Un mec qui écrit des trucs.
Niveau groupe qui nous revient de loin, Soilwork s'impose pas mal. Un démarrage en feu, certains des meilleurs albums de mélodeath qu'on ait jamais vus, et à partir du milieu des années 2000 une sacrée descente aux enfers avec des albums totalement oubliables et indignes. Genre pas si nuls, mais, sérieusement, on peut l'avouer, plus personne les écoute maintenant. Bancal, un compositeur qui fout le camp, régression au rang de second couteau avec pas grand chose de marquant à proposer, bref, la loose. Et là, en 2013, un double album océanique annoncé, et voilà qu'ils nous sortent simultanément deux fois leur meilleur album depuis 10ans et un des albums de l'année pour moi. Okay, la machine se relance, et ça sortait totalement de nulle part. Et deux petites années plus tard, ils reviennent sur le devant avec un nouvel opus. Histoire de voir si "The Living Infinite" était un coup dans l'eau ou pas. Et vous avez déjà vu la note, avant même de lire le moins mot de la chronique, donc pas la peine de maintenir le suspense : essai transformé.
En fait, j'avais juste une crainte avant de découvrir cet album, en ayant juste entendu le titre éponyme publié : que ce soit une simple redite des deux précédents, un prolongement de qualité mais pas forcément intéressant. Et si on a effectivement pas mal de morceaux qui pourraient s'y retrouver sans souci (et pas les meilleurs), "The Ride Majestic" est finalement bien plus ambitieux que ce qu'on pourrait penser au premier abord. On a donc le titre éponyme qui commence les hostilités de manière balisée mais appréciable, et quelques titres très classiques et donc un peu en dessous comme "The Ride Majestic (Aspire Angelic)" ou "All Along Echoing Paths" (et sa moshpart de couplet qui a strictement aucun sens), avec plus globalement une fin d'album moins percutante et tubesque que son entame (mais ayant d'autre qualités). Mais sinon, on se retrouve face à un fourre-tout qui multiplie les influences comme jamais le groupe ne l'a fait, et ça fait plaisir. L'album est surprenant dans le sens où il contient certains des passages les plus violents et brutaux que ces gars nous ait jamais proposé, alors que le tout se porte davantage du côté émotionnel et mélodique, reprenant ça du double album passé. Il n'y a qu'à voir dès le début d'album, avec l'énooooooorme "Alight in the Aftermath" qui nous sort des blasts de derrière les fagots avec un Dirk Verbeuren qui pète un plomb (cette fin!) enchaînée sur "Death in General" qui se la joue bluesy et exploite toute l'étendue du talent de Speed et nous rappelle son travail dans Night Flight Orchestra. Woutch.
On retrouve donc tout ce qu'on aime chez Soilwork, avec des titres qui auraient parfois pu se retrouver sur "A Predator's Portrait" par leur riffing (ce qui n'est pas la moitié d'un compliment, cf "Petrichor By Sulphur") mais surtout quelques joyaux qu'on a pas vu venir. Je suis obligé de citer "The Phantom", titre rapide, vénère et sombre qui rappelle presque Dissection (!) par moments et constitue l'un des meilleurs moments de l'album, mais on va pas s'arrêter là. Chaque titre contient tellement son petit truc à lui que tout décrire me donne l'impression de spoiler un film. La violence mélodique de "Shining Lights", le dernier titre en forme de longue complainte contrastée... Bref, vous avez compris le truc, "The Ride Majestic" est tout simplement un album riche qui part dans tous les sens, ayant de quoi conquérir les amateurs, et tant pis pour ceux qui le sont pas. Avec évidemment des musiciens au top. Même si on peut reprocher à Dirk de trop souvent blaster et taper comme un porc alors que parfois la musique par-dessus ne s'y prête pas tant que ça, on est surtout bluffés par une performance vocale qu'on avait jamais vue aussi maîtrisée et versatile, entre hurlements habituels et un timbre clair qui se veut de plus en plus Rock et Bluesy, pour ne déplaire à personne. Voilà.
On aura donc au final pas dû attendre si longtemps pour avoir un successeur à la renaissance de la décennie. Après s'être fait oublier et avoir galéré un bon moment, nos Suédois reprennent définitivement leur trône et démontrent que la prouesse précédente n'était pas un baroud d'honneur. Un tantinet moins tubesque et immédiat que d'habitude, mais bardé de bonnes idées et porteur du sceau du renouvellement, le groupe semble chopper enfin le second souffle qu'il lui fallait et casse tout. Amateurs de Death Mélodique mais aussi tout simplement de Metal mélodique et nerveux sachant tirer la corde sensible, vous avez là une pièce de choix. 2015 a déçu au début, mais la période noire semble terminée tellement les grosses machines se mettent à casser des gueules en cette période de rentrée scolaire. La suite au prochain épisode...
Tracklist :
1 – The Ride Majestic
2 – Alight in the Aftermath
3 – Death in General
4 – Enemies in Fidelity
5 – Petrichor by Sulphur
6 – The Phantom
7 – The Ride Majestic (Aspire Angelic)
8 – Whirl of Pain
9 – All Along Echoing Paths
10 – Shining Lights
11 – Father and Son, Watching the World Go Down