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Voici maintenant trois années que Dillinger Escape Plan avait disparu du paysage métal et de nos écrans de contrôles. 3 longues années où nos aliénés d’Américains se sont fait fort du plus grand silence radio depuis leur base du New Jersey. Et même, si quelques signaux nous avaient été lancés suite au départ du batteur Chris Pennie et du mini-album Plagiarism présenté via I-tunes en 2006, le suspense demeurait entier quant au successeur de Miss Machine.
Fin 2007, The Dillinger Escape Plan sort de son mutisme environnant, et nous dévoile quelques bribes de compositions sur son célèbre espace, entendez myspace. Leur nouveau né s’intitulera Ire Works et envahira la planète le 12 novembre.
C’est donc avec une certaine appréhension que je m’apprêtais à côtoyer ce nouvel opus des Américains. Après une critique acerbe des fans de la première heure sur l’excellent Miss Machine, lui reprochant très étrangement une nonchalance des morceaux administrés, Ire Works laissait planer le doute quant à son contenu et à sa richesse d’exécution.
Dillinger aurait-il vendu son âme au diable et s’est t-il tout simplement rangé comme beaucoup d’entre nous osaient l’imaginer ?
La première écoute de ce nouvel album fera taire toutes les mauvais langues, tant celui-ci nous emmène sur des contrées folles et enivrantes en incorporant la patte si caractéristique du combo. La formule est percutante et 13 brûlots barrés et sans concessions nous sont gentiment proposés, renouant avec un groupe aux multiples facettes.
Dès le premier titre « Fix Your Face », la bande apparait sous son meilleur jour et nous envoient à l’identique d’un « Panasonic Youth » en ouverture de son précédent album, une composition énergique, dénudée d’une quelconque forme de poésie. Et ce n’est en aucun cas le titre « Lurch », qui viendra refroidir l’atmosphère, en empruntant au mathcore, des riffs et des agencements hautement audacieux.
Cette album est clairement scindé en deux parties distinctes, où s’imbriquent joyeusement les meilleures pièces du métal et de l’expérimentation. « Nong Eye Gong » est un parfait exemple, ou la teneur en testostérone s’exécute sous couvert de changements de rythmes, et d’une batterie folle à liée. Enchaînant les plans à une vitesse folle, avec « 82588 », nos cinq compères ne s’arrêtent jamais vraiment, si ce n'est pour laisser la part belle à de subtiles accalmies oppressantes (« When Acting As a Particle ») pour mieux nous asséner par la suite des plans brutaux et capiteux.
Mais ce Ire Works ne se résume pas qu’à la simple définition d’un album brut de décoffrage et empreint d’une certaine démence passagère. Certes, des morceaux comme « Party Smasher » pousse le degré d’écoute à son paroxysme, mais la valeur ajoutée de l’album réside bien dans sa diversité et son éclectisme. Le combo arrivant désormais à marier parfaitement au sein d’une même unité sonore son goût pour le mathcore, et des morceaux davantage mélodiques et clairsemés d’une certaine fraîcheur. « Dead As History » s'impose sur cet opus où la voix claire de Greg Puciato possède son lot d’enchantements et de charme. Agrémenté de subtiles touches de piano, le morceau fait office d’ovni musical dans la discographie du combo. « Black Bubblegum » et « Milk Lizard » au rayon des produits agro-alimentaires ne sont pas mal lotis du tout, et nous sont présentés sous une recette groovy et rock n’roll. Nous étions bien loin de penser que le groupe nous offrirait une si fine diversité au sein de ses compositions emmenées de main de maître.
Des morceaux comme « Sick on Sunday », ou le martelé « When Acting As A Wave » font également office d’interludes, mettant à profit une très grande créativité du groupe et une capacité à digérer de multiples influences et sons. Le nombre de sonorités incorporés et re-mixés démontre toute la richesse du combo.
Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, tant l’album renoue avec les éléments originels de la formation. Les Américains revenant à leurs premiers penchants en incorporant une touche jazzy sur l’imperturbable « Horse Hunter » animé par deux guitares à la fois explosives et progressives.
Le disque finissant par se terminer par la plus belle note qu’il soit : « Mouth Of Ghosts », où toute la sensibilité du groupe finit par ressurgir, se caractérisant par un morceau calme, empruntant les chemins de la volupté et de la beauté à l’état pur.
The Dillinger Escape Plan réussit donc avec brio le passage tant attendu du troisième album. Ire Works s’impose dès sa première écoute comme l’album incontournable et le plus accessible du combo tout en gardant les éléments mathcore et barrés de la formation. Direct, fouillé et agencé de la plus belle des manières, il permet d’imposer le groupe au rang comme chef de file au sein d'un style complexe et si particulier. Si Miss Machine avait déjà permis à Dillinger de se lancer et de toucher un plus large public, Ire Work place la barre encore plus haut. Abordant de multiples facettes et textures sonores, il touche du doigt la beauté du travail fourni par un groupe novateur et ô combien percutant.
1. Fix Your Face
2. Lurch
3. Black Bubblegum
4. Sick On Sunday
5. When Acting As A Particle
6. Nong Eye Gong
7. When Acting As A Wave
8. 82588
9. Milk Lizard
10. Party Smasher
11. Dead As History
12. Horse Hunter
13. Mouth Of Ghosts