Arch Enemy - Benighted - And Then She Came - T.A.N.K
La BAM - Metz
"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
En ce vendredi 23 septembre, il nous était donné l’occasion de venir souffler sur les bougies du gâteau d’anniversaire de Damage Done Productions, l’asso messine qui fait bouger le pays messin avec une programmation judicieuse et ambitieuse. 5 ans, déjà… et pourtant on a l’impression que ça fait le double que Damage Done fait bouger les Trinitaires, la BAM, ou encore Nilvange et Rombas, tant les affiches proposées sont en général remarquables avec des groupes internationaux reconnus de tous. On ne va pas faire ici toute la liste, qui s’est notamment égrenée lors des habituels Haunting The Chapel Festival mais aussi lors de shows ponctuels tout au long de l’année. L’asso nous prépare déjà du lourd avec le quatuor Aborted - Soilwork - Sepultura - Kreator en un soir pour début 2017, ce qui aurait pu faire office de splendide fête d’anniversaire d’ailleurs, mais l’anniv’ c’est bien pour maintenant et Damage Done a choisi d’inviter un bon gros nom, Arch Enemy, accompagnés de And Then She Came pour leur tournée actuelle. Et comme à son habitude, Damage Done met à l’honneur les groupes français et ce sont Benighted, déjà passé par Metz l’an dernier, et T.A.N.K qui vont compléter cette belle soirée. 19h, c’est l’ouverture des portes, avec déjà une bonne file même si pour une fois, la date ne fut pas sold-out même juste quelques jours avant. 19h les « doors », sachant que le premier groupe débute à 19h15, c’est just pour faire toute la file, et le couac d’organisation n’était pas loin surtout quand on sait que les « doors » s’ouvrent toujours en retard… ! J’ai cru louper la prestation de T.A.N.K ce qui aurait été embêtant. Finalement, je peux récupérer mon pass et gratter un peu de monde en bon nanti d’invité presse, et ne pas louper une seconde des décibels proposé pour cette soirée. Ou comment souffler les bougies avec les vibrations des enceintes…
T.A.N.K
A 19h15 presque pétantes, c’est T.A.N.K qui a la charge de découper la première part du gâteau d’anniversaire. Cela fait 10 ans et 3 albums (dont le dernier, Symbiosis, est sorti il y a un an pile poil à deux jours près !) que les Franciliens proposent à qui veut leur mélodeath, moderne mais pas seulement. N’accrochant pas plus que ça à leur art malgré mes affinités avec le mélodeath (seul le premier album, The Burden Of Will (2010), m’avait vraiment plu), j’étais tout de même assez enthousiaste de les voir. Le quatuor bien chevelu et barbu a de la ressource dans un genre certes classique, mais il est vrai bien équilibré entre mélodies à l’ancienne et rythmiques plus modernes, à la frontière du bon gros breakdown avec headbang sychronisé. Le son est bon, le growl est bien puissant, pour le chant clair c’est forcément un peu plus difficile (je trouve d’ailleurs les refrains en chant clair des derniers albums dispensables mais ce n’est que mon avis), mais rien de bien méchant. Raf en profitera pour caresser du chauve au premier rang et le set de T.A.N.K lui sera bien mené. Rien de révolutionnaire, mais comme pour toute formation de mélodeath « moderne », on appréciera tout autant les rythmiques légèrement syncopées bien efficaces que les mélodies maîtrisées. Le public garnira tout de même relativement bien la salle malgré le court délai pour écumer la file d’attente, et nous aurons ainsi droit aux premières bousculades de furieux histoire de faire monter la température. Une demi-heure, c’est certes court pour un groupe qui a déjà 3 albums derrière lui, mais ça permet de se faire une idée pour ceux qui ne connaissaient pas, pour les autres c’était un très bon premier groupe pour débuter la soirée. Et si ça ne m’a pas encore donné l’envie de me repencher sur leur disco (bien que j’écoute Symbiosis sur Deezer au moment où j’écris ces lignes…), j’en garderai un bon souvenir, en attendant de peut-être les revoir ailleurs.
