Fall Of Summer 2015 - Jour 2
Base de loisirs de Vaires-Torcy - Torcy
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Après un premier jour fort en émotion et en prestations impressionnantes, on entame le second un peu plus tôt que la veille !
Skelethal
Blackwater Stage
10:30 > 11:10
Sleap : Après mon réveil difficile lors du set matinal d'Hexecutor au Motocultor 2015, je peine une nouvelle fois à émerger pour voir les potes de Skelethal jouant à 10h30. Décidément, je manquerai toujours le début de set de mes collègues français dans les ''gros'' festivals...
Heureusement, après une lutte sans merci contre la fatigue, je déboule devant la Blackwater Stage vers le milieu de set. Et quelle surprise ! Les nordistes reprennent à ce moment Critical Madness de Autopsy (et d'une fort belle manière qui plus est) ! Tous les membres du groupe sont de plus assez charismatiques. Gui possède une voix puissante et rocailleuse et assure carrément niveau riffing, tout comme son compère Lucas (qui s'occupe également de certains soli avec une qualité d'exécution irréprochable). Ce dernier se déplace d'ailleurs beaucoup sur scène avec Hélène de manière à occuper efficacement tout l'espace qui leur est offert. Et que dire de Jon ! Le batteur utilise vraiment la totalité de son kit sur les différents plans ultra efficaces des compos. Et il s'improvise même Chris Reifert en assurant également le chant lors du morceau Putrefaction. Rien à redire, on a devant nous l'un des combos français les plus prometteurs en matière de Death old school ! Les jeunes lillois nous laissent sur le titre éponyme de leur démo Morbid Ovation avant de quitter la scène. Rien de tel pour me réveiller, j'ai à présent la patate pour attaquer cette intense dernière journée !
Hamferd
Blackwater Stage
12:00 > 12:40
Paul : Le premier concert auquel j'assiste aujourd'hui. Évidemment, au niveau du look la transition ne se fait pas sans difficulté entre Sabbat et Hamferd. Le groupe qui entre en costard sur scène, c'est du vu et revu et cela n'impressionne plus personne. Dans la continuité logique de ce choix visuel dont on peut toutefois contester la pertinence, le groupe se montre raide et impassible tout au long de son set, aussi froid que le Doom Metal qu'il nous présente en ce début de journée. Ce faisant, il sert son propos tout en prenant le risque de le rendre difficilement accessible au public. À la différence de celui de Candlemass hier, le Doom Metal de Hamferd ne s'emballe jamais, aucune accélération (aux vertus libératrices) n'est envisagée, ce qui rend l'ensemble assez lourdingue en fin de compte. D'un autre côté, le show, par trop lisse, est très professionnel, mais ce manque de folie scénique vient un peu gâcher l'expérience. Je comprends la démarche du groupe, je vois que tout est pensé dans le même sens, mais ce n'est pas suffisant à mon goût. Il est vrai que les harmonies glacées très originales qui parcourent la musique du groupe lui donnent une identité unique dans la scène Doom atmosphérique, mais l'ennui pointe hélas régulièrement le bout de son nez et je me surprends à consulter l'heure à plusieurs reprises au cours du set. Heureusement pour lui, le groupe possède un grand chanteur, au charisme évident et à la voix d'exception. Très expressif, manifestement habité par les légendes nordiques qu'il est venu nous narrer, il est celui qui capte tous les regards au milieu de la scène. Passant avec habileté d'un chant « pop » à un growl puissant ou à un registre aigu quasi-hurlé, il fait montre d'une maîtrise impressionnante dans tout ce qu'il entreprend. Un spectacle qui ne m'a donc convaincu qu'à moitié, mais je suis enthousiaste à l'idée de revoir jouer le groupe dans quelques années, en salle ou à la nuit tombée. À l'avenir, ils vont devoir travailler à faire de leur show un moment plus marquant, surtout lorsqu'il est donné dans le cadre d'un festival comme celui-ci.
Haemorrhage
Sanctuary Stage
12:45 > 13:25
DM : Les médecins légistes espagnols sont de retour, voilà qui va permettre de rassasier ma faim de Grind sanguinolent et pallier à l'absence de Carcass cette année. Et du coup, bon gros nawak comme d'habitude, on enchaînait les tueries avec un jeu de scène Grand Guignol comme d'habitude, avec tous les gimmicks habituels (du sang, des prothèses de membres, un micro qui devient un instrument de suicide, tout ça tout ça) pour un show fun en apparence mais qui déconnait pas en pratique, piochant dans toute la longue discographie de nos chirurgiens et se terminant comme d'habitude par un "I'm A Pathologist" bon à reprendre en chœur. Du sang, de la violence, du Groove et du gore. Yeah, rock'n'roll biatch.
GazaG : On commence ce Samedi par un bon coup de pied au cul de bon matin avec les Espagnols d’Haemorrhage. Ca faisait un petit moment que je n’avais pas pris une bonne dose de violence gratuite étiquetée Goregrind. Guitariste affublé d’une blouse de chirurgien : check. Chanteur rouge de sang à la fois possédé et crétin, jouant avec des membres amputés : check. Temps morts de plusieurs minutes : check. Haemorrhage joue carré et à toute vitesse, avec un son plus que correct, même si deux trois larsens viendront gacher la fête. La fosse mange ce petit déjeuner avec plaisir, la colline applaudit. La voix du chanteur est impécable, même si on se serait dispensé de tant d’écho. L’énergie communicative du groupe nous invite dans leur univers dégeulasse dont Carcass serait fier. Le contrat est brutalement respecté. La journée commence bien.
Sleap : Après un sample d'intro extrait du film Nekromantik, les bouchers espagnols déboulent sur le très lourd Open Heart Butchery. L'ambiance est installée : vocaliste ensanglanté de la tête au pied, musiciens déguisés en infirmiers ou chirurgiens, divers accessoires en plastique (pour la plupart organes ou membres humains) et le tout pour nous interpréter un Carcass-worship (première période bien sûr) dans la plus pure des traditions !
Même si le temps imparti n'est pas aussi conséquent que pour la précédente fois où j'avais pu les voir, les Espagnols ont tout de même le temps de nous interpréter pas mal de titres d'à peu près toute leur discographie. S'enchaînent donc (en vrac) les ''récents'' Traumageddon ou Disgorging Innards avec les plus vieux Exquisite Eschatology ou Deranged for Loathsome (et ses ''heeuuaargh'' complètement mongols). Tantôt ultra gras et groovies au possible, tantôt plus rentre-dedans mais toujours entraînants, les morceaux de Haemorrhage vont à l'essentiel et ne durent pas plus de 2 minutes pour la plupart. Le tout nous est servi dans une débauche de Gore bien kitsch orchestrée par Lugubrious, l'un des frontmen les plus excentriques du week-end (nombreuses grimaces, mimiques obscènes, danses simiesques et un spanglish des plus marrants à entendre « Thank you, good people, good people ! »). C'est évidemment celui qui attire le plus l'attention... avec Ana (qui assure aujourd'hui le rôle de bassiste, celui-ci étant absent pour je ne sais quelle raison). Et le groupe parvient à mettre un joli bordel dans la fosse en ce début de journée. Moi qui allais revoir Haemorrhage les mains dans les poches, j'en ressors finalement très enthousiaste !
