Motocultor Festival 2016 - Jour 2
Site de Kerboulard - Saint-Nolff
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
C'est avec une bien meilleure météo que ce second jour débute ! Les festivaliers ont déjà pris leurs marques sur le nouvel aménagement du site, et commencent leurs errances entre les scènes, pour voir d'abord des groupes français en ce début de journée...
Atlantis Chronicles
Dave Mustage
12h45 > 13h25
S.A.D.E : Du death technique et progressif aux vagues allures de djent par moment, c’est pas idéal pour accompagner un petit dej’ ? Sur le papier ça semble peut-être un peu indigeste, mais en réalité ça l’est moins que ce qu’on pourrait penser, surtout lorsque c’est fait avec le talent d’Atlantis Chronicles. Bien que radicale et propice à la castagne, la musique des Français garde une part de mélodie grâce à des leads guitares bien fichues, évitant ainsi une saturation matinale trop forte. Les parties progressives offrent les aérations nécessaires pour ne pas suffoquer, et permettent aux grosses mandales bien massives d’avoir encore plus de relief.
Le groupe parvient à secouer le pit rapidement, à grand renfort de beatdowns bien lourds et d’exhortations à la bagarre. Atlantis Chronicles offre un set solide, extrêmement bien exécuté, avec une énergie qui fait plaisir à voir et à entendre, bref une parfaite entrée en matière pour un second jour de fest.
Regarde Les Hommes Tomber
Massey Ferguscene
13h35 > 14h15
Dolorès : Ils avaient joué en ouverture du dimanche lors de l’édition de 2013, les revoilà au Motocultor en 2016. Bien que le groupe ait parcouru pas mal de chemin depuis, ils ne jouent pas beaucoup plus tard que la dernière fois, ce qui permet au site du festival de commencer à être bien rempli dès le début de journée. En effet, je crois qu’il s’agit d’une des grosses exceptions du weekend, car la Massey est blindée de monde dès le second groupe, et ne le sera pas autant les autres jours aux mêmes horaires, ni dans l’après-midi jusqu’à ce qu’on attaque les concerts les plus attendus et fédérateurs. Cette affluence, multipliée par le nombre de t-shirt RLHT croisés et achetés sur le festival, donne comme résultat un concert très attendu de la part des festivaliers.
Les Nantais ne décevront pas, puisque même si leur set est extrêmement court, il sera efficace de long en large et parfait pour se mettre dans le bain dès le début d’après-midi. En effet, le groupe a dû laisser de côté son intro habituelle (« L'Exil ») par manque de temps et se concentrer directement sur un « A Sheep Among The Wolves » des plus rentre-dedans. Si l’intro fait habituellement bien le taff pour faire monter la tension et préparer le terrain pour ce second titre, c’est tout aussi efficace de cette manière. On note la forte présence de titres du premier album pour un set aussi court, le groupe n’oublie pas d’enchaîner « Ov Flames, Flesh And Sins » et « Wanderer Of Eternity », que j’ai toujours moins apprécié en studio personnellement puisque le second album est mon favori, mais qui s’insèrent parfaitement au milieu du reste en live. Bien évidemment, « The Incandescent March » est toujours aussi bien placée en fermeture, terminant le show d’une manière assez grandiose.
Ayant maintenant pu voir le petit projet, devenu grand, se produire en petite salle et sur une grande scène, je dois dire que je préfère l’ambiance intimiste à stroboscopes incessants que j’avais pu voir à l’Astrolabe, à Orléans, où ils avaient joué en ouverture d’Amenra (qu’on retrouve d’ailleurs au Motocultor en fin de soirée). Bien que les lumières aient été appropriées pendant ces 35 minutes, le groupe développe une aura encore plus prenante dans des contextes où la proximité permet une immersion totale dans une atmosphère presque apocalyptique. Ce n’est cependant qu’un détail, puisque RLHT a proposé un show totalement pro et intense ce jour-là, malgré les inconvénients que peut comporter une scène en open air.
S.A.D.E : Décalage de quelques dizaines de mètres pour aller voir les hommes tomber (facile et déjà fait, je sais), et c’est avec surprise que je vois la tente de la Massey Ferguscene déjà bien remplie pour un concert de si bonne heure. La renommée de Regarde Les Hommes Tomber ne cesse de croître depuis leurs débuts, et la qualité de leur prestation live a dû en convaincre quelques uns de se lever un peu tôt pour profiter de la noirceur de leur post black metal.
RLHT entame avec le diptyque d’ouverture classique depuis la sortie de L’Exil : le titre éponyme samplé suivi de l’excellent A Sheep Among Wolves. Premier constat, à l’image de Moonreich la veille : l’atmosphère de fin de monde qui se dégage normalement de la musique du groupe est amoindrie par la lumière du jour. Les pauvres bougres n’y peuvent strictement rien, mais la puissance d’impact de leurs compos s’en retrouve atténuée. D’autant plus que, pour la première fois depuis le début du fest, et malheureusement pas la dernière, les passages plus calmes des titres sont légèrement perturbés par les balances de la scène d’à côté. Même si ça reste discret, un boom boom qui cogne n’importe comment sur une accalmie, ça la fout mal.
Reste que RLHT offre un superbe set, toujours aussi classe et carré sur scène. Thomas est, comme à son habitude, soudé à son pied de micro pendant que le reste du groupe occupe la scène. Pour avoir vu RLHT dans les deux configurations, en salle et en fest, il est clair que le groupe brille d’autant plus dans le confinement d’une petite scène. Un bon concert donc, mais desservi par un environnement qui ne sied pas à un tel style.
Panzerbrume : Ah bah c'est ça qui se passe quand on vient écrire son report après les autres, il n'y a plus grand chose à dire qui n'ait pas déjà été raconté :p Je rajoute juste mon grain de sel pour préciser qu'à ce que j'ai pu entendre, l'horaire assez matinal de Regarde les Hommes Tomber serait lié à une volonté du fest de ramener plus de monde sur le site en début de journée. A part ça, je ne connaissais qu'assez peu le groupe avant de les voir là pour la première fois, mais j'ai vraiment beaucoup apprécié la performance du quintet nantais ! Les "passages à vide" préparent à merveille les envolées bien épiques, les alternances des jeux de gratte rendent vraiment bien, soutenues par un son quasi-irréprochable, les compos sont chiadées, et les musiciens sont plaisants à regarder, tant chacun ressent la musique à sa propre manière ! Allez, un petit truc pour ne pas dire que tout était parfait : c'est un peu dommage de se limiter à un backdrop si simple quand on voit la qualité des artworks des albums ;)
Nostalmaniac : En deux albums, le combo nantais Regarde Les Hommes Tomber s'est rapidement imposé comme un fer de lance du (Post) Black Metal hexagonal, aux côtés de The Great Old Ones. Si c'est bien sûr leur nom qui a piqué la curiosité de beaucoup, je ne m'y suis jamais intéressé en profondeur gardant bêtement l'idée d'un Mgła du pauvre. Ah Max, tu crains. En tout cas, on ne s'impose pas dans le Black Metal game seulement avec un nom atypique et des photos de groupe où tout le monde est en capuche. Non, j'ai de très bons échos de leur concerts et c'est ce qui m'emmène en ce début d'après-midi dans les premiers rangs. Et il faut dire qu'il y a déjà pas mal de monde devant la Massey Ferguscene pour un groupe qui joue relativement tôt. Assez révélateur vis-à-vis de leur popularité ! Dès l'intro et les premières notes, l'ambiance s'alourdit. Leur Black Metal est lancinant et hypnotique, mais surtout travaillé. Un travail sur l'atmosphère déjà. On ressent une véritable noirceur rampante qui se dégage de cet amas de riffs. Quelques accalmies, mais une impression omniprésente d'apocalypse. Le très expressif vocaliste Thomas est totalement habité avec sa gestuelle. Ses compères sont également habités par leur musique. Effectivement, on doit reconnaître que le son est très bon, ce qui permet d'apprécier totalement leurs compositions et d'en extraire les subtilités. Je n'ai même pas de quoi pinailler. Un concert de RLHT c'est une expérience à faire tout simplement. Surtout si on aime un Black Metal débarrassé de ses clichés récurrents et qui n'hésite pas à incorporer des influences plus modernes. Hype du moment ? Laissons leur (jeune) histoire s'écrire et elle s'annonce prometteuse...
