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Album

21 mars 2016 - S.A.D.E

Plebeian Grandstand

False Highs, True Lows

LabelThroatruiner Records
styleBlack Metal / Noisecore
formatAlbum
paysFrance
sortieavril 2016
La note de
S.A.D.E
6.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

Plebeian Grandstand avait surpris pas mal de monde avec Lowgazers, prenant d'une certaine manière le contre-pied de leur premier album How Hate Is Hard To Define, en expulsant la composante délirante pour insérer un aspect plus sérieux et froid. Plus de sonorités black metal, moins de hardcore, pour résumer à gros traits. Et donc là-dessus, deux ans après et sans split ou EP entre temps, False Highs, True Lows débarque, toujours chez Throatruiner et toujours produit par Amaury Sauvé.

Mal Du Siècle, intro brève qui appelle l'attention avec un son de cor triste prépare le terrain pour Low Empire et dès les premières secondes, une chose est certaine : c'est la recette Lowgazers qui est de retour. Blast continu, riffing dissonant et froid, chant déshumanisé, l'ambiance est haineuse et dense. Si la rupture entre les deux premiers albums était assez surprenante, ici on reste dans le terrain déjà défriché par les Toulousains sur leur LP précédent. Le son est mat, froid, compact, on ne respire quasiment jamais sur les huit morceaux de l'album. Même Tame The Shape, morceau (presque) sans blast et plus tourné sur l'atmosphère que sur l'agression, est asphyxiant au possible. Le son des guitares est méchamment pernicieux, une vilaine sensation de malaise s'en dégage en permanence, combinaison de noise et de black metal aussi compact que grinçant. Derrière ça, la batterie mitraille du blast une grosse moitié du temps, le reste étant rempli par un tapis de double et/ou des descentes de toms, autrement dit, un jeu qui en fout partout et presque un peu trop.

C'est d'ailleurs un peu le problème de cet album. Plebeian Grandstand a voulu rester dans la ligne de Lowgazers en accentuant encore l'aspect black metal de la chose et sort avec False Highs, True Lows un album globalement trop plein. Trop plein de blast donc, mais aussi trop plein d'effets sur le chant (la première moitié de Volition) et trop plein de dissonances blackisantes un peu attendues. Et puis surtout, il manque l'effet de surprise qu'avait Lowgazers. False Highs, True Lows est dans la droite ligne de son grand frère et ne fait que repasser par les chemins déjà explorés, là où on aurait pu s'attendre à une nouvelle rupture dans le style. Et le problème, c'est que la niche black noisecore où est allé Plebeian Grandstand est très étroite, avec une marge de manoeuvre et d'évolution limitée. On a donc un album qui ressemble furieusement au précédent dans ces effets et sa construction.

Reste quand même que False Highs, True Lows réserve quelques moments de bravoure bien violents qui vous scotchent dans votre siège. En premier lieu le final, Eros Culture, qui, même en bout de course et après un certain nombre d'agressions déjà bien crasses, arrive à nous infliger une ultime mandale qu'on n'aura pas vu venir. Oculi Lac est également un bon morceau, plus varié dans sa construction, avec moins de longues plages monolithiques que sur les autres et donc offrant un supplément de fluctuations appréciable.

False Highs, True Lows est un bon album mais qui souffre de la comparaison avec son prédécesseur. Trop de similitudes, trop de redites et pas assez de nouveautés pour être pleinement emballé. Sans être un échec, ce nouvel album de Plebeian Grandstand laisse un petit goût de déception, le groupe s'est trop enfermé dans son pré carré, à la différence, par exemple, de leurs collègues de The Rodeo Idiot Engine, qui, sur leur dernier album, tout en gardant leur son et leur identité, on réussit à se renouveler. Un album en demi-teinte donc, qui ne démérite pas mais qui ne laissera pas non plus un souvenir impérissable.

Tracklist de False Highs, True Lows :

01.Mal Du Siècle
02.Low Empire
03.Tributes And Oblivions
04.Volition
05.Mineral Tears
06.Oculi Lac
07.Tame The Shape
08.Eros Culture