Metalucifer
Blackwater Stage
13:30 > 14:30
DM : ...Sérieusement ? Non mais je veux dire, y'a vraiment des gens qui ont aimé ça et se remettent pas en question ?
Autant pour Sabbat ça passait, autant là, c'est sûrement ce que j'ai vu de pire de ma vie dans les groupes non-amateurs. C'est pas compliqué, on ne peut pas à la fois jouer du Heavy Metal et faire encore plus musicalement mauvais. Alors que j'aime bien l'album que j'avais écouté hein. Brouillon, pas carré, basique, vaseux, kitsch dans le plus mauvais sens du terme (riffs absolument ridicules manquant grandement ne serait-ce que de mélodies) et le chant... Ahem. Ils auraient pas été Japonais, ça jouait dans une MJC, mais vu que c'est Trve ça tape une Mainstage de fest. Je me fous totalement qu'on me dise que je suis de mauvaise foi ou que j'ai pas compris la musique ou que sais-je, c'est la première fois de ma vie où en matant un concert, j'en ai été au point où le simple fait de voir qu'il y a des gens qui restent les voir et apprécient me met en colère. Et pourtant je commence à en avoir vu un paquet. Alors okay c'était "fun" parce que le jeu de scène du chanteur est décalé, mais ça suffit pas. Contentez-vous d'un sous-Steel Panther à la sauce soja si vous voulez, perso je retourne voir des vrais groupes, ça manque pas à l'affiche.
Dolorès : DM et sa mauvaise foi spectaculaire ! On est très très loin du concert qu'il décrit à vrai dire... Selon moi, ce type de réaction est celle de quelqu'un qui n'a juste jamais entendu parler du groupe et découvre le délire sur scène. Parce que certes, c'est Japonais et fun, avec uniquement des titres qui commencent par "Heavy Metal" et font chanter tout le monde, et en effet c'est tout sauf original. Mais on ne peut pas nier que ce soit efficace de cette manière vu le monde qu'il y avait devant, et on ne peut pas dire que le groupe est mauvais alors qu'il fait très bien le taff, sans évidemment chercher une quelconque virtuosité quelque part. Alors oui, autant dans Sabbat que dans Metalucifer, Gezol est loin d'être le chanteur le plus impressionnant, vocalement parlant, du monde. Il chante d'ailleurs de manière aussi peu soignée sur album que sur scène : on lui a jamais demandé de péter du cristal mais juste de créer quelques hymnes à chanter en choeur et qui n'ont aucun sens. Il a sa prestance, sa manière d'accrocher le public, et c'est pas uniquement pour son string rose qui dépasse. D'ailleurs c'est pas non plus une raison pour comparer à Steel Panther puisque les deux univers et les deux styles musicaux n'ont absolument rien en commun. Je dirais même qu'en Heavy français bien kitsch entre autres, on a des tas d'exemples de chanteurs tout sauf hors du commun et auxquels on ne reproche rien parce qu'on sait bien qu'ils n'en ont juste rien à faire, alors pourquoi le faire pour Metalucifer ?
GazaG : C’est un peu la bonne blague du festival. Les gars de Metalucifer sont le pastiche du Heavy Metal. Tout y est. Des noms de chansons tout moisis aux riffs Heavy à un seul theme et peu inspirés, en passant par la voix suraigüe franchement ratée … c'est d'un kitsch. Sur scène, même tarif : le chanteur qui boit les notes de ses gratteux, les postures “JeSuisUneRockStar”, la communication has been, ça sent bon les 80s tout ca ! Metalucifer ne se prend pas au sérieux, mais alors pas du tout. A leur avantage, le son est vraiment bon et une poignée de fans était présente pour scander les refrains comme sur Heavy Metal Samuraï ! Merde, mais ce nom de morceau quoi. Les musiciens sont précis et prennent leur pied : l’envie est là. Cette bonne humeur nous invite à se prendre au jeu. Au final ça fait rire, ça passe vite et on se marre : pouce vert.
Paul : Leur consommation excessive d'alcool doit probablement pousser certains festivaliers à se demander si ce qu'ils ont cru voir hier soir lors du concert de Sabbat s'est bel et bien produit. La performance de Metalucifer en ce début d'après-midi est là pour leur rappeler que le meilleur du pire a effectivement eu lieu, et aussi que c'est reparti pour un tour, cette fois dans un registre non plus Thrash mais Heavy over the top. Au trio constitutif de la formation Sabbat sont venus s'ajouter pour compléter le line-up deux musiciens de session recrutés pour l'occasion. Le second guitariste avait d'ailleurs l'air d'être très stressé, voire paniqué tout au long du set (il faut dire que le fait de devoir arrêter de jouer pendant toute une partie chorus qu'ils n'avaient visiblement pas répété ensemble n'a pas dû le mettre en confiance...). Niveau musique, c'est toujours du bricolage, à la fois ridicule et adorable. Gezolucifer donne tout, cette fois-ci en string rose mis bien en évidence sous un moule-burnes taille basse. Dans Metalucifer, il officie exclusivement derrière le micro (alors qu'il tient également la basse avec Sabbat), ce qui lui permet de plus se concentrer sur sa voix (au demeurant magnifique… … …) et surtout d'interagir avec le public en descendant de scène pour faire participer la foule (et accessoirement de se ramasser comme une merde en rigolant lorsqu'il saute par terre). Chaque refrain étant pensé pour être repris en chœur, c'est dans ce milieu live au climat tropical que la musique de Metalucifer prend tout son sens. Malgré ce bon moment passé en compagnie de Metalucifer, je dois dire que j'ai tout de même préféré le concert de Sabbat. Non pas à cause du côté parodique (encore) plus assumé chez Metalucifer, mais plutôt par rapport à l'emploi de tempi Heavy à la cool, qui de fait pardonnent moins les imperfections que les tempi plus élevés du Thrash, style aux sonorités naturellement plus bordéliques. Dans ce contexte musical, on se rend compte que le batteur est complètement à la ramasse, ainsi que de la faiblesse de certains riffs et refrains (sans parler des bruits chamarrés que produisent tant bien que mal les cordes vocales de Gezolucifer). Révélée au grand jour, cette foire aux bestiaux musicale devient hélas de manière ponctuelle plus tristoune qu'autre chose. Sachez que je garde malgré ce constat critique objectivo-chiant (que je ne peux m'empêcher de faire) un excellent souvenir de ce concert et que je retournerai les voir avec plaisir si jamais ils repassent dans le coin.
