Un mec qui écrit des trucs.
Ah, voilà un album à la fois ultra attendu et loupé par pas mal de monde. Le gros truc mastoc supposé à la fois laver l'honneur et aller de l'avant. Et pour cause, paie ton all-star band. Notre bon vieux LG Petrov venu répandre tous ses habituels fluides corporels sur le parquet du studio, secondé par l'actuel bassiste de Entombed AD, et par dessus on rajoute du guitariste et du batteur de Necrophobic (om nom nom) ainsi qu'un soupçon d'ancien batteur de Dark Funeral. Et là on se dit : WOW ! Enfin un bon gros album bien poilu qui va nous faire oublier l'énorme étron de Entombed AD de l'année dernière ! Et vous aurez raison. Car, sans être l'album de l'année, et tout en sachant parfaitement que dans 6 mois plus personne ne l'écoutera (à moins qu'on se bouffe une tournée et franchement j'en serais le premier ravi), ce joli petit Firespawn s'impose comme un bon plat de résistance, en bon mode d'emploi de comment faire du Death Suédois quand on a de la bouteille (et pas que dans le gosier).
Le plus surprenant dans tout ça, c'est que c'est justement Victor Brandt (le bassiste de Entombed AD pour ceux qui ont la flemme d'aller sur Metal Archives) qui a composé la grosse majorité de cet opus. Donc, pour récapituler, c'est un membre de Entombed AD qui arrive à nous balancer tout seul un opus qui met Entombed AD en PLS. Ben bravo. Du coup on a plus qu'à espérer qu'il soit plus impliqué dans la conception du prochain parce que si il est encore aussi merdique que "Back to the Front" on saura qui accuser. Parce que voilà, c'est mignon de balancer des riffs mous qui groovent vite fait mais je vois pas comment l'album sus-cité peut rivaliser avec ne serait-ce qu'une seule minute d'un titre comme "The Emperor", démarrage du feu de Dieu qui envoie les riffs de la mort, les beuglements caverneux, les gros blasts de derrière les fagots et s'impose juste comme un archétype du Death Metal à l'ancienne joué dans les années 2010. Et puis après y'a "Imperial Burning", morceau mid-tempo chiant comme la mort et on retombe un peu sur terre en montrant donc du doigt le souci numéro 1 de "Shadows Realms" : il est bien inégal, parce qu'ils ont voulu y aller de la variété, avec une tracklist superbement agencée entre vitesse et lourdeur, sauf que les morceaux lourds sont relativement merdiques.
Bref, on va du coup arrêter le cassage de Maître Suédois parce qu'on a compris et que c'est pas constructif, pour se concentrer sur ce qu'on a là. On sait ce qu'on a : un gros Death Metal qui pète à la gueule, avec une pédale HM-2 qui a fait de la gonflette. Les influences ? N'importe quel groupe de Death Metal actuel, genre le Bloodbath des 10 dernières années, les patrons méconnus de Fleshcrawl, quelques riffs un peu Bolt Thrower quand ça charcle et des mélodies à la [insérez ici votre groupe de mélodeath préféré] quand ça patine dans le lait de fraise. Et du coup bien évidemment les ogives les plus violentes sont les meilleures, parce que le son est gonflé à bloc et que ça dégage du coup une fougue certaine avec un Petrov qui s'en donne à cœur joie avec sa grosse voix d'ogre. "Spirit of the Black Tide" réveille, "Ruination" encule, "Infernal Eternal" fait office de grosse faciale de fin et "Necromance" est un rouleau compresseur pour une fois efficace malgré l'intro sonnant bien trop comme un morceau culte de Decapitated pour ne pas être gênante. De quoi nous faire oublier une première partie d'album calamiteuse et aride passé l'énorme "The Emperor", je n'ai d'ailleurs toujours aucune idée de ce qui leur est passé par la tête pour la kitchissime "Lucifer Has Spoken" qui ressemble plus à un enchaînement de bonnes idées ratées qu'autre chose. Le délire sombre et religieux avec les chants grégoriens sur le refrain, sur le papier c'est super cool, mais là ben c'est mal fait, c'est chiant et c'est nul. Déso.
D'ailleurs on arrive presque à oublier cet échec vu que plus tard dans la tracklist on retrouve "All Hail" qui consiste en à peu près la même chose mais avec tout en mieux en troquant la prière contre la grandiloquence. Mais on va pas non plus s'attarder des plombes là-dessus vu que le leitmotiv numéro 1 de Firespawn reste taper fort en plein dans le visage et la plupart du temps ça s'en sort carrément bien. Juste un album décomplexé fait par des vieux briscards qui montrent leur talent avec une facilité déconcertante, distribuant des grosses tartes posés en tongs et en robe de chambre. Juste un album simple, avec ses forces et quelques faiblesses certes mais qu'on écoute juste avec plaisir et duquel on sort en se disant "ah ben okay, voilà, ça c'était du Death Metal". Brut de décoffrage, sombre, superbement illustré et joué par des boss qui auront toujours un niveau supérieur au tien peu importe dans quels projets à la con ils sont fourrés. L'album capital sympathie par excellence. Merci les gars, à la prochaine.
Tracklist :
1 – The Emperor
2 – Imperial Burning
3 – Lucifer Has Spoken
4 – Spirit of the Black Tide
5 – Contemplate Death
6 – All Hail
7 – Ruination
8 – Necromance
9 – Shadow Realms
10 – Ginnunga
11 – Infernal Eternal