Setlist :
A Sheep Among The Wolves
Ov Flames, Flesh And Sins
Wanderer Of Eternity
... To Take Us
The Incandescent March
Infest
Dave Mustage
14h20 > 15h00
Romain : Dans la vie, il y a deux choses que j’aime pour me réveiller et commencer ma journée du bon pied : le café, et le Punk Hardcore. En ce samedi, je n’ai pas eu de café, mais ce n’est pas grave parce que je vais commencer ma journée avec un style encore plus vénère que le HxC, j’ai nommé le Grindcore. Me voilà donc devant la Dave Mustage pour assister au set de Infest. Et le quatuor de Bayonne saura combler les attentes peu prétentieuses que j’avais en ce début de journée : des morceaux à 240 bpm ne dépassant jamais la minute trente, du gros pit débile, du wall of death, du circle pit, le tout entrecoupé de danses ridicules… Une grosse partie du public se lâche ! Bref, un concert de Grindcore où on se défoule bien comme il faut. Plus efficace que le café ou la cocaïne pour se mettre en forme. Une bonne raison de dire non à la drogue.
Fange
Massey Ferguscene
15h10 > 15h50
S.A.D.E : Place à Fange maintenant, un groupe qui j’attendais beaucoup, fort d’un premier album, Purge, d’une grande qualité, à la fois explosif et marécageux. Le groupe se présente en quatuor, batterie, guitare et chant, et, en remplacement d’une basse qu’on attendrait en toute logique, une boîte à bruit, une source de larsen, un sampler à cochonneries qui grince et qui crisse, bref un bazar électronique qui viendra saupoudrer les compos déjà bien grasses d’une couche de bordel sonore.
Dès les premiers accords, Fange écrase la Massey Ferguscene de toute sa haine et sa lourdeur. La guitare est massive comme pas permis, la batterie déroule des patterns tantôt lents et poisseux, tantôt plus mid-tempo et nerveux, pendant que la boîte à bruit recouvre le tout de grincements variés, juste histoire d’éviter toute échappatoire. Et sur ce sympathique magma, se pose le chant éructé de Matthias, qui, tout au long du concert, arpentera la scène d’un bout à l’autre, tendu façon lion en cage sur les passages qui cognent, en mode pantin désarticulé quand le tempo tombe dans les abysses. Même si un peu trop exagéré, son jeu de scène reflète l’essence de la musique de Fange : une expiation de tout ce qui fermente à l’intérieur de chacun sous forme un bon gros crachat à la face du reste du monde. Dense, lourd et libérateur, le concert de Fange a été à la hauteur de mes espérances.
Romain : Je n’avais toujours pas eu l’occasion de voir Fange en concert, je suis donc impatient que le concert commence tandis que je me dirige vers la Massey Ferguscene, après tout le bien que j’ai pu entendre à propos du groupe rennais. Si je suis très vite emporté par le Sludge, duquel se détachent bien les influences Hardcore du style mais également teinté de Black Metal, c’est le jeu scénique de Matthias au chant qui m’impressionne principalement. Le mec, qui aurait la dégaine parfaite pour chanter dans Black Flag (bah justement, le quatuor a participé à une compil de reprises de ce groupe) donne l’impression d’avoir pris une énorme dose d’ecstasy avant de monter sur scène. Torse poil, il enchaîne les allées et venues sur scène avec un pas lourd et déterminé, visage déformé par la colère, n’hésite pas à s’étrangler avec son câble, à enfoncer son micro dans sa bouche puis à pousser des cris… Du bien beau spectacle ! Qui ne l’empêche pas d’assurer des parties chantées aussi énervées que les riffs du groupe. Pour moi, il n’y a pas grand-chose à redire sur le set. Seuls les fans m’entourant ayant déjà vu Fange m’assurent que le son n’est pas aussi lourd qu’à l’accoutumée – à cause d’un manque de basse notamment – et que c’est scéniquement encore plus incroyable dans des bars ou petites salles. J’ai du mal à y croire, mais ça ne me donne que hâte de revoir le quatuor à l’avenir ! Ah bah ça tombe bien, ils passent justement à Paris dans quelques semaines.
Pipes And Pints
Supositor Stage
16h50 > 17h35
Romain : Au départ je voulais voir Hypno5e. Puis on me dit que Pipes And Pints c’est du Punk celtique à la Dropkick Murphys et que c’est cool. Moi j’aime bien les Dropkick Murphys, et j’ai déjà vu Hypno5e, donc comme les festivals c’est aussi l’occasion de faire des découvertes, je me rends vers la Supositor Stage. Si je commence par assister au concert un peu en retrait, j’ai alors du mal à être convaincu, notamment à cause d’un son encore une fois pas assez puissant en terme de volume. Je me décide après quelques instants à traverser la foule pour me rapprocher et me retrouve au milieu du pit. Si je vous dis que je n’ai pas eu alors besoin de beaucoup de temps pour me motiver à faire mon premier slam du week-end, je pense que ça peut aider à vous donner une idée de l’ambiance. En soit, les Tchèques – qui font de la musique de Bretons, c’te blague – n’égalent pas les kings du game (je dois vraiment préciser à qui je fais allusion ?), mais Pipes And Pints offrent tout de même un show bien dynamique des plus plaisants. Le public s’en donne à cœur joie, soulevant de gros nuages de poussière au-dessus du pit. En fait on pourrait résumer le set comme ça : du pogo sur fond de biniou. Et quand tu pousses le vice jusqu’au bout, ça donne un concept novateur : le circle pipe. Le concept est simple, tu prends le mec du groupe qui joue de la cornemuse, tu le fous au milieu de la fosse, et tu demandes au public de créer un circle pit autour. Ni plus ni moins. Et ça marche bien ! Dommage que tout du long du concert, la zone de pogo ne se soit jamais assez élargie, empêchant les sportifs d’atteindre un rythme de course réellement satisfaisant. Au bout du compte, le set était bien défoulant. Je ne réécouterai sûrement peu, voire pas, la formation tchèque sur album, mais j’ai au moins passé un très bon moment !