« Oh! Live by the sword, die by the sword, Heavy Metal Samurai! »
Sleap : On continue dans le kitsch, mais dans un registre un peu différent, avec la bande à Gezol. Après nous avoir offert un show haut en couleur la veille avec Sabbat, le leader japonais va maintenant faire office de chef d'orchestre pour la pire chorale du week-end. En effet, bien que beaucoup se demandent ce que peut faire un groupe pareil au Fall of Summer, les fans de Metalucifer sont tout de même nombreux devant la scène en ce début d'après-midi (beaucoup, déjà complètement torchés, se mettent même à subitement chanter Messager de Sortilège avant que le concert ne commence).
Et dès que les Germano-Nippons foulent les planches, c'est la liesse générale. Nous voilà partis pour chanter du Heavy bien kitsch à l'unisson (mais toujours complètement faux) le poing levé pendant près de 40 minutes ! Heavy Metal Drill, Heavy Metal Samurai, Heavy Metal Chainsaw, Heavy Metal Hunter... Que de tubes, que de tubes ! Et le tout avec quasiment les deux line-up différents (japonais et allemand) ! En effet, Sabbat ayant joué la veille, on a donc deux membres de la formation japonaise (respectivement batterie et guitare lead) en plus de l'indétrônable Gezol. Mais une partie de la formation allemande est également présente avec le bassiste, le second gratteux et même le batteur Tormentor (Tormentharou) déjà présent la veille avec Asphyx, qui vient se poster derrière les fûts en milieu de set.
Le premier défaut de ce concert est — une fois n'est pas coutume — le son. La basse est toujours bien trop en avant, et il faut vraiment tendre l'oreille pour capter la rythmique des guitares (même si on s'en fout un peu). En revanche, la voix totalement (et intentionnellement) fausse de Gezol n'a aucun mal à se faire entendre. Le frontman nous gratifie d'ailleurs de ses plus belles grimaces, en plus de son éternel sourire et de son jeu de scène si atypique. Enfin, l'autre défaut de ce set est sa durée : bien trop courte ! Même pas de Flight of the Iron Pegasus, de Warriors Ride on the Chariot ou de Lost Sanctuary... Mais je chipote, à défaut d'être l'un des meilleurs concerts, Metalucifer remporte haut la main le prix de la meilleure ambiance du week-end. Une véritable petite fiesta ! On en redemande !
Supuration
Sanctuary Stage
14:20 > 15:05
Sleap : Sérieusement, 'y a vraiment des gens qui apprécient autre chose que le premier album de ce groupe ? ... Ah oui c'est vrai...
DM : Bon, je vais pas mentir, le duo Supuration / SUP est un de mes groupes préférés. C'est peut-être même le seul groupe existant dont je possède l'intégralité de la discographie en mode collectionneur, alors que normalement j'en ai pas grand chose à foutre. Et vu la mandale qu'ils m'ont mis au Hellfest 2014, j'avais bien hâte d'en reprendre une louche, et même si c'était en dessous, ça a tout cassé. Vu qu'ils viennent de sortir un album de réenregistrements, on a tapé dans du très vieux, ce qui fait qu'au milieu des tubes de Death/Wave étranges, on avait du lourd et du gras qui lésinait pas sur la blastouille (haaaaan ce bon vieux "Tales From the Crematory"...). En dehors de ça, "The Cube" a bien évidemment été à l'honneur avec quatre titres joués et pas des moindres (même s'il manquait mon petit chouchou "Through the Transparent Partitions"), un de "Incubation" et un de "Cu3e" et remballé. Et en dehors de ça, c'était exactement le set qu'on voulait voir, à savoir : puissant et carré. Le son était d'une clarté remarquable, même si les leads sur "The Elevation" ont un peu pataugé au début, et le chant Death puissant de Ludo était à l'égal du chant clair partagé : parfait. Un concert taillé sur mesure pour les fans, donc je peux que les remercier.
Suffocation
Blackwater Stage
15:10 > 15:55
DM : Coucou bonjour on est Suffo et on vient pour te casser la gueule. J'ai énormément de mal à écrire ces lignes parce que j'ai juste envie de dire "c'est Suffocation qui nous ont fait un concert de Suffocation, et comme Suffocation c'est trop bien bah c'était vraiment trop bien". Encore une fois Frank Mullen est pas là, remplacé cette fois par celui qui semble être le batteur de Disgorge, qui est un bon sosie vocal qui démonte tout et a le mérite de pas parler 12mn entre chaque morceau. Sinon vous pouvez mater la setlist, vous dire que c'était parfait et que le son était parfait, et vous avez une idée de la gifle. Mais avec eux, on est habitués.
GazaG : Encore et toujours la leçon. Pas besoin de pondre un pavé pour vous dire que Suffocation a tout tué. Son super, musiciens motivés, public qui bouge son cul et set-list-best-of (ha, Effigy Of The Forgotten, le skeud de toute puissance). Un véritable raz-de-marée. Fiou. Et puis au chant, on a eu le droit à un sacré remplaçant : Rick Myers de Disgorge, qui assure grave - même s’il restera les deux pieds au plancher tout le set. Suffocation reste immaculé. Le temps ne semble pas atteindre les Américains qui continuent de mettre à genoux toute une audience. Voilà tout.
Sleap : En plus d'un line-up déjà fantastique, deux de mes groupes préférés de tous les temps sont aujourd'hui présents au Fall of Summer à l'occasion de leur tournée européenne. Suffocation est le premier à jouer. Et leur créneau d'à peine 45 minutes ne me sied guère, vous l'aurez compris... En revanche, cela permet au groupe de n'interpréter que des classiques dans le court temps qui lui est imparti. On a donc droit à pas moins de 4 titres d'Effigy of the Forgotten (toujours les mêmes, mais seigneur qu'est ce que c'est bon !) ainsi que les ultimes Thrones of Blood, Catatonia et Funeral Inception !
Je dois être l'un des rares en mode ''Heavy Metal'' à chanter toutes les paroles le poing levé tant c'est le bordel autour de moi (l'un des pits les plus violents devant la Blackwater Stage). Et le chant justement, parlons-en ! Comme vous le savez, Frank Mullen ne peut plus assurer toutes les tournées du groupe depuis maintenant 3 ans (tristesse...) et il est donc remplacé par différents vocalistes selon les dates. Et ce n'est ni plus ni moins que Rick Myers qui s'en occupe aujourd'hui (fondateur et batteur de Disgorge, mais également de Cinerary ou Sarcolytic pour la petite info). J'étais plus que sceptique quant à son aptitude à assurer vocalement au sein de Suffocation, mais dès les premières secondes le bougre va totalement bluffer toute l'assemblée. Ses vocaux sont quasi-identiques à ceux de Mullen. Évidemment, il manque cette petite hargne propre au frontman suscité, mais pour le reste c'est un sans faute. Certainement le meilleur chanteur remplaçant que le groupe ait pu engager. En revanche, niveau jeu de scène, on est loin du compte. Myers est extrêmement scolaire et se contente juste d'assurer vocalement, au détriment de sa présence scénique.
