"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
En Hongrie, il n’y a pas que Thy Catafalque… Il y a aussi Perihelion même si le groupe a du faire un sacré chemin avant de se faire remarquer. Il y a 15 ans, le groupe débutait sous le nom Neochrome, pratiquant alors un Death/Black assez obscur, qui fut mâtiné de claviers pour leur second opus Downfall/Collapse (2007). Sa personnalité s’affirmera surtout dès 2012, avec la sortie du 3ème album du groupe hongrois alors rebaptisé Neokhrome, un album du nom de… Perihelion. Un excellent album où la formation y livrait sa version du Black progressif de Borknagar, une version « à la hongroise », une version plus avant-gardiste et raffinée. Sur ces bases, le groupe changera une nouvelle fois son nom en optant pour l’intitulé de leur troisième album, Perihelion. Et l’EP Nap Fele Néz (2014) finira par asseoir le style actuel de Perihelion, nettement plus atmosphérique et s’inspirant du Post-Rock, un EP qui amènera le groupe à se faire repérer par Apathia Records qui sortira le 4ème 1er album de Neochrome Neokhrome Perihelion (oui il faut suivre… surtout que Perihelion était ressorti en 2014 sous le nom Perihelion), le superbe Zeng.
Mi-dynamique mi-atmosphérique, Zeng permettait à Perihelion de faire un pont entre le Black progressif norvégien de Borknagar et Solefald et le Metal avant-gardiste hongrois teinté de folk, plus celui de Gire que de Thy Catafalque à vrai dire, ou même plus celui d’Attila Bakos, membre de Woodland Choir entre autres (qui a désormais son projet solo Bakos Attila, lui aussi très atmosphérique) mais surtout chanteur clair qui a contribué à Thy Catafalque par le passé et qui faisait également partie de Descend, avec des membres de… Perihelion (enfin Neochrome à l’époque, vous suivez toujours ?). Une belle œuvre portée également par son talentueux chanteur clair, Vasvári Gyula. Tout est réuni pour faire de Perihelion la nouvelle sensation du Metal hongrois, et en attendant un successeur à Zeng - qui était un peu court, 34 minutes -, voilà un EP 4-titres, Hold. Il n’y aura pas de révolution du côté du quatuor hongrois, mais toutefois nous allons nous retrouver au sein de l’essence la plus atmosphérique de l’art du groupe, celle la plus proche du Post-Rock, celle d’un morceau comme "Égrengető". Mais Perihelion n’abandonne pas pour autant le Metal même le temps d’un EP d’un quart d’heure, dès "Fenektlen" nous retrouverons des guitares appuyées et même un chant bien intense même si toujours 100% clair. Mais ce sont bien les guitares acoustiques qui prédominent malgré tout, et de ce côté Perihelion est encore en réussite, nous faisant voyager en Europe de l’Est sous un ciel bleu au son de ses mélodies, un peu dans l’esprit de certaines instrumentations de Negura Bunget et Dordeduh d’ailleurs.
Les morceaux s’enchaînent avec une fluidité imparable, "Szárnyakon" est légèrement plus dynamique avec ses réminiscences de Borknagar dès les premières notes, mais l’on continue à se laisser porter par les envolées mélodiques et les trémolos Post-Rock, et surtout le chant à fleur de peau et totalement maîtrisé de Vasvári Gyula, limite émouvant. "Hold" est ensuite le point d’orgue d’un Hold particulièrement enlevé, l’art de Perihelion n’a jamais été aussi épuré et maîtrisé, les ambiances sont magiques avec un Vasvári Gyula en maître de cérémonie, qui s’autorise ici un chant très posé, avant de proposer des envolées Post-Metal toujours très enivrantes. Un splendide EP qui se termine par une reprise du thème de « Twin Peaks », "Sycamore Trees", l’exercice avait déjà été réalisé par Dark Fortress en bonus de Ylem (2010), mais Perihelion y apporte ses instrumentations et sa vibe, avec ici un magnifique solo à la Nocte Obducta. Hold nous permet donc de confirmer les talents de Perihelion pour pondre du Metal hongrois dans son versant le plus atmosphérique. Un petit bijou qui complète aisément Zeng même s’il ne lui apporte pas de réelle plus-value, en se concentrant surtout sur l’aspect le plus aérien et le plus Post-Rock de la musique des hongrois mais pas que… Un bel EP à rapprocher d’Aranyhajnal, l’album solo de Bakos Attila sorti l’an dernier, et en attendant un nouveau full-length de Perihelion on retrouvera justement Attila Bakos et Vasvári Gyula en invités sur Meta, le prochain Thy Catafalque ! Bref, le meilleur du Metal hongrois le plus raffiné est dans cette sphère qui continue de nous émerveiller à chaque sortie…
Tracklist de Hold :
1. Feneketlen (2:58)
2. Szárnyakon (4:11)
3. Hold (4:22)
4. Sycamore Trees (Twin Peaks cover) (3:16)