Hypno5e
Massey Ferguscene
16h50 > 17h35
Dolorès : Hypno5e fait partie des OVNIs de cette année, et on est loin de s’en plaindre. J’ai découvert il y a bien longtemps, avec l’album « Des Deux L'une Est L'autre » de 2007, à l’époque où j’écoutais énormément de groupes classés dans l’ « Avant-Garde Metal » (parfois maladroitement). Pourtant, je n’avais jamais pu les voir encore, même si on les voit de plus en plus souvent sur des affiches de festival ou de soirée en salle. Je n’étais d’ailleurs même pas au courant qu’ils avaient sorti un album en 2012, puisque je m’étais plutôt concentrée sur leur side-project A Backward Glance On A Travel Road, dont j’ai écouté l’unique album en boucle.
Je m’étais donc bien éloignée d’Hypno5e et de ce qu’ils pouvaient bien proposer actuellement, mais étant fan de leur side-project plus que d’eux aujourd’hui, je m’y suis totalement retrouvée en live. C’est lourd, sec, angoissant. Les samples sortent de nulle part pour questionner continuellement notre rapport au concert et à ce qu’on en attend habituellement, ils viennent nous couper dans notre immersion par quelques mots inattendus, ou au contraire nous plonger dans une atmosphère par le fort pouvoir de suggestion que peut avoir un enchaînement de quelques phrases. Je suis finalement contente de ne pas connaître tous les titres qu’ils jouent, car l’expérience est totalement inédite pour moi, je ne sais pas ce qui va me tomber dessus, et c’est tant mieux. Je m’en veux d’ailleurs d’avoir loupé le début, c’est clairement le genre de concert dont on se souvient justement car il ne ressemble pas à un concert lambda, peu importe qu’on ait aimé les compositions ou non.
S.A.D.E : Hypno5e, sur scène comme sur album, c’est l’assurance de se prendre une claque et d’en redemander directement après tellement c’est bon. Et ce n’est pas leur prestation sur la Massey Ferguscene qui me fera dire le contraire : une fois de plus les Montpelliérains ont été impeccables. Démarrant sur les chapeaux de roue avec le monstrueux In Our Deaf Land, Hypno5e n’aura de cesse d’enchaîner les mandales, entrecoupées bien évidemment de ces sublimes accalmies où cohabitent dialogues de films, poèmes et la douceur triste des habillages sonores. Seul bémol, comme pour Regarde Les Hommes Tomber, les balances de la Dave Mustage viendront légèrement perturber les moments d’aération.
Malgré l’absence de Gredin (basse, remplacé par un illustre inconnu), habituellement expert en course effrénée d’un bout à l’autre de la scène, le groupe occupe comme toujours l’espace en explosant littéralement lors des passages coup de poing (ces lancements monstrueux sur Acid Mist Tomorrow, un régal !). Techniquement parfait, musicalement vivant, scéniquement excellent, Hypno5e est vraiment un groupe à vivre en live tant l’intensité de chacun de leur concert atteint des sommets.
Sordid Ship
Dave Mustage
17h40 > 18h20
Dolorès : On va pas se mentir, j’y suis allée car ce sont des potes de potes, ou des connaissances, que ça avait l’air festif et que je n’avais rien prévu à ce moment-là. Je n’en attendais rien, je ne suis même pas spécialement fan de Punk Rock, mais il faut avouer que je n’ai rien à redire. Le groupe respecte de A à Z sa thématique marine en l’exploitant sous toutes ses formes, avec des titres qui tournent autour du surf, de l’océan, des requins, de la plage… Ce n’est pas ma tasse de thé mais c’est drôle, frais, et surtout bien fait. Pas étonnant, en ce sens, qu’ils aient gagné le tremplin Motocultor, raison de leur présence sur l’affiche. D’ailleurs, si d’habitude l’ambiance machins gonflables qui volent m’énerve vraiment en concert, là il faut avouer que c’est totalement adapté de voir des gens littéralement surfer sur la foule, lever des animaux marins gonflables, et taper dans des ballons géants de plage, ça colle à la thématique. Un bon moment.
Panzerbrume : C'est à présent au tour des gagnants du tremplin Motocultor 2016 de monter sur scène. Ayant perdu en finale de ce même tremplin, je me devais de venir voir ce que les quatre Lorientais de Sordid Ship nous ont concocté ! J'arrive donc une ou deux minutes après le début de set, pour entendre le groupe remercier l'orga et les autres participants du tremplin, nommant tous les participants un à un. Franchement, merci, ça fait chaud au cœur :)
Concernant le show en lui-même, c'était bien plus pro qu'au tremplin ! Le groupe s'est entouré de tout un attirail de merdouilles gonflables (ballons, bouées, tapis, requins...) et soigne toujours autant son délire Surf Punk, avec des chemises hawaïennes à patches, des peluches et un backdrop beaucoup trop classe. Les compos sont cool (In Blood We Surf !) et fournissent exactement l'ambiance dont avait besoin le festival en ce milieu d'après-midi. C'est festif et pas prise de tête. Le groupe pousse le vice jusqu'à organiser une course de crowdsurfing sous prétexte de gagner du temps pour tenir les 40mn de set allouées ! Et elles sont tenues ! Le groupe quitte la scène avec un mic drop, alors que démarre une sympathique musique des îles. Bien joué les gars, vous avez bien mérité votre place :)
Setlist :
Lost In The Sea
Shipmate
Tsunami Wave
Sordid Ship
Slave Revolt
Shark Attack
GOOOB
Cut The Rope
Pollution
In Blood We Surf
Under The Sea
Junkie Beach
Abandon Ship
Summer Is Coming
Boat Cemetery
Dalriada (reporté à 1h45)
Furia
Massey Ferguscene
18h30 > 19h20
Dolorès : J’ai cru que c’était une blague quand un ami m’a envoyé un SMS en urgence « Furia rejoue ». J’étais persuadée qu’en passant devant la scène, il s’agissait de Goatwhore (qui jouait en fait sur l’autre scène à l’autre bout), et c’était en fait Furia qui faisait ses balances et je n’ai même pas vu leur backdrop… Je reviens très rapidement près des scènes car Furia, c’est le groupe que je voulais absolument voir la veille, et que j’ai loupé à cause du déluge qui s’abattait sur St-Nolff. Dalriada ayant du retard, ils sont reportés le soir, pendant que l’orga offre une seconde chance à Furia de séduire le public, en rejouant le même set que la veille, mais abrités cette fois.