Mais qu'importe, on a devant nous les patrons de toute une frange du Metal extrême, et certainement l'une des rares formations du genre à assurer comme au premier jour (autant en studio qu'en live). J'ai déjà hâte de revoir la bande à Terrence Hobbs la semaine suivante !
Satan
Sanctuary Stage
16:00 > 16:45
DM : Ben voilà, ça c'est du Heavy Metal. Un de mes groupes préférés du genre, qui débarque faire pleurer les guitares, avec une setlist de rêve et un show parfait, franchement, voilà. Un seul morceau du nouvel album, sinon ça pète tout ce qu'il faut des deux autres chefs-d’œuvre. Et voilà, il suffit toujours d'un bon petit "Break Free" pour me rendre fou et tirer une larmichette. Le meilleur moment Trve Metal du festival, mais ça je le savais déjà avant même de prendre ma place.
Dolorès : Bien que je sois assez fan du groupe, il fallait bien que je me pose entre Suffocation et Nile. Là encore, je profite de l'avantage de la forme que prend le site : j'ai une vue imprenable sur le concert, avec un son parfait depuis ma petite colline tout en pouvant discuter et m'asseoir pour siroter ma bière. De mon oreille distraite, j'ai surtout retenu que le groupe (comme la plupart des "vieux groupes" ce weekend) est encore capable à 100% d'assurer ce qu'on attend de lui, même quand on les attend au tournant sur les vieux titres des 80s. J'ai eu la même réaction concernant Angel Witch, ici le chant Heavy est tout sauf raté, ce qui doit être tout de même un sacré défi quand on atteint un certain âge. A revoir dans de meilleures conditions (après les avoir honteusement loupés au Hellfest), parce que pas au meilleur emplacement possible dans le running order.
Sleap : À l'instar d'une journée au Brutal Assault, on alterne aujourd'hui entre Death, Heavy, Thrash ou Black sans aucune forme de transition (et en prenant une jolie mandale à chaque fois) ! Et c'est devant la Sanctuary Stage que je me prends la deuxième de la journée.
Satan, j'ai envie de dire comme à son habitude, va nous offrir une performance à couper le souffle. Les Anglais nous assènent pendant 45 minutes un Heavy racé et endiablé (lolilol) dont eux seuls ont le secret. Les nombreux enchevêtrements de riffs, souvent très techniques pour le genre, ne sont jamais lassants et conservent même une efficacité redoutable en live (et cette petite touche orientale sur certains passages fait toujours mouche). Le tout est soutenu par une rythmique tendant fréquemment vers le Speed ainsi qu'un chant tout simplement magistral. En effet, contrairement au chanteur d'Angel Witch, Brian Ross possède encore aujourd'hui l'une des voix les plus justes et claires de toute la scène Heavy anglaise. Son timbre inimitable est tout aussi impressionnant en live, notamment sur ces fameuses montées fulgurantes dans les aigus.
Coté setlist, rien de surprenant : Trial by Fire est toujours l'un des meilleurs morceaux d'ouverture possible, et le reste des titres est tout aussi jouissif à entendre : Siege Mentality, Testimony, Incantations, et je ne parle même pas des tueries Blades of Steel / Break Free... Je regrette juste l'absence de l'éponyme Life Sentence ou d'un bon vieux Broken Treaties. Ce show est décidément bien trop court (comme la plupart des shows du week-end, il faut le dire). C'est en tout cas un plaisir d'exulter à nouveau sur tous ces titres si accrocheurs, le tout avec un public acquis à la cause du groupe. À des années lumières de la prestation matinale de 30 minutes au Hellfest 2014, ce concert de Satan figurera assurément parmi mes highlights du week-end. Quel pied !
Nile
Blackwater Stage
16:50 > 17:50
DM : Bon, ça a mal démarré. Le début a été un véritable massacre et "Sacrifice Into Sebekh" et "Kafir" ont juste été un magnifique concert de double pédale. Mais finalement ça a fini par se redresser et on a pu prendre notre raclée. Nile, on connaît, ça va vite, ça joue bien, et ils ont de quoi jouer autant de classiques que de morceaux maintenant. Deux nouveaux titres du nouvel album, le terrible "Call to Destruction" et l'épique "Evil to Cast Out Evil" qui ont carrément fait leurs preuves, et sinon c'était boucherie sur boucherie, avec un Karl Sanders particulièrement content d'être là et un nouveau jeune bassiste (qui a l'âge du groupe, si si) bien intégré et actif comme toujours. Sinon bah que dire, une fois les soucis sonores réglés, on prend notre tarte, on s'enterre sous le sable devant la scène quand "Sarcophagus" résonne, et on tremble de terreur quand une armée de guests tapent l'incruste pour hurler les "BLACK ! SEEDS ! OF VENGEANCE !" finaux (j'ai reconnu l'actuel chanteur de Suffocation ainsi que Aad de Sinister, je crois, par contre le 3e m'est inconnu). Bon, d'accord, oki, merci.
Dolorès : Nile, c'est typiquement le genre de groupe que j'adore mais que je n'écoute jamais parce que je trouve rarement le moment adéquat. A l'inverse, leurs prestations live sont toujours les bienvenues peu importe l'humeur. Enfin, cette fois-ci, je peux et entendre et voir le groupe puisqu'au Hellfest il était impossible de s'avancer et d'avoir ne serait-ce qu'une petite idée de leur jeu de scène. Contre toute attente, Karl Sanders a l'air d'un gros nounours égyptologue très heureux d'être là, tout comme le reste du groupe en fait. Il y a un tel décalage entre le visuel et le sonore que ça en devient surnaturel. En tout cas, c'est toujours propre et carré avec une précision incroyable et un nouveau bassiste auquel on n'a rien à reprocher. Bravo et à bientôt.
GazaG : Dur de passer après la mandale Suffocation. C’est pourtant un exercice périlleux que Nile a tenté, et qui s’est soldé par un échec pour ma part. Le début de set vraiment pas bon fiche une épée de Damoclès au dessus du groupe dès le départ. Il y avait trop de basse et trop de batterie, des nouvelles compos un peu molles et un jeu de scène un poil poussif : ça fonctionne moins bien. Après, c’est sûr, ça joue vite, carré et sans temps mort : c’est Nile. Mais aujourd’hui, la sauce ne prend pas. L’épée tombe dès le début du set... et après on lit ce qu’on écrit les copains et on est bien dégouté d’avoir pris congés si tôt. Shit happens.