Benighted
La première pause me permet de faire connaissance avec Delf’in histoire de lancer la team « Horns Up Grand-Est ». Mais il est déjà temps de nous placer pour le deuxième groupe de la soirée, je pensais que And Then She Came passerait en second mais non, c’est bien Benighted qui va passer d’abord, histoire de déjà atomiser la BAM tout juste chaude. Soyons clair, je n’arrive pas à apprécier Benighted sur album (je suis pas très gruik-gruik de manière générale…), mais sur scène c’est toujours la pétée. Troisième fois que je les vois après le Rock Your Brain Fest en 2014 et… le Haunting The Chapel Festival de 2015, et il est donc déjà temps de reprendre une nouvelle claque. Mené par un Julien Truchan toujours maître dans l’art du headbang sans cheveux, Benighted ratiboise, décape, débroussaille, dynamite, disperse, ventile, bref tout ce que vous voulez dans une joyeuse branlée. La setlist est habituelle et l’on se délecte toujours de tueries comme "Collection of Dead Portraits" (joué en ouverture cette fois-ci), "Slut" ou encore ma favorite, "Fritzl" avec ses rythmiques complètement dingues. Le son dépote également, la BAM n’est pas loin du meilleur de ses capacités sonores (alors que j’avais trouvé leurs débuts trop forts en basses lorsque Deficiency et Evile y étaient passés en ouverture de Testament), tout est donc réuni pour que comme pour tout concert de Benighted, le public s’en donne à cœur joie avec bien sûr la ribambelle de pogos, circle-pits et wall of death bien violents (il paraît même qu’il y a eu un peu de casse !). 40 minutes de Deathgrind moderne toujours aussi joyeusement bourrin, de quoi se défouler pour finir le mois de septembre. On attendait peut-être un nouveau morceau sachant que le groupe vient de sortir du studio, mais Benighted sait préserver le suspense, et il y aura du neuf dans la setlist bientôt. En attendant le renouvellement, on se délecte toujours autant des morceaux sanguinolents de Benighted !
And Then She Came
Reprenons notre souffle et reposons-nous un peu avec And Then She Came, qui va un peu trancher avec le reste de la programmation… Je ne connaissais rien du groupe avant ce vendredi soir 21h, bon si le clip de leur single "Public Enemy #1" plutôt original… Mais je préfère découvrir « sur place ». Les Allemands se présentent sous forme d’un quatuor avec leur chanteuse d’origine asiatique (qui fut d’ailleurs vocaliste de Krypteria pendant de nombreuses années), car oui And Then She Came est un groupe « à chanteuse ». Après tout, Arch Enemy aussi et chez eux, ça growle… mais ça ne sera pas le cas d’And Then She Came dont la frontwoman n’use que de vocalises claires. Ça sera d’ailleurs la bonne surprise de la soirée car Ji-In Cho a franchement une très bonne voix, très juste et maîtrisée, même si des bandes ou effets ont peut-être un peu aidé… mais sa voix sonne même mieux que sur album (que j’ai écouté depuis) ! Et la surprise continue avec un morceau d’ouverture plutôt entraînant, "Where Do We Go from Here ?" avec son refrain particulièrement accrocheur. Mais musicalement, c’est quoi au final ? Souvent musclé avec des riffs tout de même bien cossus, And Then She Came œuvre néanmoins plus dans un Metal néo/alternatif avec force électro, que dans un quelconque mélodeath même si "Where Do We Go from Here ?" possédait quelques accents du genre. Passé le début avec le fameux single "Public Enemy #1" (qui présente un peu de lyrics en français ! langue que ne maîtrise pas Ji-In même si elle aura fait de sacrés efforts), la musique du groupe plus proche de celle de Lacuna Coil que d’Arch Enemy lassera assez vite, avec des morceaux un peu mous voire kitsch (les chœurs de "Would You Die Tonight ?"…), Ji-In a de l’énergie et donnera de sa personne mais cela ne sera pas suffisant pour faire rebouger assez le public après Benighted. Compris dans le « package » de la tournée d’Arch Enemy, And Then She Came aura paru un peu décalé avec le reste des formations présentes, et n’aura pas spécialement convaincu même si c’est un groupe assez jeune. J’aurai préféré 5 minutes de plus de Benighted mais bon… And Then She Came est tout de même correct pour ce qu’il est, après tout on n’atteint pas les abysses d’un Amaranthe…