Pour être claire directement, je n’ai aucune idée de quels titres ils ont bien pu jouer. J’écoute énormément leurs albums, mais ils ont quelque chose d’immersif qui fait que je ne retiens pas quel titre sonne comme cela ou comme ceci, je dévore juste la discographie sans m’intéresser à comment écrire ou prononcer les termes polonais qui désignent pour moi un riff qui me marque.
Je ne crois tout de même pas qu’ils aient joué mes titres favoris, le concert m’a d’ailleurs paru très bon mais je m’attendais à mieux. Les musiciens sont très peu charismatiques, et restent assez statiques sur scène, le chanteur semble s’ennuyer. Certes, Furia c’est loin d’être joyeux mais… Cela manque d’un jeu de scène un peu plus présent, et les lumières sont assez atroces, fades, cela n’aide absolument pas à créer une atmosphère propre au groupe. Heureusement que le son en lui-même me plaît, et que j’ai tendance à fermer les yeux, cela ne m’aura pas gâché mon concert, même si j’avoue que je serais très heureuse de les revoir, peut-être en salle, peut-être moins dans un show de « dernier moment » qu’ils n’avaient pas prévu.
Panzerbrume : WTF ? Y'avait Furia là ?? :'(
Dolorès : Eh ouais.
Gorod
Dave Mustage
19h25 > 20h15
S.A.D.E : Bien que la virtuosité des musiciens et la qualité des compositions forcent l’admiration, Gorod n’a jamais réussi à me toucher vraiment : trop technique, trop remplie, la musique des Bordelais finit toujours par m’ensevelir et m’étouffer. Et donc, de la même manière que j’ai énormément de mal à me taper un album du groupe dans son intégralité d’une seule traite, me manger un concert complet revient à prendre trois fois du dessert avant de dégueuler le trop plein une fois le repas fini. J’ai donc sagement quitté le concert au bout de quelques morceaux, juste histoire d’éviter la saturation, tout en profitant autant que nécessaire de la solidité du combo sur scène. Parce que clairement, Gorod est une vraie tuerie en live, entre les plans de guitare stratosphériques (Celestial Nature ou Disavow Your God, même écoutés d’un peu loin, sont toujours de grosses claques) et les passages bien rentre-dedans appuyés par un chant sans pitié, il y a de quoi perdre quelques dents.
Pour résumer, Gorod a fait du Gorod, l’a fait comme d’habitude très bien, et comme d’habitude également, j’ai agité le drapeau blanc avant la fin, petite nature que je suis.
Panzerbrume : Bon, je me suis un peu tâté à faire un report de ce concert, mais autant être honnête, je n'ai pas aimé ce show de Gorod... Et pourtant c'est l'une des formations françaises actuelles que j'aime le plus en live, tellement leur jeu pète la classe, et tant le groupe irradie la bonne humeur en continu. Là, je ne sais pas trop ce qui s'est passé, peut-être ma trop grande méconnaissance de A Maze of Recycled Creeds, dont sont extraites la quasi-totalité des compos de la première moitié de set ? En tout cas, la première demi-heure n'arrive pas du tout à m'accrocher, malgré la bonne surprise qu'est Harmony of Torture de l'époque Gorgasm ! Je finis donc par partir, sacrifiant le classique Disavow Your God de fin. Tant pis, ça sera pour la prochaine fois.
Nostalmaniac : Ceux qui me lisent auront remarqué qu'en dépit de mon sobriquet, je ne reste pas bloqué dans un discours du type "tout était mieux avant". J'aime mon Death fangeux et sale, "old school", mais le Death plus progressif et technique a aussi mes faveurs. Bon, après Gorod n'est pas mon groupe fétiche du genre, mais leur renommée dans cette sphère particulière n'est plus à faire et à même réussi à dépasser les frontières. Pour venir jusqu'ici les Bordelais ont fait pas moins de treize heure de route pour revenir du Summer Breeze qui se déroule en même temps que le Motocultor. Chapeau ! Un groupe qui ne semble pas fatigué mais bien décidé à se dégourdir les jambes. Le frontman Julien "Nutz" Deyres est très communicatif et emballe rapidement le public. Le show bénéficie d'un son, ma foi, juste correct qui permet de discerner les structures complexes de leurs morceaux. La complexité, c'est même le nerf de la guerre chez Gorod en plus d'une exigence toute relative. Pas vraiment le genre de Death qui me fait headbanger comme un débile mais qui me fascine par sa démonstrativité. Branlette de manche ? Non, ça va plus loin quand même. Y a du feeling, y a du groove. Tout est bien en place, mais ça manque peut-être un poil d'intensité... Cependant, dans l'ensemble, c'est un très bon concert.
Agnostic Front
Supositor Stage
20h25 > 21h15
S.A.D.E : Les grands patrons du hardcore made in NY étaient de la partie en cette édition 2016 du Motocultor et ils ont bien mis tout le monde d’accord : ils restent les grands patrons de la première vague HxC. Malgré un son un tout petit peu faiblard, peut-être à cause du vent qui balaie presque en permanence la pente de la Supositor Stage, donnant un côté un peu flottant au son par moment, Agnostic Front a délivré un set puissant. La paire Roger Miret/Vinnie Stigma reste au top de la forme malgré les années qui s’écoulent, le premier poussant toujours sa voix si particulière bien à fond, le second baladant sa guitare en bondissant partout sur scène.
Sur les hymnes comme My Life My Way ou For My Family, c’est toute la foule qui reprend les refrains, et quand le groupe demande un peu plus de bordel dans le pit, c’est avec entrain que les moshers se meulent la tronche. Préférant le hardcore un peu plus moderne et méchant, à la Terror par exemple, je décroche un peu en cours de set, mais le final sur la reprise de Blitzkrieg Pop des Ramones me fera dire que les grands patrons du hardcore made in NY étaient de la partie en cette éditi…
(figure de style inventée par moi-même et nommée le circle article)
Mayhem
Dave Mustage
21h20 > 22h10
S.A.D.E : Jouer dans son intégralité un album qui a autant marqué une scène que De Mysteriis Dom Sathanas, tant par la musique en elle-même que par le contexte, c’est prendre un risque assez énorme : à la moindre baisse de régime, au moindre petit pet de travers, c’est une cohorte de fans qui, bave aux lèvres, inondera les Internets et maudira le groupe pour l’éternité à venir.
La pochette en backdrop, un autel en milieu de scène avec quelques bougies, pas de tête de cochon ou autre réjouissance, Mayhem l’a joué assez soft niveau mise en scène. Et malgré ma crainte de voir ce chef-d’œuvre massacré par une grosse caisse étouffante ou quelque autre souci sonore, j’avoue que je piétinais littéralement d’impatience devant la Dave Mustage. Et quand les lumières se sont éteintes et que les premières notes de Funeral Fog ont résonné sous la tente, toutes mes craintes ont été dissipées : un son monstrueux, des guitares aussi hostiles que sur album, une batterie très forte mais pas au point de tout noyer comme sur Fleshgod Apocalypse la veille, et ce chant, ce chant de l’enfer, ces cris bizarres, fous, dérangés, des coassements lugubres, hurlements déchirés, bordel, tout y est ! Tout, même les toms caverneux sur le pont de From The Dark Past.