Paul : Le concert du festival que j'attends avec le plus d'impatience. Fan du groupe depuis une dizaine d'années maintenant, c'est la première fois que j'ai la chance de croiser sa route. Je vais faire court : les Américains nous donnent la gifle que nous attendions tous. Ils jouent leur Death Metal virtuose à la perfection, le tout à une vitesse défiant l'entendement des simples mortels que nous sommes (sacré George Kollias...). Entre les classiques « Sacrifice Unto Sebek » et « Black Seeds of Vengeance », le temps passe beaucoup trop vite pour que j'y comprenne quelque chose et « Sarcophagus » finit presque par me faire perdre la tête. Ce concert est aussi l'occasion pour le groupe de nous présenter à la suite trois morceaux extraits de son nouvel album « What Should Not Be Unearthed », dont un « Evil to Cast Out Evil » particulièrement redoutable en live. Une tempête de sable s'abat au pied de la Blackwater Stage cet après-midi... Puis s'évanouit aussitôt terminé ce concert exceptionnel, cette prouesse technique exécutée, notons-le, par des musiciens tout sourire. Elle laisse dans son sillage une foule hébétée, ahurie par tant de maestria en matière de Metal extrême. Du très grand spectacle.
Sleap : À peine l'énorme prestation de Satan est-elle terminée que je dois déjà courir jusqu'à la Blackwater Stage pour revoir mon autre groupe préféré du week-end. Judicieusement programmés sur la scène dans le sable, les quatre américains ne pouvaient espérer meilleurs conditions pour jouer aujourd'hui (à part pour le son et la durée de set, mais nous y reviendrons).
Premier constat : le sample d'intro a enfin changé ! Le nouvel interlude Ushabti Reanimator a remplacé l'intro Dusk falls upon the Temple..., ce qui rend le sempiternel Sacrifice unto Sebek moins frustrant (ouais, parce que ne pas enchainer Cast down the Heretic après Dusk falls... c'était HYPER frustrant... Surtout si c'est pour jouer Sacrifice unto Sebek !). La doublette Kafir / Hittite Dung Incantation fait toujours son petit effet, même si encore une fois, un peu de changement serait bienvenu. Mais du changement il y en a ! En effet, on a droit à pas moins de trois nouveaux titres : Call to Destruction (qui fait déjà office de classique), In the Name of Amun (sûrement l'un des meilleurs morceaux de l'album) et Evil to Cast out Evil (clairement le plus efficace en live avec sa rengaine ultra catchy). Mais trois titres c'est peut-être un peu trop pour la courte durée du set (d'à peine 50 minutes). Là encore, plus de variété aurait été de mise, surtout lorsqu'on voit la setlist globale de la tournée. Je ne reviendrai pas une nouvelle fois sur le son, toujours aussi approximatif sur cette scène...
J'essaie de trouver quelques points ''négatifs'' tant je ne suis pas DU TOUT objectif lorsque je vois Nile en live. Des musiciens charismatiques, une technique irréprochable (avec le bonus Karl Sanders très souriant et jovial), et je ne parle pas de l'impérial George Kollias, qui reste à ce jour mon batteur favori. Et le featuring des membres de Suffocation pour le final de Black Seeds of Vengeance... Argh !!! Bref, tout comme pour Suffocation, je suce un nombre considérable de bites aux premiers rangs comme la dernière des groupies, et je ressors une nouvelle fois comblé (malgré les quelques broutilles évoquées ci-dessus). Vivement le 20 Septembre prochain pour une nouvelle dose !
Razor
Sanctuary Stage
17:45 > 18:35
Dolorès : Pour un groupe que j'ai du mal à apprécier en studio à cause de leur son qui ne me parle pas, quelle claque ! Leurs titres prennent une toute autre dimension en live, et ceux qui ont tendance selon moi à sonner secs et manquant cruellement d'une touche accrocheuse finissent par être extrêmement satisfaisants sur scène. Malgré la pluie, le public est bien ancré sur ses positions pour profiter d'une setlist en majorité empruntée à "Evil Invaders" sans grande surprise et, plus globalement, presque uniquement des titres des 80s. Peu de chances de croiser quelqu'un de déçu par le grand retour de Razor tant il s'agit d'un des concerts du weekend pour un bon nombre d'entre nous.
GazaG : Le vieux qui fait aussi mal qu'un jeune. Razor était attendu. Razor n’a pas failli. Les éléments auront eu beau tenter de se taper l’incruste (avec une pluie bien venteuse), les Canadiens sont restés au taquet pour nous déverser leurs riffs vieillots mais terriblement accrocheurs en live. Il est important de préciser “en live” car sur skeud, je trouve que la prod de l’époque a un peu pris la poussière. C’est donc une réelle surprise que d’entendre des titres issus de Violent Restitution avec une vraie patate de 2015. Et puis Take This Torch fait très très mal, aussi. Le public est bien chaud et en redemande ! Malheureusement, mis à part le riffing pur qui envoie grave, les à-côtés sont médiocres. Le son casse pas des briques, le groupe est en roue libre, comme s’ils étaient en répette et certaines transitions laissent re-descendre la fosse. Le court set se termine abruptement. Très satisfait ? Oui. Un peu frustré ? Aussi.
Lactance : C'était pas demain la veille que je comptais voir Razor en chair et en os, c'est moi qui vous le dis. J'en viendrais presque à dire qu'on est vraiment trop gâtés pour cette seconde édition. Ce qui m'a vraiment fait plaisir dès le début du set c'est de voir à quel point Dave Carlo et sa bande ont beau être des icônes (encore) vivantes du Thrash, ils restent des guys next door qui ont toujours autant la niaque pour défendre leurs morceaux plus de vingt ans après leur sortie. Question setlist en plus, les Canadiens vont droit au but en misant essentiellement sur des missiles d'Evil Invaders et de Violent Restitution, ce qui me convient parfaitement pour ma part. Je vais cracher un peu dans la soupe mais j'ai juste trouvé la voix un poil trop forte ce qui faisait un peu chier pour la partie rythmique mais bon ça reste du tout bon dans l'ensemble. En tout cas moi qui craignais de voir des thrashards de la vieille un peu rouillés, que nenni, ça distribue des mandales en veux-tu en voilà à te mettre en PLS. Alors que Razor entame sa deuxième partie de set la pluie commence toutefois à tomber à petites gouttes. De toute façon on le sentait plus ou moins venir depuis quelques heures et ça ne décourage évidemment en rien nos Canadiens.
Paul : Le premier passage de ce groupe de légende en France me déçoit. Un son mauvais (comme d'habitude dans ce genre de concerts, on n'entend pas assez la GUITARE !!!), une présence scénique et une communication avec le public déplorables (le groupe a l'air de royalement s'en foutre, en vrai...) et un jeu de guitare brouillon (comme l'écrivait Lao Tseu : « si les tempi sont trop élevés pour toi, tu as le droit de jouer en aller-retour »). Pour ce qui est de la performance du chanteur, mon avis est mitigé : d'un côté, il en impose avec sa carrure et sa voix très puissante, mais de l'autre, ses suraigus – éléments essentiels de la musique du groupe – à moitié screamés ne ressortent pas du spectre sonore (alors que j'entendais ceux du chanteur de Satan à l'autre bout du camping...). Ils n'ont donc pas le charme de ceux, éclatants et très typés Heavy poussés par Sheepdog sur les premiers albums du groupe, dont je trouve que la musique de Razor a du mal à se passer. Ajoutez à cela quelques averses qui s'abattent (mdr), narquoises, sur mes épaules et vous obtenez pour ma part un concert vraiment frustrant. Malgré tout, l'ambiance est on ne peut plus festive et transpirante dans la fosse, et le public, composé en majorité de beaux mâles bien nourris, a l'air de prendre son pied. Comme quoi, le Thrasher a ses raisons que la raison ne connaît point.
