U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Lorsque les suédois de Meshuggah sortent un nouvel album, ou dans ce cas un nouvel EP, celui-ci ne déroge pas à la règle… Il n’y a aucune règle ! Ainsi le groupe nous plonge pendant 21 minutes (et deux secondes) dans différents univers tous plus envoûtants et barrés les uns que les autres tout au long d’un seul morceau. Oui, vous avez bien lu, I est composé d’un seul et une unique titre découpé en plusieurs séquences.
L’EP débute avec une ébauche d’intro durant plus d’une minute où les roulements de double pédale couplés avec un riff répétitif nous martèlent les oreilles avant qu’une déflagration sonore digne d’un Devin Townsend des grands jours nous fustige sur place. S’en suit alors un enchaînement de séquences toutes plus complexes et déstructurées les unes que les autres (qui a parlé du passage vers 6 minutes ?). La rythmique est le maître mot de ces 21 minutes, le tout parfaitement orchestré par un Tomas Haake magistral utilisant à profusion sa double pédale, tel un marteau-pillon, alliée à une jeu de cymbales mécanique et prenant. Mais les guitares ne sont pas en reste sur cet opus, Fredrik Thordendal, à la fois bassiste, guitariste et soliste est comme à son habitude un monstre de technicité alternant grâce à son atypique guitare à 8 cordes des soli monstrueux de technicité comme lors du passage à 12 minutes 40 ainsi que des arpèges, riffs syncopés, lourds, agressifs ou plus mélodieux.
Et oui, Meshuggah ne se cantonne pas à jouer dans un registre brutal et chaotique, les suédois savent aussi calmer le jeu comme à partir de la 14 ème minute. En effet, le groupe nous plonge dans un univers froid et glauque rythmé par une batterie lourde mais saccadée ainsi que des riffs lancinants… Le tout dans une ambiance très lente et oppressante, insufflée par l’énormissime basse de Fredrik, digne d’un film d’horreur ou d’un Cult Of Luna un ton plus grave et pesant. Autre exemple, autour de la huitième minute, les accords de guitare ressemblent au bruit du vent passant dans des tubes métalliques.
Jens Kidman, quant à lui, saupoudre cet univers chaotique et torturé de sa voix mono-corde mais si appropriée et complémentaire à ce style.
Cet EP, ou plutôt ce titre, s’achève sur une réverbération durant une trentaine de secondes ajoutant un dernier effet chaotique et infernal à la musique des Suédois.
Meshuggah signe donc son retour sur le devant de la scène de la plus belle des façons… Le groupe est toujours aussi talentueux techniquement qu’artistiquement et leur univers reste toujours aussi froid, torturé et complexe tout au long des vingt et une minutes de cet unique morceau. D’ailleurs, il faut, comme à chaque fois, plusieurs écoutes pour apprécier dans son ensemble ce chef d’oeuvre nordique sous peine de confondre leur musique avec de la bouillie sonore. Cet EP aura donc eu le don de me réconcilier avec les Suédois après un Nothing qui m’avait laissé sur ma faim. Il est cependant regrettable que le groupe ait annoncé que leur prochain opus Catch 33 ne serait pas du tout dans la même optique que cet EP. Dommage… Car tous les meilleurs éléments de Meshuggah y étaient réunis !
1. I