Mayhem réveille les ténèbres, active le chaos, démolit simplement tout ce qui se trouve sur son passage avec ses riffs qui, malgré les années, n’ont pas pris la moindre ride. Même plus de vingt ans après sa sortie, De Mysteriis Dom Sathanas reste indépassable dans sa capacité à produire une aura malsaine, chaque riff pue la haine, chaque titre semble plus violent que le précédent, chaque hurlement est un cri de dégout jeté à face de l’humanité, et bordel de merde, ça fait du bien là où ça passe. Entre chaque morceau plane une musique d’ambiance, nappes sombres, brèves accalmies donnant encore plus de valeur à la démence qui explose par la suite.
D’un bout à l’autre de son set, Mayhem est impérial. Hellhammer derrière son mur de toms et sa forêt de cymbales met la branlée à tout les autres batteurs du week-end, ce type est une véritable machine, tout en sachant garder suffisamment de spontanéité (ce jeu de cymbales, incroyable !) pour parvenir à surprendre encore. Les deux guitaristes session encagoulés font le taff, pendant que Necrobutcher se balade sur scène, lançant de temps à autres un regard au public. Et bien sûr Attila, dans son habit de chaman, se tortille, possédé, en vomissant ses textes dans des vocaux plus cinglés les uns que les autres. Un pari réussi pour les Norvégiens, parvenir à transposer toute la folie de leur album culte sur scène. Grandiose.
Nostalmaniac : Je ne sais pas vous mais « De Mysteriis Dom Sathanas » est de ces albums qui m'ont beaucoup marqué plus jeune. Cette voix inhumaine, ces riffs infernaux, cette atmosphère macabre. Un album qui a donné ses lettres de noblesse au Black Metal. Souvent imité mais jamais égalé ! La quintessence du Black Metal, sûrement. Une quintessence proposée en intégralité pour cette venue des Norvégiens en Bretagne. Une sorte d'avant-première de la tournée commune avec Watain qui se déroulera en décembre et fera halte à trois reprises en France. J'attendais ça avec impatience surtout que je n'ai jamais vu Mayhem auparavant. Je suis les balances et le décor qui se met en place. Le backdrop de la pochette me donne déjà les premiers frissons. On dispose également l'autel avec les bougies devant l'imposante batterie du sieur Hellhammer, toujours fidèle au poste. Le décor est planté pour une cérémonie qui s'annonce mémorable. Bon, par contre, j'ai eu la mauvaise idée d'être au premier rang et dès que la machine infernale démarre, je n'entends qu'une seule chose : Hellhammer martyrise ses fûts et ses cymbales. Après quelques titres, je me résous donc à m'éloigner et là je peux un peu mieux apprécier le concert... et les guitares. Dans son style habituel, Necrobutcher défie et harangue la foule pendant que Attila Csihar fait réellement figure de prêtre démoniaque. Il y a bien quelques fausses notes ci et là mais rien qui ne gâche cette messe noire alors que la nuit a fini d'engloutir le jour. La folie de Mayhem est implacable et ce show délicieusement pandémoniaque. On a pas affaire ici à un groupe qui veut surfer sans réelle conviction sur son passé. C'était juste magistral ! L'espace d'une soirée, la cathédrale de Nidaros s'est érigée sur le site de Kerboulard avec un orchestre au sommet de son art. Le passé est bien vivant...
Jello Biafra and the G.S.M.
Supositor Stage
22h20 > 23h10
Romain : Tandis que la plupart des gens que je connais s’installent tous devant la Massey Ferguscene pour assister au concert de Cult Of Luna, le choix est tout autre pour moi, et irrévocable. Jello Biafra. Jello putain de Biafra. Le boss, le mec qui a plié le Punk game en huit à la fin des années 1970. Celui qui m'a fait bondir sur mon siège au moment où j'ai vu son nom à l'affiche. Si mes tentatives de convaincre mes potes d’aller voir le patron du Punk Hardcore n’ont pas fonctionné, il en faudra plus pour faire baisser ma hype.
Bien que je connaisse extrêmement mal la carrière solo du bonhomme, étant avant tout un énorme fan des Dead Kennedys, avoir l’occasion de voir l'un de ceux que je considère comme une légende vivante suffit amplement à me satisfaire. Mes attentes sont aussi grandes que je m’attendais à une grosse déception avant même d’avoir atteint la Warzone du Hellfest en 2015 pour le set des « Dead Kennedys ». Parce que ouais, sans Jello c’était pas les DK, mais je vais pas vous réécrire un pavé pour vous décrire à nouveau en détail le fond de ma pensée (allez voir dans ce report si ça vous intéresse, c'est tout en bas). Bref, je n’ai pas l’air d’être le seul à attendre avec impatience ce concert tant le public est à fond dès les premières minutes.
Accompagné par la Guantamo School Of Medicine, on constate vite que le chanteur n’est plus autant déchaîné dans ses mouvements que dans les années 1980, ce qu’on peut facilement lui excuser, la soixantaine approchant à grand pas. Toutefois, vocalement parlant, les textes sont gueulés avec la même voix et la même colère d’antan, et c'est le principal ! Musicalement, GSM joue un Punk Hardcore dans la pure lignée des bases posées par les DK. C’est rapide, énervé, ça permet de bien se bagarrer. Et ça me donne bien envie d'enfin me pencher sur les albums de la formation.
Biafra nous prouve également son engagement politique encore bien intact à plusieurs reprises pendant le set ; je ne vais pas le lui reprocher, bien au contraire, c’est juste dommage de s’être concentré sur des problèmes assez spécifiques de la politique américaine, sujet ayant l’air de toucher assez peu une grosse partie de public. Ajoutez à cela le niveau d’anglais en France… Vous m’avez compris. D’ailleurs si certains d’entre vous savent si lors des passages parlés sur fond de musique, c’était du spoken word, de l’impro, ou un discours préparé à l’avance, ça m’intéresse (lâche donc un com et mets un pouce bleu !). En tout cas, ces interventions permettent au frontman d’exhiber son t-shirt anti-Donald Trump ainsi que de reprendre Nazi Punks Fuck Off (qui est bien un morceau des Dead Kennedys et pas de Napalm Death hein) remodelé pour l’occasion en Nazi Trump Fuck Off. Un changement faisant bien plaisir au public. Ajouté à un California Über Alles, paroles également réécrites pour coller plus à l’actualité, ainsi qu’à un Holiday In Cambodgia, et on a déjà un bon quota de classiques des DK, même si bien évidemment on en aurait aimé plus. Dispersés ici et là dans le set, ces morceaux permettent de conserver une ambiance bien torride dans la fosse.