Sleap : Je ne vous cache pas que je vis depuis 15h l'un des enchaînements de concerts les plus incohérents mais géniaux de toute l'année. Entre mes groupes favoris qui alternent avec mes plus grosses attentes du week-end, cette seconde journée est encore plus éprouvante que la précédente ! La première venue française des mythiques Razor est certainement la plus grosse exclusivité de ce festival (avec Sabbat). Malgré ma légère inquiétude quant aux capacités actuelles du groupe, je suis tout Excité (lolilol) devant la Sanctuary Stage en cette fin d'après-midi. De plus, une légère pluie rafraîchissante vient donner à ce show une dimension encore plus particulière (et ça fait du bien) !
Je vais être assez surpris de la setlist. Moi qui pensais entendre majoritairement des titres des deux premiers albums, je suis ravi de voir que le groupe va un peu élargir son répertoire aujourd'hui. C'est ainsi que s'enchaînent des extraits du terrible Violent Restitution mais également de Shotgun Justice et même d'Open Hostility. La part belle est évidemment faite à la masterpiece Evil Invaders avec entre autres Cross me Fool, Cut Throat ou le classique titre éponyme joué en final.
La voix de Bob Reid est d'ailleurs étonnamment puissante. Même s'il ne possède pas le timbre si atypique de Sheepdog, ses cris Thrash ultra rugueux et agressifs collent tout de même très bien à la musique de Razor en live. Et le bougre a également une très bonne présence scénique (ces gestes de décapitation pendant Cut Throat... Argh !). De plus, le son est loin d'être mauvais au milieu de la fosse, on retrouve presque le grain crade et authentique des versions studio. Fosse qui est d'ailleurs bien mouvementée lors de ce concert, j'y fais même un tour lors de l'énorme Iron Hammer (que je n'attendais pas du tout) et de Take This Torch, seul (et meilleur) morceau de Executioner's Song joué aujourd'hui.
Inutile d'épiloguer, ce concert de Razor est, comme attendu, l'une de mes plus grosses claques du festival. J'aurais préféré un temps de jeu plus conséquent (pour peut-être entendre Legacy of Doom, Nowhere Fast ou Thrashdance) mais c'est bien le seul reproche que je puisse faire. Les Speed Merchants ont fait forte impression pour leur premier concert en France, on attend leur retour avec impatience !
Coroner
Blackwater Stage
18:40 > 19:35
Dolorès : Bon, Coroner c'est clairement bon sur scène, ça joue parfaitement mais à un moment il faudrait revoir et remettre en question la setlist. Déjà parce qu'ils jouent constamment la même sans prendre plus de risques que ça, et en plus parce que bon, qu'on se le dise, il y a une majorité de titres qui pourrait largement être remplacée par des morceaux beaucoup plus taillés pour le live. Je suis d'ailleurs toujours étonnée de ne les voir jouer que "Masked Jackal" de "Punishment For Decadence" tant l'album regorge de titres qui ont tous les ingrédients pour fonctionner à merveille en concert. Parce que oui, les titres de "Grin" ont leur touche et leur intérêt mais ont tendance à sonner assez redondants en live. Dommage.
GazaG : On va crever l’abcès tout de suite : depuis leur reformation en 2011, Coroner n’a fait que continuer à me glisser entre les doigts. Mais pas cette fois mon précieux. Pas cette fois ! Pourtant, le sort a encore failli me troller méchamment puisque le groupe se tape un changement d’horaire le jour même. Heureusement que je partais voir Triptykon en touriste. Bon alors, c’était comment ? Rha, c’était bon ! Les zikos jouent humblement alors qu’une bonne partie de l’assistance leur est dévouée. Pas de grosse surprise : le son est franchement bon, on commence à s’y habituer (merci à l’orga pour n'avoir flingué aucun concert dû au son). Tous les atouts de Coroner sont retranscrits sur la Blackwater Stage, c’est groovy, c’est technique, ça transporte. Même les passages ambients progressifs que j’apréhendais passent crème. Allez on est en fin de report, inutile de vous tenir plus longtemps. Internal Conflict et son solo mettent au sol. Tout se qui provient de Mental Vortex retourne la tête. Le rappel avec Die By My Hand achève. Les riffs sont tellement efficaces et bien amenés, que voulez-vous. C’est clair et sans pain. Parfait. We are Coroner and we are back. Ok je vous ai loupés mais j’ai fini par la prendre, ma grosse baffe. Un des meilleurs concerts du fest, assurément.
Lactance : La dernière fois que j'ai vu Ron Royce et sa bande, c'était en 2012 au Wacken et en toute honnêteté j'avais la larme à l'oeil. Mais certainement pas pour les raisons que vous croyez... D'une part les circonstances faisaient que Opeth jouait juste au même moment sur la Mainstage et d'autre part la pluie battante décourageait un bon nombre de fragiles. Du coup je me rappelle encore Coroner en train de jouer devant cinq rangées de pleu-pleus, max, dans « le plus grand festival de Metal au monde ». Ouais un peu dégoûté pour eux mais que veux-tu... Enfin bref le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai carrément plus pris mon pied au cours de ce deuxième live, de loin. Prévenu quelques minutes avant Razor que le créneau des Suisses était échangé avec celui de leurs compatriotes de Triptykon retardés à cause d'une histoire d'avion, le groupe s'installe finalement sur scène plus tôt que prévu aux alentours de 19h. Personnellement ça ne me dérange pas plus que ça. Je dois même avouer qu'on aura gagné au change et que ça aura ajouté un plus à l'ambiance lugubre de Triptykon qui du coup a joué une fois la nuit tombée. Concernant la performance des légistes elle-même, tout est carré au millimètre près. Que ce soit le solo d'Internal Conflits, les rythmes alambiqués de Semtex Revolution ou encore la doublette Reborn Through Hate / Die By My Hand en rappel, tout est juste parfait, il y a pas à chier une seule seconde. Ron se montre certes un peu timide derrière sa magnifique basse bleue et Tommy arbore quelques sourires un peu coincés mais côté performance, j'insiste, tu comprends tout ce que l'expression « techno-thrash » revêt et tu en prends plein les mirettes. Pour l'anecdote enfin le nouveau batteur remplaçant Marky (les vrais diront « R.I.P. ») m'a semblé vraiment convaincant même si c'était pas chose gagnée. Donc respect !
