Peu de groupes de brutal death aussi vindicatifs que Krisiun peuvent se targuer de 25 ans d'existence. Les trois frères brésiliens nous font alors le coup de l'album anniversaire, celui, vous savez, censé célébrer une longue carrière et offrir au passage le must du groupe. L'album à marquer d'une pierre blanche, celui qui montre que ça y est, le trio confirmé devient papy. Le problème, c'est que jamais je n'aurais pensé que parler de Krisiun en termes de personnes âgées me semblerait aussi vrai qu'à l'écoute de ce Forged in Fury.
Vous trouviez que les influences thrash et death old-school ruinaient AssassiNation et The Great Execution (Southern Storm remontant péniblement le niveau)? Serrez les dents messieurs-dames, ici c'est pire. Le groupe se veut par moments heavy, voire progressif, mais rate toujours le coche. On ne peut reprocher à un groupe de vouloir évoluer vers autre chose, malheureusement Krisiun arrive ici à des sommets de mollesse rarement atteints. L'album se fait pour la peine long, trop long -60 minutes au compteur, bonus compris- sachant qu'une bonne partie des titres aurait pu être amputée de ces riffs bouche-trous et usés jusqu'à la moelle.
Principalement mid-tempo, Forged in Fury ne décolle jamais vraiment. La faute à des morceaux mettant 100 ans à démarrer, le groupe étant trop occupé à montrer qu'il peut faire autre chose que du blast. Sauf que la sauce ne prend pas vraiment, et que le tout devient très vite ennuyant. Quelques relents d'inspiration sur Burning of the Heretic auraient pu jaillir si le groupe n'avait pas tout gâché par une tentative de riff groovy à la Pantera (que je n'aurai jamais pensé devoir citer en parlant de Krisiun, que ce monde me déprime !).
Il faut attendre Ways Of Barbarism pour avoir un semblant de ce que Krisiun peut offrir. Malheureusement, le titre sonne plus comme de la repompe de leurs anciennes productions. Il ne reste guère que l'intro acoustique de Soulless Impaler et l'outro Milonga De La Muerte qui sont plutôt bien écrites et demeurent les seuls morceaux à tirer leur épingle du jeu; même s'ils sont complètement hors-sujet par rapport au reste de la tracklist. L'autre bon titre est Earth Cremation, qui paradoxalement est un bonus et le meilleur morceau du lot. L'intégrer à l'album lui aurait permis de garder un véritable argument face à l'insipidité du reste.
La performance n'est pas à remettre en cause (quoique), c'est vraiment le songwriting qui pèche ici. Forged in Fury reste le cul coincé entre la roue libre et la paresse d'un côté et les expérimentations complètement foirées de l'autre. En baisse d’intérêt depuis AssassiNation, le groupe continue dans sa lancée et réussit à sortir un album encore plus ennuyeux que The Great Execution. Ramolli par un tempo qui a largement ralenti depuis quelques albums déjà et qui ne remontra probablement jamais de nouveau, l'album n'est pas intéressant et reste très oubliable. Espérons que le prochain album remonte le niveau, parce que la, c'est quand même un peu mauvais. Mais j'ai vraiment très peu d'espoir à ce niveau-la.
Tracklist :
01. Scars of the Hatred
02. Ways of Barbarism
03. Dogma of Submission
04. Strength Forged in Fury
05. Soulless Impale
06. Burning of the Heretic
07. The Isolated Truth
08. Oracle of the Ungod
09. Timeless Starvation
10. Milonga de la Muerte
11. Earth's Cremation
12. Electric Funeral (Black Sabbath cover)