Le set se déroule à vitesse grand V, on profite de chaque instant à fond. Mais à un moment, faut que ça s'arrête, on gueule notre contentement et on s'en va, exténués. Le genre de concert qui te lessive, qui te colle un bon gros sourire de con sur le visage alors que t’es sobre et qui te rend incapable d’aligner plus de trois mots cohérents pendant les heures qui suivent à l’exception de « Putain y avait Jello Biafra… Et c’était trop bien. »
Cult Of Luna
Massey Ferguscene
22h20 > 23h10
S.A.D.E : Pas facile de redescendre après Mayhem pour aller profiter de Cult Of Luna. Les Suédois décident d’ailleurs de poser leurs couilles sur la table en entamant leur concert par Vicarious Redemption, soit presque vingt minutes de montées et de descentes émotionnelles. Et putain, ça fonctionne sans problème, la lente et inexorable avancée de la première moitié capte petit à petit le public qui finit par entrer en communion avec le groupe. Un petit souci de basse viendra légèrement ternir le morceau, ainsi qu’un manque passager de guitare sur le passage lumineux après la séquence électro, mais malgré ça, Cult Of Luna a déjà fait décoller tout le monde. Et ça continue avec I : The Weapon aussi cathartique que puissant, dérouillant toutes les nuques présentes, en nombre, sous la Massey Ferguscene. L’éclairage, très blanc, s’accorde magnifiquement bien avec l’aspect assez froid de la musique, et c’est en un éclair que passent les deux derniers morceaux du set : Ghost Trail et In Awe Of. Pif, paf, pouf, fin du concert. Trop court mais tellement intense.
Panzerbrume : C'est parti pour la triplette qui m'a fait craquer et m'a décidé à bouger mon cul à Saint-Nolff. Trois des gros noms de ce Roadburn 2016, ça va peut-être me donner un aperçu de ce que peut être ce festival dont tout le monde me parle ! C'est donc entouré d'un halo de lumière sélène que l'atmosphère se détend, pendant la longue introduction de Vicarious Redemption, préparant à l'explosion qui va suivre. Le concert est extrêmement intense, l'espace sonore est archi saturé, mais le son reste clair. Ghost Trail est une putain de tuerie ! Bordel, cette montée en intensité d'un bout à l'autre du morceau !! Bref, Cult of Luna en live, c'est de la drogue auditive, le genre de musique par laquelle on se laisse porter avec plaisir d'un bout à l'autre du concert en espérant que la descente ne sera pas trop violente...
Dolorès : Il y a énormément de monde sous la Massey, attendant Cult Of Luna avec pas mal d’avance, déjà 30 minutes avant le début du set, alors que Mayhem semble ravager la scène principale, non loin de là. C’est dans une quasi-obscurité que le groupe commence son show, la lumière venant peu à peu s’infiltrer sur scène pour laisser apparaître les silhouettes, puis les gestes de plus en plus frénétiques des musiciens, dévoilant également les deux batteries, côte à côte sur la scène, comme deux chars de guerre prêts à incendier le concert. On sait à quoi s’attendre, et on ne sera pas déçus. Je suppose qu’environ 75% du public ont, comme moi, succombé à une sorte de transe pendant ces 50 minutes marquées par seulement quatre morceaux (rien que « Vicarious Redemption » fait 20 minutes, belle entrée en matière dirons-nous). N’ayant pris aucun psychotrope, j’ai pourtant vu des choses que je n'ai jamais vu auparavant, une confrontation permanente de couleurs, de rythmes et de motifs indescriptibles. J’ai fermé les yeux dès que je me suis posée dans le public après avoir pris mes quelques photos devant les énergumènes et leurs instruments, et ne les ai rouverts que lorsque quelqu’un me bousculait, cassant légèrement l’instant. Et ce n’est que le début de cette soirée d’enchaînements attendue par beaucoup de festivaliers…
Question setlist, je ne suis pas tout à fait convaincue, bien que j’aie vécu quelque chose d’incroyable à ce moment-là. « In Awe Of » est merveilleuse en fermeture, mais j’ai toujours une préférence pour les albums « Eternal Kingdom » et « Salvation », dont ils n’ont pas joué mes pièces favorites, tant pis. A vrai dire, j’ai eu du mal sur le moment à dissocier les changements de titres tant l’ensemble formait un flux continu, fluide, une vague emportant les esprits vagabonds du public pour les fixer à leur musique.
Neurosis
Dave Mustage
23h15 > 00h10
S.A.D.E : Ok, avec Neurosis arrive maintenant le moment où je manque de superlatif. Mayhem : grandiose. Cult Of Luna : intense. Neurosis ? au-delà de tout. Les Américains ont tout simplement relégué la concurrence à des années-lumière, aussi rude cette dernière soit-elle.
Pour fêter ses trente ans d’existence, Neurosis a juste sorti le mega best-of : Times Of Grace, Given To The Rising, Bending Light, Lost, Broken Ground et Locust Star. Réécoutez-vous ces titres, bien fort, essayez de les imaginer en cent fois plus puissant, et vous êtes encore loin du compte. Il est complètement illusoire d’imaginer réussir à retranscrire par de simples mots la grandeur et la toute puissance de Neurosis. Là où Cult Of Luna fait dans le froid et lumineux, Neurosis laboure depuis trente ans le sillon de l’organique, du chaud, du sombre, du sang qui bat et bout dans les veines avant de jaillir, rouge noirâtre, lorsque la lame vient trancher la jugulaire. Neurosis t’appâte, tapi dans les ombres, t’envoûte avec ses ambiances hypnotiques, avant de te sauter à la gorge et de ne plus te lâcher, plus jamais, du moins pas avant de l’avoir décidé. Et quand la bête daigne finalement laisser pourrir les restes de carcasse, elle se place tout en haut d’une falaise, après une montée intense de plusieurs minutes, où les trois voix prennent de plus en plus de place pendant que les guitares déroulent des accords monstrueux, et elle, la bête, coupe les derniers fils de vie d’un seul coup : extinction brutale et soudaine des feux et des sons, noir total, et débrouille-toi pour retrouver tes repères.
Panzerbrume : ... et pour soigner la descente, le Motocultor nous a prévu le grand patron du Doom/Sludge/Post-Hardcore, le groupe que 90% de cette scène actuelle cite comme influence principale. Neurosis. Pour rester dans cette vague de puissance qu'avait initiée Cult of Luna, les Américains attaquent directement par l'éponyme de Times of Grace, et ses riffs lents, lourds, mais pourtant si brutaux ! Contrairement au groupe précédent, on voit la scène à travers la fumée. Les musiciens accompagnent les lourds changements de riffs par de violents coups de manche, comme autant de coups qu'ils nous mettent dans la gueule. Le concert se passe, les compos sont variées, toutes tirées de différents albums/périodes du groupe, à l'exception du prochain album qui sortira fin septembre, Fires Within Fires, mis en avant via deux titres : Bending Light et l'excellent Broken Ground ! En résumé, les patrons restent les patrons, vivement la sortie de l'album !