Arch Enemy
Une demi-heure de battage et voilà la almighty tête d’affiche, Arch Enemy. Les patrons ? Détestée par une certaine frange des metalleux, la formation de Michael Amott sait pourtant mieux que quiconque fédérer sur scène. Leur prestation aux Lez’Arts Scéniques en 2011 m’avait d’ailleurs réconcilié avec un groupe que j’avais mis au rebut avec la sortie du médiocre Khaos Legions. L’intro "Khaos Ouverture" puis "Yesterday Is Dead and Gone" servent d’ailleurs toujours d’ouverture pour un set qui forcément sera hyper bien en place. Pour paraphraser un spectateur devant moi qui a lâché cette juste remarque entre deux morceaux : « putain, c’est totalement en roue libre ». Mais après tout, c’est ce qu’est Arch Enemy en Live aujourd’hui, et le pire c’est que finalement ça ne gêne pas le moins du monde. Car Arch Enemy a su garder cette capacité à fédérer les masses avec l’aide de 2-3 hymnes et d’un ensemble résolument vivant et dynamique, en plus d’être musicalement au top avec la paire Amott/Loomis. La set-list est sensiblement la même que celle que le groupe nous avait concocté l’an dernier au Plein Air de Rock de Jarny (et les autres concerts entre temps un peu partout), toutefois en une heure et demie le groupe a pu nous placer un surprenant et efficace "Dead Bury Their Dead" et aussi un excellent "Blood On Your Hands" en rappel. Certains morceaux passent toujours mal pour ma part, le remplissage de War Eternal et "No Gods, No Masters" par exemple, mais comment ne pas succomber devant un "Burning Angel" et sa fantastique mélodie, un "Dead Eyes See No Future" au refrain imparable, et les tueries absolues de la discographie du groupe que sont "Ravenous", "We Will Rise" ou encore le toujours colossal "My Apocalypse" (merci le son du feu de Satan) et bien sûr l’ultime "Nemesis" toujours subtilement gardé pour la fin ? Il est vrai qu’au final c’est dans ses vieux hits qu’Arch Enemy fait sa meilleure tambouille, que je préfère Angela Gossow à Alissa White-Gluz (ça c’est hautement subjectif) bien que la canadienne fasse toujours aussi bien le boulot, qu’avec un show aussi millimétré et calibré jusque dans les speechs introduisant certains morceaux (« Et maintenant, un extrait de notre dernier album War Eternal ! Vous connaissez les paroles ? Allez ! ») Arch Enemy va finir par tomber dans l’extrême de la musique de stade, mais c’était tout de même un grand Arch Enemy qui était présent à la BAM pour cette soirée. On aimera ou pas sans demi-mesure finalement, qu’on les visionne pour la première fois en direct ou pas, mais Arch Enemy avec son expérience assure de manière presque insolente, pour un show de 90 minutes toujours porté par ces hymnes (à discriminer selon vos préférences personnelles) qui vous feront passer un excellent moment de Metal fédérateur.
Et voilà, le gâteau a été distribué et il fut fort goûtu, comme toujours avec nos pâtissiers messins qui ont les bonnes recettes sous la main. Un gâteau aux 4 couches appétissantes, Mélodeath bien troussé de T.A.N.K, Deathgrind furibond de Benighted, Metal à chanteuse intéressant de And Then She Came et « Pure Fucking Metal » de Arch Enemy. Le tout dans son beau carton de la BAM qui sait de mieux en mieux garder les saveurs avec un son qui se perfectionne. On a déjà hâte de déguster de nouvelles fournées mais pour ça, pas besoin d’attendre les 10 ans car avec Damage Done Prod', le Metal dans le coin de Metz, c’est toute l’année. On ne peut qu’applaudir l’application et la motivation de l’asso messine, qui continue à faire vivre le coin de Metz au son des gros riffs, et puis comme il y aura toujours de quoi faire, on se dit à bientôt et en attendant, merci et bravo pour ces 5 années de Metal !
Crédits photo : Delf'in - Des photos au poil.
Merci à Damage Done pour les invitations et bon anniversaire!