sa composition que pour ses mots de fin chuchotés. Ce titre, qui n’existe qu’en version metal sur l’album Flammentriebe (peut-être une version acoustique à paraître sur le nouvel album ?), fait partie de mes surprises du weekend puisque je ne m’attendais pas à le voir sous cette forme.
Merci Eviga et Inve, pour votre talent et vos sourires, ces trois quarts d’heure étaient les plus émouvants de mon weekend.
Nostalmaniac : L’Abreuvoir est bien rempli pour ce set acoustique, et plutôt intimiste, des Autrichiens de Dornenreich. Un groupe (présent ici en tant que duo guitare/voix et violon) plutôt rare dans nos contrées qui s’est depuis longtemps libéré de ses racines Black Metal pour des rivages plus néofolk. Bien que le début du morceau me donne l’impression d’une musique de fond interchangeable sans relief, il suffit que la voix de Eviga vienne se greffer pour que ce soit totalement captivant. Il a une façon très vivante de chanter qui prend aux tripes. On sent largement une certaine théâtralité et je suis vite hypnotisé par les morceaux avec des passages parfois très nerveux, et même intenses.
Même si je ne comprends rien à l'allemand, il y a vraiment cette diction particulière qui arrive à me faire sentir les couchers de soleil et les tons de couleurs de leurs pochettes récentes. Plutôt impressionnant avec juste pour "armes" une voix, une guitare acoustique et un violon mais c'est absolument immersif et bien rythmé. Assurément un des meilleurs concerts du week-end.
Setlist :
Freitanz
Meer
Des Meeres Atmen
L. M.
Der Hexe nächtlich' Ritt
Dem Wind geboren
Drang
Zauberzeichen
Erst deine Träne löscht den Brand
Enter
Jagd
SAOR
L'ABREUVOIR
20H10-21H10
Nostalmaniac : Si je reconnais les qualités du groupe et pourquoi il est tant apprécié, je n’ai jamais été trop attiré par la hype autour. Alors qu’il y a un an, le projet écossais était sensé jouer en live à de rares ocassions, on les retrouve désormais à l'affiche de nombreux festivals aux quatre coins de l’Europe. Un projet solo devenu groupe à part entière… et ça se sent ! La clé de leur succès est indéniablement leur Black/Folk atmosphérique qui a vraiment quelque chose d’immersif avec ce côté mélancolique, et même tragique au sens premier du terme en plus d'un véritable amour de leur mère-patrie, l'Ecosse. Par contre, j’ai l’impression qu’il faut vraiment fermer les yeux pour se laisser emporter. Le gros point noir, c’est que certains instruments sont abusivement samplés et je pense surtout à la flûte qu'Andy Marshall feint de jouer. C’est plutôt amusant d’entendre le bout de reverb' qui continue quand il a déjà reposé sa flûte. J’imagine bien pourquoi sampler un instrument aussi difficile à mixer, surtout quand on voit que le violon sera totalement oublié sur les deux premiers morceaux (au point que certains le font remarquer bruyamment à l’ingé son). À la base Saor est un donc un projet solo avec beaucoup d’instrumentations et retranscrire ça en live s'avère périlleux, je le prends en compte, mais du coup je trouve ça vraiment artificiel en live. Beaucoup trop. D’autant plus quand certains sont convaincus que la flûte n’était pas samplée. Je peux avoir l’air de pinailler beaucoup, mais ça suffit à me faire décrocher du concert. Pour prendre un exemple, ça ne me dérange pas dans le cas de Selvans qui sample énormément d'instruments en live, mais à aucun moment ne feint de les jouer. C'est toute la différence. Sans que je passe pour autant un mauvais moment, Saor ne m'a vraiment pas convaincu.
