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Avec des « si », titre explicite de son huitième album, on aurait bien vite fait de mettre Mindless Self Indulgence en bouteille et de cataloguer par la même occasion, son petit monde si illusoire et étrangement décalée, dans un genre où l’excentricité ne sert très peu la crédibilité. Et une nouvelle fois nous aurions franchement tort, tant le nouvel album des New Yorkais apporte une pierre solide à l’édifice chancelant des univers rock, punk, glam, techno-Trance, électroniques. Une liste non exhaustive de styles, résumant à coup sûr l’univers du combo repartis dans des délires farfelus, inventifs et travaillés. Après des albums tels que Frankenstein Girls Will Seem Strangely Sexy ou la dernière pilule Another Mindless Rip Off, respectés dans un cercle plus que restreint, MSI met une fois la barre hors de portée de formations traditionnels, avides de se lancer dans l’embarcadère post-punk électronique que le quatuor diffuse depuis plus de dix années. 10 années passé dans un trou de souris à accumuler des bouts de ficelles, pour enfin connaître la consécration avec ce If totalement décalé et complètement insolite.
Clairsemé d’une multitudes d’univers oniriques, If n’oublie pas de remettre son horloge biologique à l’heure sur une première partie d’album capitonné et explosive. Illustrant ses premiers morceaux d’une guitare éclair, d’une rythmique à retord chargé de courir après les effets technoïdes d’une programmation à outrance, les quatre dansent, se moquent ouvertement des clichés et distillent de parfaites perles suaves et sexuelles. Les morceaux « Never Wanted To Dance » (single, vidéo dansante et futur hit en puissance), « Lights Out » ou encore « Evening Wear », pépite vulgarisé par les chœurs et la fraîcheur des deux naïades de la section rythmique (Kitty et Linz), restent les tous meilleurs morceaux de l’album se présentant sous les traits d’une BO un tantinet malsaine. Ce n’est d’ailleurs pas la voix, peu fluette, du chanteur Jimmy Urine qui exprima le contraire. Doté d’une modulation et d’une grande tonicité, Mr. Urine ne pisse jamais dans des violons (« On It » ; « Due ») en imposant son charisme et ces accents toniques si particuliers.
Petit bémol toutefois concernant ses détours hip-hop sur les titres dits du milieu, car moins rentre-dedans et plus lassants, comme en témoigne « Issues » ou « Get It Up ». De biens vulgaires passerelles, ressemblant en tous points à des morceaux de dance flashy, que les plus vieux d’entre-nous s’amuseront à déchiffrer ou encore à des publicités dégingandées pour de pâtes à mâcher venues de nulle part.
Malgré ces quelques extraits peu pertinents et clairement déboussolants, MSI réussit le pari un peu fou de combiner expérimentation et fraîcheur, folie passagère et hyperactivité dans des schémas peu conventionnels et les moindres recoins. On apprécie la prise de risque et les coups d’essais de la formation, tout particulièrement dans sa configuration intimiste lorsque surgissent les tout meilleurs morceaux de l’album, « Prescription » et « Money », usant de tous les subterfuges disponibles pour nous divertir et finalement nous assommer. Couple basse-batterie monté sur ressorts, guitare partie en orbite du côté de Jupiter, programmation carillonneuse et dopé au Valium et toujours la voix de Jimmy martelant des paroles tordantes et salaces, hissent le combo de New York sur la plus haute marche de ce cabaret interstellaire.
Même les morceaux de toute fin d’album que l’on aurait supposé légers finissent de parachever l’œuvre originale et allumé d’une troupe en perpétuelle recherche d’hallucinations sonores.
Mindless Self Indulgence réussit l’audacieux pari de combiner ici fraîcheur de composition et baragouinages sonore, à la limite de la techno-transe pour adolescents belliqueux. La recette est déboussolante mais efficace et décalée, à l’image des titres de débuts et de fin d’album. (« Never Wanted to Dance », « Bomb This Track »). Le mot d’ordre aurait été avant toute chose, un album plus court et davantage percutant, occultant du coup les morceaux émiettés et vite ingéré du milieu de galette. Peu importe, malgré quelques travers et débords, If restent un bon album à conseiller aux amateurs des Beastie Boys, Anny Cordy, Kusturica et à un futur Marilyn Manson de 2080. Du second degré donc, vous l’aurez compris, avec un soupçon de magie et une très grosse dose de talent.
01) Never Wanted To Dance
02) Evening Wear
03) Lights Out
04) Prescription
05) Issues
06) Get it Up
07) Revenge
08) Animal
09) Mastermind
10) On It
11) Pay For It
12) Due
13) Money
14) Bomb This Track
15) MDC