Sleap : C'est assez marrant Lactance, parce que Coroner doit justement être l'un de mes rares bons souvenirs du Wacken 2012... Évidemment, la performance de ce soir est bien meilleure (avec beaucoup plus de titres différents), mais elle sera altérée par quelques points négatifs. En effet, un changement de dernière minute engendrera un retard assez conséquent et pas mal de problèmes de matériel (ainsi qu'un bon pétage de câble de la part du gratteux).
En dehors de ça je suis bien content de réentendre toutes les tueries de Mental Vortex ainsi que des morceaux de No More Color (enfin !!!) comme l'énorme Tunnel of Pain et son intro de basse surpuissante. Le son n'est toujours pas au niveau mais c'est tout de même moins désagréable que pour d'autres concerts sur cette scène. Un petit mot sur le nouveau batteur, que je n'avais pas encore vu à l'œuvre. Il s'en sort au final avec les honneurs, et je le fixe même presque autant que Marky lors de mes précédents concerts du groupe. Le public est étonnamment réactif (pour une fois), surtout pour les morceaux ultra groovies de Grin, bien évidemment. Je ne sais pas si c'est dû à l'enthousiasme des fans ou à de simples individus alcoolisés mais on assiste même à plusieurs pogos...
Après une fin de set abrupte qui m'étonne et m'énerve presque, les Suisses reviennent finalement pour un magnifique rappel sur Reborn through Hate et Die by my Hand ! Et ces deux titres explosent à eux seuls tout le reste du concert, sur tous les points. On est encore loin de l'incroyable show à Rennes en 2013, mais cette fin de set en apothéose me laisse finalement sur une très bonne impression (et dieu sait que c'était mal parti).
Tsjuder
Sanctuary Stage
19 : 40 > 20:30
Sleap : Selon moi, s'il y a un groupe qui renvoie au placard toutes les autres formations de Black norvégien, c'est bien Tsjuder (bon à part Darkthrone mais ça c'est normal)... Parmi les nombreuses claques live que j'aie pu prendre dans ce style, le trio Norvégien tient assurément le haut du pavé. Et la prestation de ce soir va encore une fois marquer les esprits ! Tsjuder a la capacité d'incorporer à son Black Metal de nombreux plans très Thrashy ainsi que pas mal de breaks old school rappelant évidemment Darkthrone, mais également Celtic Frost. Il en résulte donc des compos ultra percutantes en live qui donnent instantanément envie de tout défoncer dans un rayon de 10 kilomètres.
Et histoire de nous mettre dans le bain (de sang), le groupe débute sur Helvete et son final surpuissant. Il s'en suit une avalanche de titres tous plus terribles les uns que les autres (dont beaucoup issus de Desert Northern Hell pour mon plus grand plaisir). L'über-Thrash Slakt, le CelticFrostien Mouth of Madness ou encore les ultimes Malignant Coronation et Ghoul... Tuerie sur tuerie, le tout servi par des musiciens fidèles à eux-mêmes : peu d'interaction mais un charisme indéniable, des regards assassins et bien sur un jeu démentiel (quel batteur, mais quel batteur !).
On a droit à quelques titres du premier album mais aucun du second. Ceux-ci sont remplacés par de nouveaux brulots tels que le déjà classique Demonic Supremacy qui met un énième coup de fouet au public. C'est d'ailleurs le pit le violent de tout le week-end qui a lieu en face de cette Sanctuary Stage. Une audience à l'image du groupe : totalement possédée.
Comme à son habitude, Tsjuder nous laisse sur son hommage au grand Bathory avec la fameuse reprise de Sacrifice qui termine la boucherie en beauté. Ce concert ultra violent prouve une nouvelle à tous les poseurs ne jurant que par le Black première vague que certains combos norvégiens peuvent tout aussi bien botter des culs que les groupes des 80s.
Dolorès : Un an après leur passage au Hellfest et pour ma part, la première confrontation live avec le groupe, je me retrouve avec un avis identique concernant la performance des Norvégiens. On a d'une part, un public pas toujours très intelligent qui semble, pour certains, uniquement là pour casser des gueules, ainsi qu'un son pas toujours au top. De l'autre côté, le côté rouleau compresseur de Tsjuder est toujours bien là, assumé et maîtrisé par des musiciens qui jouent toujours le jeu du "je fais la gueule mais je suis bien content d'être là et de vous voir si réactifs". On aura finalement 50 minutes d'un set peu atypique du groupe, entre le jeu de scène et la setlist. Les habituels sont joués, de "Mouth of Madness" à "Ghoul" pour évidemment s'approcher de la fin avec leur fameuse reprise de Bathory, "Sacrifice" qui déboîte toujours autant et est le meilleur prétexte pour déclencher une petite dose de violence dans le public.
Triptykon
Blackwater Stage
20:35 > 21:30
DM : Je... Qu'est ce que... Wow.
Je me demande si j'ai déjà entendu un tel son au cours de ma vie. La vache, comment c'était massif. Rarement eu affaire à un tel bloc de ténèbres, à quelque chose d'aussi méchant et viscéral. Chaque note était un coup de poutrelle derrière la tête, la puissance qui émanait des baffles coupait le souffle. Complètement abasourdi, alors qu'au Motocultor j'étais resté de marbre. Faut dire que le dernier album casse tellement des gueules qu'il y avait de quoi flipper, les deux monuments "Trees of Suffocating Souls" et "Altars of Deceit" ravageant tout sur leur passage. Bien évidemment on se retrouve encore avec du Celtic Frost et du Hellhammer, et notre Tom Warrior a toujours son aura. Ah et la bassiste. LA BASSISTE. Qui est bien évidemment la nana de Tom Warrior et me donne vachement envie de devenir Tom Warrior. Parce qu'en plus de son physique parfait, rarement on aura charclé une basse comme ça, il était limite possible de ne rien écouter d'autre tellement c'était fou. La plus grosse mandale du festival. Enfin, presque...
Dolorès : Après les avoir ratés au Motocultor, je me pose assez loin de la scène mais de manière à pouvoir apprécier le concert : bonne vue sur la scène et ses jeux colorés froids qui créent toute une atmosphère, très bon son qui sonne doux et accrocheur à la fois pendant tout le set, et un verre à la main. Ne sachant pas du tout à quoi m'attendre niveau setlist, je suis étonnée de voir qu'on se retrouve avec deux titres de Celtic Frost dès le début de la prestation. Après l'intro sur "Crucifixion", ils entament "Procreation" et "Circle Of The Tyrants", alors que je m'étais mis en tête, je ne sais pas pourquoi, qu'ils devaient sûrement jouer des titres plus récents de Celtic Frost type "Monotheist" pour garder de la cohérence. Et pas du tout, mais ça n'enlève rien au charme du concert qui rebondit ensuite sur des titres de "Melana Chasmata" évidemment, mais aussi les deux plus longs titres du premier album. Pour 55 minutes de set, on a à la fois l'impression d'un bloc imposant et éternel qui ne semble jamais se terminer, et que le temps proposé est incroyablement court pour ce que Triptykon a dans le ventre et a à offrir.