Florent : Je vois pour la deuxième fois Saor en live, pour la première avec de vrais instruments traditionnels... et pour passer immédiatement sur ce sujet longtemps évoqué par Nostalmaniac : je ne vois franchement pas ce que ça apporte, surtout quand on n'entend tout bonnement pas le violon sur les deux premiers titres. D'autant plus dommage que ceux-ci sont, à ma grande surprise, deux extraits de Roots, premier opus du groupe (d'abord publié sous le nom de Arsaidh). L'incroyable éponyme de l'album, avec sa mélodie de flûte et son final mélancolique, puis le déjà joué en Belgique Carved In Stone nous plongent donc dans le concert, malgré le raté du violon qui ne s'entend pas. Pas de quoi, toutefois, faire comme le grossier merle à ma gauche qui s'est permis de le hurler à l'ingé-son.
Et pour le coup, c'est même plutôt le public et pas le côté "artificiel", qu'on peut regretter, qui va me faire sortir du concert. Non, faire l'hélicoptère avec ses dreads pendant un morceau de metal atmosphérique, c'est pas cool. Heureusement, un changement de spot me permet (enfin !) de m'immerger totalement dans un concert à la setlist plutôt surprenante (encore une fois pas de Hearth, tube du dernier album Guardians), mais dont je retiens encore ce magique Aura et sa flûte qui m'emmène très, très loin. J'ai beau comprendre qu'on puisse ne pas être touché par Saor, personnellement, je pense bien que peu de groupes me font ressentir ce qu'Andy Marshall est capable de faire passer à travers sa musique. Un magnifique moment, encore une fois.
Dolorès : Je suis extrêmement partagée sur le concert de Saor. Arrivée à peine en retard, je peine à me faire une place devant le concert dans l’Abreuvoir, salle assez remplie pour l’une des têtes d’affiche du weekend. Je me rends alors compte qu’ils jouent « Roots », c’est-à-dire le premier titre du premier album, que je ne m’attendais pas du tout à entendre ce soir-là. Le son est excellent, je rentre très vite dans l’ambiance et me retrouve face à ce qui s’annonce déjà, au bout de quelques minutes, comme l’un des meilleurs concerts du weekend tant la puissance est au rendez-vous. A la suite de celui-ci, c’est « Carved In Stone » qui débute, et je n’étais clairement pas prête à entendre mon titre favori, encore une fois du premier album sorti en 2013 ! Quelle émotion, ce final, cette boucle de mélodie à la flûte…
C’est, malheureusement, après avoir entendu mes deux titres favoris et avoir réussi à m’avancer dans la foule, que je me rends compte que si le son est si bon, ce n’est pas un hasard. En réalité, toutes les parties de flûte semblent être samplées comme l’a évoqué Nostalmaniac plus haut, de quoi refroidir la fan de la première heure que je suis. Le reste du concert sera alors plus en demi-teinte, car le doute s’installe : les chœurs sont-ils vraiment chantés ? et la basse pendant qu’Andy Marshall « joue » de la flute ? Etrangement, le violon semble bien être joué en live, mais comme on ne l’entendra presque pas du concert… Je quitte le concert sur le dernier titre, assez déçue. Cette sensation d’entendre des morceaux que j’adore, aussi intenses que sur album devant moi, mais de me rendre compte que tout cela n’est qu’artificiel et mis en scène pour le spectacle, ce n’est vraiment pas ce que j’attendais de Saor.
Setlist :
Roots
Carved in Stone
Tears of a Nation
Aura
Pillars of the Earth
SAOR PATROL
LA HALLE
21H15-22H30
Dolorès : Difficile de sortir de la bulle créée par Saor, entre émotion et amertume, un état d’esprit assez particulier alors que Saor Patrol débute. Néanmoins, il faut avouer que ce dimanche soir est thématique, puisque les deux sont très attachés à leur Ecosse natale, et n’hésitent pas à le montrer. Le fond est assez proche, tandis que la forme est radicalement opposée.
