Un mec qui écrit des trucs.
Les Acteurs de l'Ombre ça devient quand même une sacré entité dans le Metal français. Aux visages un peu multiples, œuvrant dans l'underground mais pas trop non plus, signant des groupes avec une patte bien particulière et ayant un sacré flair quand il s'agit de dénicher des perles. On reparlera pas encore des fers de lance que sont Regarde Les Hommes Tomber ou The Great Old Ones, des multiples dates organisées dont celles 100% LADLO qui sont toujours d'énormes branlées dans la tronche, ou des perles sorties de nulle part comme Maïeutiste ou Déluge. Globalement on sent un esprit commun et on va bien l'avouer, tous les fans de Metal Extrême trouvent leur bonheur dans les sorties de l'institution. En revanche, le label est jusque là surtout ancré dans le Black Metal, souvent assez Post ou au moins hipster moderne. Et c'est là que Barus débarque dans le game. Un simple EP, 4 titres, première sortie, gratuit début 2015 et finalement édité en janvier dernier par le label sous forme physique. Et on le dit tout de suite : c'est une jolie branlée dans la gueule.
Le groupe œuvre dans un Death Metal profond, occulte et à facettes multiples. Formé très récemment, il suffit de mater un peu le line-up et on comprend où ça va. Coucou la moitié des têtes pensantes de Maïeutiste. Et on se retrouve donc avec une grosse œuvre de Death Metal ultra intense et barrée, aux quatre morceaux finalement relativement progressifs et mêlant un peu tout et n'importe quoi comme ambiances. Pour vraiment voir ça de loin, on y trouve des ambiances tordues chères à Morbid Angel mais injectées dans une musique rappelant bien plus un Tryptikon qui s'amuserait avec les côtés les plus lourds et violents de Meshuggah. Pour vraiment schématiser hein, parce que par la suite de la chronique je vais être obligé de faire un vieux simili track-by-track vu que les quatre pièces qu'on nous présente ici sont chacune mues par des volontés propres. Mais si quelque chose se dégage du tout, c'est bien une intensité assez prenante et l'ambiance à la fois céleste (dans le sens anti-cosmique complet) et suffocante des fumées d'encens.
Malgré la distorsion sale et les atmosphères qui peuvent se faire poisseuses, Barus reste résolument moderne en offrant la mixture parfaite du groupe de Death complètement dans l'ère du temps en 2016. Usant et abusant de sonorités et riffings empruntés au Doom et au Black Metal, avec un chant aux personnalités multiples qui n'hésite pas à se barrer en incantations épiques, le parfait manuel de l'occultisme de maintenant, mais utilisé avec parcimonie sans jamais en faire trop. "Tarot", en ouverture, est pour le coup le morceau le plus typé Death des quatre, avec un niveau technique quand même relativement élevé qu'on attendait pas forcément. C'est le jour et la nuit avec un chef d’œuvre comme l'absolument monumental "Cherub" (au niveau de la composition, pas de la qualité, qu'on s'entende bien) qui pour le coup se vautre au démarrage dans un Death/Doom tétanisant et écrasant avant de s'envoler vers des contrées autres, usant de chant clair complètement épique et possédé, et intégralement en français s'il vous plaît. Dernier titre qui nous martèle "ON EST SIGNÉS CHEZ LADLO REGARDE" mieux que quiconque, que ce soit dans sa progression ou ses mélodies, ou juste sa manière de nous donner envie de tendre les deux bras vers le ciel pour rejoindre les machins informes qu'on invoque tous ensemble.
On peut aussi revenir sur "Chalice" qui pour le coup met bien en avant l'influence Meshuggah dont je parlais (l'intro nous renvoie en plein milieu de "Koloss", oui ce Meshuggah là) avant de nous faire redécoller dans d'autres paysages en scandant des DRINK IT ! DRINK IT ! jouissifs. On peut aussi parler de « Disillusion » qui sonne le plus moderne du lot. On peut. Et on peut aussi donner une chance à l'EP, prendre quelques 23 minutes de son temps pour l'écouter, vu qu'en son domaine il met quand même une sacré mandale à beaucoup de formations du même créneau. Dévoilant de nombreux visages, utilisant de tous ses atouts avec très exactement le dosage qu'il faut, pas la sortie du siècle mais remplissant toutes les cases de la catégorie "EP carte de visite qui poutre". Alors en jetez plus, suivez les en même temps que tout le catalogue, on a plus qu'à attendre qu'ils nous envoient une œuvre plus conséquente histoire d'avoir un bloc moins disparate. Quelle que soit l'orientation prise par la suite après tous ces différents tests, on attend une branlée. Au boulot messieurs !
Tracklist :
1 – Tarot
2 – Disillusion
3 – Chalice
4 – Cherub