Nostalmaniac : J'y reviendrai plus largement dans la conclusion finale, mais il faut bien féliciter le Motocultor pour sa programmation. Même si l'acharné de Heavy qui sommeille en moi n'est pas de cet avis. Mais bref, Neurosis ! Ce merveilleux OVNI du Metal extrême. Je ne vais pas m'amuser avec les étiquettes, c'est bien trop réducteur pour un groupe pareil mais il faut bien leur reconnaître le fait d'avoir bousculé les codes et les genres avec maestria pour consolider une identité forte qui fait tout l'éclat de leur réputation. Ce soir, ces cinq musiciens vont proposer une hypnose collective à l'aide de leurs instruments. Les Américains démarrent fort, très fort avec le morceau-titre de leur sixième galette « Times of Grace » (1999). Considéré comme leur meilleur opus par beaucoup. Je suis complètement conquis, surtout que le son est vraiment bon et met en valeur tous les instruments dont le clavier qui occupe une place importante. On enchaîne sur le tortueux "Given to the Rising", morceau qui figure sur l'album éponyme sorti en 2007, et qui ne fait pas retomber l'ambiance. Bien au contraire... Les superlatifs me manquent quand j'y repense. Ça faisait surtout longtemps que je n'avais plus aimé à ce point un concert. Je me sens dans un état second, comme transporté dans les pochettes de leurs albums et condamné à y rester. Alors qu'ils s'apprêtent à sortir prochainement un nouvel opus (leur onzième), on aura droit à deux extraits : "Bending Light" et "Broken Ground" qui suffisent à me faire dire que celui-ci sera grandiose. L'incontournable "Lost" figure aussi sur la setlist. Le "Are you lost ?" prend tout son sens. Je suis perdu, confus ...et heureux. Quel concert... Un concert qui se termine avec le non-moins incontournable "Locust Star" (tiré de « Through Silver In Blood » paru en 1996). Je suis en transe... Notre plus grand fan de Neurosis dans la rédaction, Balin, me glisse dans l'oreille que Dave Edwardson ne chantait curieusement pas dessus alors qu'à la base il chante pas mal sur ce morceau. Ce qui donne un sentiment assez bizarre car le titre s'en retrouve modifié. Un léger bémol qui n'entache rien à une performance de haut niveau. Redescendre sur terre pour aller danser sur Carpenter Brut s'annonce impossible pour ma part...
Romain : Notre rédac chef, Max Nostalmaniac himself, complètement ivre, m’a bloqué la vue. Après on a tenté de prendre un selfie puis on a parlé de loutres. Le reste, les collègues l’ont déjà dit : le concert était mortel.
Setlist:
Times of Grace
Given to the Rising
Bending Light
Lost
Broken Ground
Locust Star
Carpenter Brut
Massey Ferguscene
00h20 > 01h10
Panzerbrume : C'est l'heure de la pause dans l'enchaînement de folie. A en juger par le nombre croissant de mes potes portant des T-shirts Carpenter Brut, ça devrait être pas mal ! C'est une formation que je connais finalement assez peu, ayant plus accroché à Perturbator dans le style et n'ayant jamais vraiment fouillé beaucoup plus loin. Bah, j'aurais dû. Dès les premières notes de Division Ruine, c'est la folie, et je dis ça tant d'un point de vue musical que du public. Le gratteux s'éclate, le batteur joue avec la régularité d'une boîte à rythme, le DJ fait des trucs que je ne discerne pas de là où je suis, mais ça lui plaît bien, et les spectateurs se trémoussent de bien des manières !
Le décorum est aussi assez chiadé, et colle parfaitement à l'esprit rétro Synthwave du projet : des néons posés sur le sol, un écran géant sur lequel sont projetées des images de films kitchs à la Mega Force, un jeu de lumières épileptique... et surtout à nouveau un son de porc ! Niveau compos, c'est la fête ! Du rythmé avec Roller Mobster, un peu de détente avec Paradise Warfare, pour un final karaoké sur une version revisitée à la Carpenter Brut de Maniac (et visiblement très attendue du public) !
En résumé, Carpenter Brut, c'est la fête, la fête et encore la fête, mais ça reste avant tout de la putain de musique, avec une grosse recherche derrière ! Chapeau bas !
Dolorès : Ne connaissait que très peu Neurosis (ça fait partie des groupes dont je dois écouter la discographie tant j’aime le peu que je connais mais que j’oublie), je préfère ne rien écrire. J’enchaîne sur Carpenter Brut que j’ai honteusement loupé à Nantes en janvier parce que je n’avais pas vu venir le sold out de la soirée. J’aurais préféré découvrir en salle, mais je n’ai pas grand chose à redire sur leur performance open air de ce weekend. Les copains, l’ambiance, la setlist, les lumières, et le son sont là. Si tout n’est pas parfait, on passe quand même tous un bon moment. En effet, certains titres semblent ne pas être "entiers", manquer de consistance, des pistes manqueraient-elles ? C’est une impression, mais ça peut se tenir si c’est histoire d’épurer l’ensemble pour passer en live. Ensuite, c’est étrange le passage des concerts de Cult Of Luna, et Neurosis, avec un public tout en lenteur et en transe, à Carpenter Brut où des dizaines de personnes se sont senties obligées de pousser tout le monde pour gagner 1m50, sur le côté de la scène pourtant… Ce qui ne m’est arrivé devant aucun concert de Metal (et tant mieux, je fais partie des gens bien lourds qui détestent qu’on les bouscule lorsque le concert ne s’y prête pas).
Bon, évidemment, on fait le tour des tubes qui proviennent des trois EPs, on regarde les vidéos de fond style nanar kitsch des 80s, on observe comment la scène peut sembler si remplie avec trois mecs (dont quand même une batterie et une guitare, spécificité de Carpenter Brut par rapport aux autres projets d’un style proche) et un écran. Mais l’effet est là, on ne s’ennuie pas, ça danse, visuellement ça envoie, et c’est le principal. Reste, si je me souviens bien, un titre qui n’a pas eu de vidéo, je ne sais pas si c’était volontaire ou non, mais si ça l’est, c’est dommage car ça coupe un peu la fluidité de l’ensemble. Puis, bon, un concert qui se termine sur une reprise de « Maniac », le titre fameux de Flashdance, avec un public totalement euphorique… On ne peut plus être objectif après ça.
Romain : Il y a beauuucoup de monde devant la Massey Ferguscene au début du set de Carpenter Brut, m’empêchant de me frayer un chemin vers une zone du public où les gens s’ambiancent correctement. Je suis donc sous le côté du chapiteau, entouré de festivaliers complètement statiques, en décalage avec la musique électronique ultra énergique du trio. Cela, couplé à la fatigue grandissant en cette fin de soirée, m’empêche de profiter à fond du concert. C’est dommage, tous les éléments étaient pourtant réunis pour me séduire : des morceaux dansants, un groupe énergique, une très bonne qualité de son… Je me contente donc principalement de regarder les images de films de série Z du siècle dernier diffusées sur l’écran derrière la scène. Le concert était cool, mais j'aurais pu plus kiffer.