En effet, Saor Patrol est un groupe de musique écossaise, assez standard dans l’idée, mais qui a la particularité d’être accompagnée constamment d’une guitare électrique. Ainsi, aux trois percussionnistes et au joueur de cornemuse s’ajoute un guitariste. Finalement, le tableau a de quoi trancher avec le reste du weekend : le groupe, qualifié de Celtic Rock ou Tribal Rock (percussions très présentes), a une approche tout à fait différente de la musique, comparé aux têtes d’affiche du weekend. Si les morceaux – compositions originales et grands classiques – sonnent très rythmés et puissants, notamment grâce aux percussions et à la guitare, l’intention est très différente. Les morceaux semblent avoir pris une structure de musique traditionnelle : socle rythmique massif avec peu de fioritures, auquel s’ajoutent les mélodies de cornemuse, qui reviennent souvent en boucle.
Contrairement à des groupes de folk metal par exemple, Saor Patrol prend le problème à l’envers, en quelque sorte. Au lieu de créer un morceau rock ou metal et d’y insérer des parties d’instruments traditionnels, il prend un morceau à la formule très traditionnelle et y insère la guitare électrique afin d’étoffer le tout et de donner une consistance très originale à l’ensemble.
Cela donne un peu plus d’une heure de musique très rythmée, dansante, que le public semble clairement apprécier. Pourtant, je ne pense pas que le groupe soit si connu que ça par chez nous. Mais la musique, elle, est assez universelle car beaucoup de monde apprécie les mélodies celtiques sans s’y connaître plus que ça. Malheureusement, dernier groupe du weekend oblige, la plupart des auditeurs sont bien alcoolisés, peu respectueux, et personne n’a l’air de comprendre ce que nous disent les barbus sur scène, qui ont vraiment l’air sympathiques en plus de cela. Certes, j’avoue que l’accent écossais n’est pas le plus simple à comprendre…
Finalement, c’est très agréable à voir mais je ne suis pas sûre que ce soit le plus adapté pour clôturer le festival, en grande salle de ce genre, les titres ayant tendance à tourner en rond. Je serais bien plus charmée par un groupe du même genre mais plus intimiste, comme Albannach sur la petite scène ou en extérieur sur une prochaine édition ?
CONCLUSION
Nostalmaniac : C’est donc sur une note très écossaise que se termine le Cernunnos Pagan Fest dixième du nom. Pour ses dix ans, on sent que les organisateurs voulaient marquer le coup et si on exclut les quelques couacs (dont les portes des salles et le chevauchement facheux de certains concerts), c’est une réussite.
Les organisateurs ont réussi à proposer une affiche équilibrée entre groupes fédérateurs (Faun, Saor Patrol) et formations plus pointues (Angantyr, Ereb Altor). Gageons que cet équilibre reste dans les priorités du festival qui a plus que jamais une place à prendre dans le paysage des festival Metal français. D'autant plus avec une identité aussi forte et cette volonté sincère de rassembler le mieux possible folk, pagan metal et musiques traditionnelles. Bien loin du fiasco du Ragnard Rock dont on pouvait craindre la mauvaise ombre. Avec cette nouvelle édition, aucune comparaison n'est possible.
Si le Cernunnos reste à la Ferme du Buisson pour ses prochaines éditions il y a beaucoup de choses à développer, notamment du côté des animations et du marché médiéval. Plus globalement dans la façon d'utiliser les différents espaces (le campement était un peu anecdotique). Des petit plus qui suffisent à fidéliser des festivaliers qui ne viennent pas que pour voir des concerts mais pour une ambiance atypique. On imagine que cette première édition sur deux jours aura été riche en enseigements pour les organisateurs.
Bravo donc aux différents acteurs du festival (LADLO, Cernunnos Festival Production, Battle's Beer et Dooweet) ainsi qu'à toute l'organisation et nous espérons une onzième édition l'an prochain. On ne peut s'empêcher de glisser quelques suggestions : Grift, Kawir, Himinbjorg, Aorlhac ou encore Empyrium, The Moon and the Nightspirit, Heilung ou Albannach pour la partie plus folk ?
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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Crédits photos : Gazag - Equipe Horns Up