Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
C'est sous le soleil de Los Angeles que Behold! The Monolith a vu le jour en 2007, et c'est toujours sous ce même soleil que leur troisième album, Architects Of The Void, voit le jour cette année. Et comme pour leur précédent effort, on a affaire à du doom, mais du très particulier, un doom sur lequel vient se greffer une palanquée d'autres étiquettes.
Si Umbral Vale, l'intro de ce troisième skeud, ne laisse pas de doute quant à la lourdeur dépressive du propos avec ses guitares massives, son chant guttural et son atmosphère étouffante, le reste de l'album crée une certaine difficulté à 1) classer le groupe sans hésitation, 2) digérer cette diversité qui caractérise le groupe. Ceux qui avaient déjà découvert et apprécié le groupe avec les albums précédents seront déjà préparés à ce que Architects Of The Void a dans le ventre, mais les autres, seront immanquablement surpris voire déstabilisés par le parti-pris de Behold! The Monolith. Si la grosse première moitié de Philosopher's Blade reste dans un registre doom/stoner avec un chant plutôt rugueux, le fin du morceau laisse déjà un gros doute sur la personnalité du combo. Une accélération nous fait passer d'un stoner déjà plutôt intense à un tempo thrashisant. Et si bizarre que cela puisse paraître sur le papier, la chose fonctionne plutôt bien, même si la surprise est de taille, c'est amené de manière assez subtile et ça reste cohérent.
Et des exubérances inattendues dans le même genre, on en aura beaucoup, et presque trop même. Pour être clair, la majeure partie de l'album est composée de lourdeur et de gras de bonne facture, un riffing efficace sans être transcendant. Mais d'autres choses émergent régulièrement et là, tout n'est pas hyper convaincant. Between Oder And The Vistula est pour le coup bien trop dichotomique : début sur les chapeaux de roue, puis division du tempo par deux, puis retour à la violence avant refaire la même chose en sens inverse, bref beaucoup d'artifices pour pas grand chose, sans compter cette cavalcade interminable qui débouche sur une fin de morceaux en déconstruction. Bien mieux réussi en revanche, ce passage vaguement hacridien de The Mithridist, avec arpèges clairs aux guitares sur fond de nappes hypnotisantes est parfait avec les entrecoupements plus rageurs et presque sludge qui le ponctuent.
Architects Of The Void reprend donc le même chemin que Defender, Reedemist mais avec plus d'audace et une meilleure production. Le son est moins brouillon que précédemment et les effets de contraste ne sont que plus mis en valeur. Quant à l'audace, elle sert autant qu'elle dessert le groupe, mais c'est là qu'intervient la part purement subjective inhérente à toute chronique : certains seront positivement sensibles à toutes ces variations surprenantes, mais de mon côté, si les premières font leur effet, les suivantes me semblent bien trop téléphonées.
Quoiqu'il en soit, il y a quand même de quoi régaler les fans de lourdeur accablante sur cet album, que ce soient les quatorze minutes de Architects Of The Void en clôture d'album, sombres et menaçantes, ou le reste de kilotonnes de riffs que contient la galette, il y a de quoi faire. Avec son approche très personnelle du doom au sens très large du terme, Behold! The Monolith parvient à creuser petit à petit sa place. Rien de bouleversant, mais des bonnes idées qui méritent qu'on s'y arrête quand même.
Tracklist de Architects Of The Void :
Umbral Vale
Philosopher's Blade
The Mithriditist
Lord of Bones
Black Days Of…
Between Oder and the Vistula
Architects of the Void