Ihsahn
Sanctuary Stage
21:35 > 22:35
Sleap : Sérieusement, 'y a vraiment des gens qui sont allé voir Ihsahn ? ... Ah c'est vrai... (promis j'arrête)
DM : Bon. J'avais jamais écouté un seul morceau studio du projet solo du leader d'Emperor. J'ai débarqué en touriste. Je suis ressorti fan. Véritable leçon de musique en général, maestria progressive et mélodique avec les zikos de Leprous si j'ai bien compris, un son cristallin, et des morceaux impressionnants de virtuosité et de composition. J'ai juste été subjugué, par ces guitares, par cette violence débridée se déclarant entre deux accalmies, le tout ressemblant à la version Black Prog des travaux de Devin Townsend. Avec même un long medley expérimental de morceaux d'Emperor en plein milieu de set. J'en ai juste vu de toutes les couleurs, été transporté dans le futur de la musique, et serais là comme ça totalement incapable de citer un seul titre de morceaux vu que j'ai absolument tout découvert là, mais c'est bon, je suis conquis, on laisse tout tomber et on se jette dessus désormais. Wow. Meilleur concert du fest. Pas de concurrence possible. Si en entrant on m'avait dit que moi, le Deatheux beauf de base, mes coups de cœur seraient Ihsahn, Triptykon et Candlemass, je vous aurais sûrement pas cru, mais bon, tant mieux en un sens.
Abbath
Blackwater Stage
22:40 > 00:00
Paul : Première fois que je vois le grand, l'inimitable Abbath sur scène et quelle déception ! Ok, ce frontman et compositeur de légende est là, en chair et en os, au Fall of Summer (!) ; ok, ses acolytes musiciens sont des brutes épaisses (le professionnalisme de son batteur m'a sidéré, malgré son masque à la con digne des membres de Ghost), mais où sont passés le feu et la magie noire de sa musique ? Paradoxalement, le show est tout sauf rôdé : le son est bruitiste au possible (impossible de rentrer dans la musique sans connaître les morceaux), certains morceaux sont joués trop vite (« One By One » est déjà assez rapide comme ça d'habitude...), ou étirés (le riff de « Withstand the Fall of Time » qui tourne en boucle pour qu'Abbath puisse cracher du feu sans conviction vient ruiner la dynamique intense de la composition) ou encore simplement coupés en deux (« Tyrants » stoppée en plein milieu pour qu'Abbath puisse lever les bras et faire crier la foule à répétition en mode egotrip un peu triste). Je plains le technicien qui a dû venir remettre en place ses paroles, manuscrites sur des grandes feuilles posées à ses pieds, à de multiples reprises au cours du concert. Quel artiste professionnel de moins de 70 ans se permet de faire cela aujourd'hui, je vous le demande. Papy Abbath passe tellement de temps à reproduire les clowneries qui l'ont rendu célèbre qu'il en oublie son texte... Pour finir, pas de « Blashyrk » à l'horizon alors que tout le monde attend ce morceau de pied ferme, pas de deuxième rappel alors que tout porte à croire que le dernier concert du festival n'est pas encore terminé (Abbath quitte une seconde et dernière fois la scène dix minutes avant minuit...). Ce soir, Abbath n'est pas à la hauteur de sa réputation et livre une bien piètre performance en tant que headliner. « Abbath » n'est plus qu'un grand nom qui sonne creux, mais certainement pas une formation à part entière qui mériterait de le porter. Bon joueur, j'attends cependant son premier album avec impatience pour mieux juger. Ma grande déception du festival ; comme un joli cadeau de Noël à l'emballage attrayant, mais tout pété à l'intérieur.
Sleap : J'ai beau avoir vu deux fois Abbath avec Bömbers, je n'avais encore jamais eu l'occasion d'assister à un concert d'Immortal. Je me réjouissais donc d'entendre certains de leurs titres ce soir. Mais petit à petit, mon enthousiasme se transforme en inquiétude, puis carrément en dégout. C'est tout simplement le son le plus abominable qu'on ait pu avoir sur cette Blackwater Stage. Déjà que la qualité sonore des nombreux autres concerts sur cette scène était assez discutable, on assiste là au bouquet final. Une véritable bouillie sonore...
En plus de cela, les quelques titres d'Immortal joués ce soir sont tous issus de la période post-1995 (donc aucun de Pure Holocaust). Le final sur Withstand The Fall Of Time est finalement le seul moment du show que j'apprécie (et encore, je tends l'oreille). C'est bien beau de voir Abbath en mode panda avec son jeu de scène atypique et ses gimmicks cultes, mais on est censés assister avant tout à une prestation musicale ! Et histoire de fignoler le tableau, le groupe quitte la scène 15 bonnes minutes avant la fin. Cette « tête d'affiche » aura été un bien beau foutage de gueule. Et ce n'est pas tellement l'idéal pour terminer un fest de cette qualité... Quelle déception !
Dolorès : Je trouve les avis que j'ai pu entendre assez exigeants envers Abbath. Entre les plaintes sur le simple fait qu'un projet solo existe, le son soit-disant affreux, et les reproches parfois trop sérieux... Personnellement je ne m'attendais à rien d'extraordinaire et c'est sûrement ce qui m'a permis de ne pas en ressortir déçue. Déjà, je n'ai pas trouvé le son si horrible, aucun souci pour reconnaître les titres et les apprécier en ce qui me concerne. Ensuite, on savait déjà tous qu'il allait jouer du I et du Immortal à grands coups de conneries dites et de gestes, en faisant primer son jeu de scène sur sa performance, comme d'habitude finalement. Il se relâche, on passe un bon moment en profitant des attendus "Warriors" et "Battalions", ou "All Shall Fall" et "One By One". J'aurais aimé du "At The Heart Of Winter" ou "Damned In Black", ou tel ou tel autre titre mais cela n'a aucune importance, car je savais bien qu'Abbath a choisi de n'en faire qu'à sa tête, s'amuser... A mon avis, il a juste découvert qu'il y avait de nombreux avantages à arrêter de se prendre au sérieux en concert, et que juste fouler la scène pour soi-même et prendre son pied, c'était pas si mal. Après une carrière comme la sienne, ça ne me gêne pas, et je profite du côté nostalgique de ce concert. A voir comment son projet solo évolue !
On quitte le site du Fall Of Summer définitivement pour cette année, et sur un headliner qui ouvre les polémiques dans toutes les bouches. Second after pour certains, dodo pour d'autres, il est sûr que cette seconde édition aura encore été pleine de bonnes surprises, de shows rares et une bonne expérience pour tous. Un petit pas de plus pour ce festival qui s'ancre petit à petit dans une zone pas si aisée à conquérir, la région parisienne. Rendez-vous l'an prochain sur le même weekend !
Live Report - Fall of Summer Jour 1
Merci à P.C. pour les photos additionnelles du festival.