Cela faisait longtemps que Vladimir Cochet n'était pas venu titiller nos tympans. Six longues années de silence, après un monstrueux Croire, Décroître de son projet black Unholy Matrimony, qui en avait laissé plus d'un sur le cul. Je perdais presque espoir de pouvoir entendre à nouveau quoi que ce soit du géniteur des géniaux Carriers of Dust et Anosognosic Industry Of The I et voilà qu'en cette fin d'année, l'ami Vladimir parle de ressortir ses trois projets du placard. Et c'est par Weeping Birth qu'il décide de préparer le terrain.
Il est difficile de ne pas parler de The Crushed Harmony sans devoir le comparer avec la discographie du monsieur. Les projets musicaux du bonhomme ont toujours su se distinguer les uns des autres en s'orientant chacun sur un axe bien précis :
Le black symphonique et baroque avec Mirrorthrone, le black metal bien cru mais sophistiqué d'Unholy Matrimony et le death légèrement black de Weeping Birth. Malgré les différences de styles entre ces projets, on y retrouve certains détails communs. Que ce soit quelques leads, du synthé ou même dans la structure des titres, la patte de Cochet est toujours reconnaissable entre mille.
La première chose qui frappe, c'est le son. Bien plus propre et puissant qu'avant, il accentue également le léger changement de style de cette harmonie écrasée. Une volonté d'évolution se fait ressentir, comme si notre bon vieux Vlad avait décidé de creuser plus encore l'écart stylistique entre ses projets.
Les deux autres nouveautés qui surprennent, c'est une légère baisse de tempo et la courte durée de l'album. Vladimir Cochet nous avait habitué à des albums se rapprochant des 50/60 minutes, alors qu'ici il n'est question que d'une petite demie-heure. Pour la vitesse, l'album reste dans des tempos rapides, entre 220 et 260 bpm. Aucune accélération vicieuse à 300 bpm n'est à attendre. Le rendu est certes moins nerveux et chaotique, mais la musique reste violente et carrée, rassurez-vous.
Si ce côté moderne, cette baisse de vitesse et la longueur de l'album peuvent faire peur de prime abord, il n'en est rien. L'impression d'écouter un Hate Eternal lunatique sous stéroïdes, plus chaotique et dissonant mais mieux maîtrisé et mélodique, permet à The Crushed Harmony de garder ce cachet propre à Cochet (hoho). L'album fait même le tour de force de sonner plus moderne tout en gardant ce souffle épique propre aux compositions du (petit) Suisse.
L'album dure certes moins que ce à quoi le bonhomme nous avait habitué, mais ce n'est absolument pas un point négatif, car The Crushed Harmony est sûrement la galette la plus accessible de la carrière de Cochet. L'écoute est bien moins endurante que les 68 minutes d'un Anosognosic Industry Of The I, qui ne se gênait pas pour mettre les nerfs à rude épreuve; rappelez-vous l'hyper violente Love, Death's Betrothed.
On se fait de nouveau happer par l'univers du Suisse, ce sentiment de haine, de violence, de noirceur et de mélancolie. On y retrouve aussi avec plaisir ces envolées guitaristiques entre deux gros blasts. Life in a Blood Spasm fait partie des titres qui marquent, avec sa petite mélodie à 2'05 qui reste en tête pendant toute la journée. Aux côtés de Hollow et Resurrection of Resentment (le passage à 0'45 est un petit bijou d'ailleurs), ces titres font très bien le pont entre le early Weeping Birth et ce dernier rejeton.
D'autres, comme Sunburnt et ses influs indus/cyber-metal ou Meant to Be Wrecked (et sa basse bien mise en avant) dévoilent et développent des facettes auxquelles Vladimir ne nous avait peu ou pas habitué. Le tout accompagné d'une boîte à rythme exemplaire faisant illusion, pour peu qu'on ne cherche pas la petite bête.
Cela faisait en effet bien longtemps que le sieur n'avait pas ressorti d'albums, et il commençait sérieusement à manquer. The Crushed Harmony est une petite perle, peut-être pas le disque de l'année, mais un album qu'on n'oubliera pas de sitôt et qui restera en tête un bon moment après l'arrêt de la galette. Et jetez vous sur les autres projets du monsieur, ils valent tous leur pesant de cacahuètes.
Tracklist:
1. Atonality
2. A Surface
3. Resurrection of Resentment
4. Sunburnt
5. Hatefilled
6. Meant to be Wrecked
7. Life n a Blood Spasm
8. Hollow
9. The Crushed Harmony