Amenra
Dave Mustage
01h25 > 02h25
Panzerbrume : La fatigue commence à se faire sentir, mais c'est l'heure de la troisième lourde branlée de la soirée. Si je m'attendais à des claques de la part de Neurosis et Cult of Luna, je connaissais moins Amenra, et mes attentes n'étaient donc pas aussi grandes. Et pourtant, quelle atmosphère ! Quelle violence ! Les compos sont lourdes et épiques à la fois (Razoreater !!!), puis s'arrêtent abruptement pour remettre une plus grosse mandale par la suite. Le chant possédé rajoute une dimension folle au tout, avec un jeu de scène du chanteur à la Dragged Into Sunlight, noyé en avant dans la fumée et en arrière dans les images projetées de nuages.
Si l'ami S.A.D.E juge que Neurosis a mis la concurrence en PLS, c'est pour moi Amenra qui a pris la place de concert du fest. Au-delà de la violence, il y avait tellement d'émotions dans ce show. Nowena | 9.10 donne l'impression d'être une petite chose aux pieds d'un immense géant, Am Kreuz est ultra oppressante, et ce riff entêtant sur Silver Needle Golden Nail pour finir avec la même sécheresse que sur album ! C'est complètement fou ! La trop petite heure de set est passée à une vitesse incroyable.
PS : à celui qui s'amusait à faire des canards en ombres chinoises avec le vidéo projecteur pendant le set, va bien te faire foutre.
Dolorès : Après avoir pris une claque monumentale en octobre dernier, à l’Astrolabe (Orléans), voilà que je vois le monstre sur scène en open air, et il faut avouer que le contraste est étonnant. Je passe d’un concert intimiste, renfermé sur lui-même en comparaison, dans une salle un peu tamisée, toujours aux projections bleuâtres, ternes, grises, à une échelle qui ne semble pas leur correspondre à première vue. Les musiciens sont bien écartés les uns des autres sur cette immense scène, la Dave Mustage est plus que remplie pour cette clôture de journée, et alors qu’en petite salle, ils avaient commencé par « Boden » qui était une ouverture juste parfaite, Amenra démarre les hostilités par un titre inattendu, « The Pain. It Is Shapeless. We Are Your Shapeless Pain. ». Ils joueront « Boden » un peu plus tard, et je ne sais pas ce que ça aurait rendu en premier titre, sur cette scène, dans ce festival, avec un public encore un peu dissipé lors du crescendo des premières notes et de ces claquements rituels et tribaux comme seules percussions, mais cela m’a un peu déçue de les voir débuter avec un morceau plus rentre-dedans. On peut quand même dire que ça annonce la couleur, et que la part un peu plus inédite est passée, puisque le groupe joue des titres plus habituels sur le reste de leur performance. La setlist est d’ailleurs peu surprenante dans sa suite, entre les titres de « Mass V », et « Am Kreuz », ou les attendus « Razoreater » ou « Silver Needle. Golden Trail ». Ne manque qu’un titre, « Aorte. Nous Sommes Du Même Sang », que j’étais très déçue de ne pas entendre puisqu’elle correspond pour moi à un temps fort de leur concert, rien que pour son riff d’intro, cette tension qui monte…
A cette heure-là, beaucoup ont tenu le coup après l’enchaînement des monstres qui sont passés, il s’agit en quelque sorte de l’épreuve finale. On est tous crevés, l’atmosphère est très spéciale, quelque chose de très particulier se crée entre les compositions du groupe, et la fatigue générale du public. Le show a quelque chose d’à la fois hypnotique et extrêmement éprouvant. Les émotions sont telles, qu’elles viennent appuyer sur nos muscles, sur notre respiration, et j’étais personnellement à la limite de m’évanouir dans cette ambiance oppressante. Ce n’était pas pour autant un mauvais concert, bien au contraire, Amenra est de ces groupes qui proposent un show dont on se souvient toute sa vie je pense, et celui-ci était encore un peu plus spécial, à sa manière.
Nostalmaniac : Comme mes petits camarades, la fatigue se fait fortement ressentir et pourtant, il faut rester éveillé, car c'est Amenra qui s'apprête à jouer. Un groupe qui ne se produit pas n'importe où et n'importe quand (et de moins en moins à l'avenir à en croire de récentes déclarations et la présence de Vice pour un documentaire spécial). Mes compatriotes proposent un Doom/Sludge aux relents atmosphériques. Distorsions, noirceur et lourdeur au menu. C'est dans un état second que j'apprécie ces morceaux fleuves où cohabitent souffrance et désolation dans un grand bain noir d'intensité. Un écran avec rétro-projecteur aide à vraiment s'immerger surtout quand il s'agit du titre "Boden" qui a bénéficié d'un clip magnifique. Les Flamands proposent une interprétation live de haute volée avec ses bruits métalliques qui s'entrechoquent et sa montée en puissance jubilatoire. Lancinant, captivant ! Décrire un live de Amenra, c'est décrire un magma sonore qui inonde tout tes sens (même fatigué, eh). On retrouve aussi une diversité dans leur palette d'émotions, à travers des sonorités particulières, mais aussi un chant très expressif. "Nowena | 9.10", encore un titre de leur dernier album sorti en... 2012, est une traversée, un exil au plus profond de soi-même. - "the past is your now... the present now passed ... now is the time" -Quelque chose de difficile à décrire en fait mais l'interprétation live, encore une fois, ne laisse pas de marbre. Et c'est toute leur prestation qui ne laisse pas de marbre. Car oui derrière une apparence chiante et peut-être élitiste, c'est le genre de musique qui se vit plus qu'elle s'écoute entre deux playlists random. D'autant plus en live où toute distraction est une fuite en avant. Fuir, je n'ai pas fui. Je me suis laissé absorber par leur musique et que c'était ... intense. Un autre moment fort du festival après Neurosis.
Romain : C’est après une combinaison, de bière, de joint, et de fatigue s’intensifiant exponentiellement avec les minutes, que je me rends à la Dave Mustage pour terminer cette deuxième journée avec Amenra. Le problème, c’est que ce cocktail ne me permettra de me rappeler que des grandes lignes du concert : c’était musicalement énorme, les musiciens étaient à fond, le son était monstrueux, les lumières hypnotisantes et… C’est à peu près tout. La musique du combo belge m’a presque littéralement mis en transe, et je quitte le site du festival comme sortant d’un rêve, lavé de toute matière grise, groggy, idées et souvenirs embrumés. Dommage que je ne me rappelle pas de plus de détails, mais au moins je sais que la soirée s’est achevée de la meilleure des manières.
Setlist:
The Pain It Is Shapeless We Are Your Shapeless Pain
Razoreater
Boden
Terziele
Nowena | 9.10
Am Kreuz
Silver Needle. Golden Nail
Autant dire que cette soirée n'était pas de tout repos, mais remplie d'émotions et d'expériences plus que marquantes...
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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos par Dolorès, équipe Horns Up.
Report - Jour 1